Plan de Brou avec les noms actuels
Emile BAUDIN ancien maire de BROU
Marcel BORDET ancien maire de BROU en présence du Général de GAULLE le 19 juin 1965.
Lucien TRIAUREAU à UNVERRE
Ancienne Caisse d'Epargne, avenue du Général LECLERC
Kiosque de nos jours
Plan de Brou de 1912 avec la Rue Creuse
Acte de location des formes à fumier - 06 décembre 1860
Le nom de cette rue, très courte (quelques dizaines de mètres), provient certainement du nom de l’auberge de la « Tête Noire qui se tenait au N° 1 de cette rue . On trouve déjà trace de la rue en 1786 : « A vendre par Bordier notaire à Brou, de biens divers à l’auberge de la Tête Noire. »
Une image était peinte au dessus de la porte d’entrée représentant une tête d’homme noir portant un turban et fumant une pipe. Placée au dessus de la porte, elle servait d’enseigne à l’auberge. Elle a été détruite lors du ravalement de la facade vers 1990.
Enseigne de l'auberge de la Tête Noire avant sa destruction
Brou est une ancienne ville fortifiée. Flanquée jadis d'un château-fort, qui était construit place de la Nation, elle était entourée de fossés et de ponts-levis. Mais si, d'après l'histoire, le château avait été démoli sous Henry IV, les fossés et les ponts existaient encore au moment de la Révolution.
Ces fossés encerclaient totalement Brou, à l'Est, au Nord, à l'ouest. La rivière complétait ces fossés au sud. A l'est, ils partaient de la rivière, suivaient l'emplacement des rues du mail, de l'Hôtel de Ville et Aristide Briand. Arrivés place de la Nation, ils tournaient à droite, vers le nord, et suivaient le pourtour de la place, à l'endroit actuellement planté d'arbres puis ils gagnaient la rivière qu'ils devaient rejoindre près du lavoir municipal, à côté de l'école. Pour rentrer ou sortir de BROU, il fallait traverser la rivière ou le fossé. Aussi il existait quatre ponts qui primitivement étaient des ponts-levis
Mais à l'époque qui nous intéresse, les ponts-levis avaient été remplacés par des passages établis après le comblement partiel du fossé. Bien entendu, sur la rivière le pont-levis avait été remplacé par un autre pont inamovible.
Sur le fossé, il y avait le pont-Mousson, rue de Châteaudun au bas de la rue du Mail, le Pont-Vallée, rue de Chartres au carrefour rue du Mail rue de l'Hôtel de Ville, et le Pont-Saint-Jean au haut de la rue des Canettes. Sur la rivière, le Pont-Piau rue Émile Baudin.
Les rues qui, à l'extérieur, prolongeaient les ponts se nommaient faubourgs et portaient le même nom que le pont. A l'intérieur de ces fossés, c'était le bourg. Là s'étaient construites de nombreuses maisons et pour permettre au plus grand nombre d'habitants d'y résider tous les emplacements disponibles avaient été utilisés à la construction.
Aussi les rues étaient étroites et les places rares et de faibles dimensions. La place de l'Hôtel de Ville n'existait pas : rue de la Chevallerie, les maisons se continuaient sens interruption depuis la rue de Chartres jusqu'à la rue de l'Égalité.
Du reste, à quoi aurait servi un passage public entre ces deux points, puisque ce passage se serait terminé en impasse sur le fossé. De son côté, la place des Halles était presque entièrement occupée par des constructions. La halle, qui était plus grande que celle que nous connaissons, s'avançait beaucoup plus vers la place du Dauphin. Entre cette halle et l'Hôtel du Plat d'Étain, c'était la place de la Halle ; entre la halle et les maisons prolongeant la rue de la Chevalerie il y avait deux pâtés de maisons : le premier de forme rectangulaire était limité du côté de la Halle par la rue de la Croix-d'Or (du nom d'une auberge) ; du côté oust par la rue de la Halle, et du côté est par la rue du Griffon également du nom d'une auberge. Ces trois rues étaient étroites et peuvent être comparées à la rue Paul Hacault Le quatrième coté de ce pâté de maisons peut être matérialisé par une ligne droite allant de l'angle rue de la Chevalerie et place des Halles à l'angle de la place d'Armes et la place des Halles.
Le deuxième pâté de maisons beaucoup plus modeste, était construit entre le premier et les maisons prolongeant la rue de la Chevalerie. Également au milieu de la place d'Armes étaient érigées deux maisons et enfin la prison se dressait entre la Halle et le magasin angle place des halles rue de la République.
Place des Halles avant 1820
Au moment de la Révolution, l'Avenue du Général de Gaulle n'était pas encore percée. Son emplacement actuel, entre l'église et le rue des Canettes, était occupé par les cours et dépendances des maisons des rues de la Fresnaye et du Château.
On peut constater que les espaces libres étaient rares et pour ainsi dire inexistants.
Seule, la rue de la Bouverie assez longue, donnait au marché aux bestiaux un espace plus important. La place de la Nation offrait cependant un vaste terrain libre ; mais les restes du château et l'existence d'une butte de terre nécessitaient des travaux importants pour en faire une place publique.
Bien entendu, ce terrain appartenait avant la Révolution au Baron de Brou. Ce dernier n'avait pas vu la nécessité d'entreprendre de tels travaux, sens intérêt pour lui. Il préférait louer les terres qui étaient cultivables pour en tirer un profit.
Voici donc comment se présentait la ville de Brou lorsque la première assemblée révolutionnaire, la Constituante, décréta, en 1790, l'organisation communale en France. Les limites territoriales du nouveau-né "Commune de Brou" avaient été déterminées dans le décret même de la Constituante : en effet, le texte prévoyait que ces limites étaient celles de la paroisse ou des paroisses qui existaient sur la commune à créer.
A Brou, il y avait deux paroisses : la paroisse Saint Lubin au nord, et la paroisse de la Madeleine au sud, la rivière séparait le territoire des deux paroisses. Le cas était prévu et les textes disaient bien que dans les cas comme celui qui nous intéresse, on ne ferait qu'une commune dont les limites seraient celles des deux paroisses réunies.
Les limites de Brou restent aujourd'hui encore celles des deux paroisses telles qu'elles existaient avant la Révolution. Une fois créée, la commune devait s'installer. On dut donc louer une maison pour y abriter les services municipaux, autrement dit la mairie, puis louer une autre maison pour y installer la Justice de Paix cantonale en 1791.
De l'organisation antérieure, la commune hérite l'église, le presbytère rue du Château, l'école de garçons rue de Châteaudun (ancienne école maternelle)(1), et la prison à côté de la halle. Le dernier baron de Brou, M. de Baviere-Grosberg émigra en 1791.
La seconde Assemblée révolutionnaire, la Législative, prit à l'encontre des émigrés un décret les enjoignant de rentrer en France (ou sinon ils seraient passibles de la peine de mort) et met leurs biens sous séquestre. .L'État s'empara donc des biens de M. de Bavière et les conserva, car l'ancien baron de Brou resta hors de France. Parmi les nombreux biens que M. de Bavière possédait à Brou ceux qui pouvaient intéresser la ville étaient : la Halle, l'emplacement de l'ancien château et le fossé qui bordait cette place et enfin le reste du fossé entre la place de la Nation et la rue de Châteaudun par la rue de l'Hôtel de Ville et la rue du Mail.
La halle et l'emplacement de l'ancien château furent achetés par la ville, à l'État, en 1810, les fossés, aux héritières du baron, en 1829.
(1)L'ancienne école a été démolie et transformée en parking
Il n'existe dans les archives de la commune ni chez aucun habitant du pays aucune date de la construction de cette halle, et l'on n'a pas trouvé lors de la démolition trace de sa fondation. En raison du défaut d'informations précises antérieures à la Révolution, cette étude ne concerne que les cinquante dernières années de la présence de la halle, c'est-à-dire la période pour laquelle les documents sont suffisamment précis et nombreux, tant aux archives communales que départementales
Maquette de l'ancienne Halle (1/30)
Avant 1789, la halle appartenait au seigneur de Brou qui en percevait les droits. Le dernier de ces seigneurs, Albert Léonard Comte de Bavière-Grosberg, émigra à la Révolution et ses biens furent confisqués et déclarés nationaux en 1792.
C'est alors l'administration des domaines qui mit en adjudication les droits de halle, la commune pouvant, si elle le souhaitait, se déclarer adjudicataire. Le bail du 1er nivôse an 10 (22 décembre 180I ) précise le cahier des charges :
" Cahier des charges, clauses et conditions du bail de la halle de Brou, située en la commune de Brou, confisquée sur le ci-devant Comte de Bavière-Grosberg, émigré. Consistance - La halle, telle qu'elle est, se poursuit, comporte avec la chambre servant autrefois d'audience étant sous icelle.
ARTICLE. 1er.- Les adjudicataires ne pourront faire un lieu d'habitation de la dite chambre et l'entretiendront de réparations locatives et d'usage.
ART. 2. - Ils rempliront les trous des allées de la dite halle, gratteront les dites allées et les tiendront toujours unies.
ART. 3. - Ils ne pourront rétrocéder le droit de bail sans autorisation expresse, à peine de nullité et de tous dépens et dommages et intérêts.
ART. 5. - Ils souffriront les grosses réparations qu'il sera nécessaire de faire faire tant à la halle qu'à la dite chambre, sans pouvoir prétendre aucune indemnités, souffriront aussi pendant quatre décades que les bardeaux servant aux réparations restent déposés dans ladite chambre.
ART. 6. - Ils se conformeront aux lois et règlement de police et sous les peines y portés.
ART. 7. - Le bail sera de trois années consécutives, à commencer du 1er nivôse an dix, et qui le paieront à pareille époque des dites 3 années révolues et accomplies, sans qu'il soit besoins d'avertissement préalable... "
L'adjudication fut emportée par le sieur Canné, vitrier à Brou, pour la somme de 1 750 francs.
Il faut croire que la commune n'était pas intéressée par ce fermage, car elle n'avait mis qu'une seule enchère, celle du départ, à 500 francs.
Lorsque l'Empire fut institué, Napoléon Ier créa en 1800 un sénat de 60 membres à qui il donna le bénéfice des sénatoreries. Chaque sénatorerie était constituée par des biens susceptibles d'être loués et pouvant de ce fait produire des revenus, lesquels constituaient le traitement des sénateurs.
Les bénéfices de la halle de Brou furent attribués à la sénatorerie d'Agen dont le titulaire était le général Jean Fabre Lamartillière. Celui-ci fit bail à loyer pour neuf années consécutives en date du 22 nivôse an 13 (12 janvier 1805) à la commune de Brou des halles et droits en dépendant. Le sénateur garantissait que le marché se tiendrait sous les halles pendant le cours du présent bail comme par le passé. La commune devait faire faire à ses frais les réparations annuelles qui pourraient survenir.
En 1807, l'administration du Sénat fit part à la commune de sa décision de vendre les halles. Par délibération du 9 mai 1807 la commune fut d'avis qu'elle devait se porter acquéreur:
"... le maire a exposé qu'hier s'est adressé à lui un envoyé de l'administration du Sénat qui l'a instruit de sa mission pour faire l'estimation de la halle de cette commune afin d'en venir de suite et très prochainement à la vente. Que cette halle est d'un avantage pour le commerce qui se fait à Brou, tel que sa possession en main étrangère deviendrait non seulement préjudiciable au commerce en général établi à Brou, l'anéantirait presque entièrement et causerait la ruine des habitants de la commune, mais encore serait une source de contestations du propriétaire étranger avec la commune, soit que l'adjudicataire soit tenu de la laisser subsister comme objet d'utilité publique à cause des grosses et majeures réparations à la charge du propriétaire qui sont à y faire ou surviendront; soit en cas d'autorisation, ce qu'on ne suppose pas, pour l'abatir, par les contestations relatives au terrain indispensable à la commune sur lequel la halle n'est placée que sur poteaux et qui n'a jamais été considéré que dans la superficie, comme les administrations du district et du département l'ont décidés après connaissance de cause que la commune pour obvier aux inconvénients et aux difficultés et conserver au commerce établi à Brou toute l'étendue dont il est susceptible par sa position et tout autrement, le conseil se convaincra que sous tous les rapports il est du plus grand intérêt de la commune de se procurer par tous les moyens qui sont en son pouvoir la propriété de la halle, que son devoir doit l'y porter pour l'intérêt de ses administrés, assuré d'ailleurs de la protection du 1er magistrat du département... "
La commune fut autorisée à faire l'acquisition des halles par décret impérial du 3 septembre I808 et elle en devint propriétaire pour la somme de 10 200 francs le 18 novembre 1809 suite à l'estimation faite à 8 000 francs le 12 mai I808 par Charles Henry Chasles, entrepreneur des ponts et chaussées demeurant à Chartres. Pour cette acquisition la commune était représentée par son maire Anne-Pierre Fouchais de la Faucherie. Elle restera propriétaire de la halle jusqu'à sa démolition en 1846.
Un état des lieux établi le 7 frimaire an 13 (28 novembre1804) sur demande du sénateur La Martillière fournit une description de l'édifice.
" Sénatorerie d'Agen
Département d'Eure-et-Loir
Visite des halles de Brou.
Je soussigné Charles-Henry Chasles, expert nommé par M, le Chancelier du Sénat par sa lettre du 15 brumaire dernier à l'effet d'opérer tant pour lui que pour M. Lamartillière sénateur titulaire de la Sénatorerie d'Agen, me suis transporté en la ville de Brou pour faire la visite de la halle de la dite ville, affectée à cette sénatorerie, constater les réparations grosses et usufruitières à faire en ce moment à la dite halle. Où étant arrivé, j'ai procédé à la dite opération, ainsi qu'il suit.
La halle de Brou est construite en charpente. Sa longueur hors oeuvre est de quarante-neuf mètres soixante-dix centimètres, sa largeur de vingt-cinq mètres, le comble est soutenu par soixante poteaux placés sur cinq rangs et formant quatre allées, la surface totale de la couverture est d'environ deux mille quatre cents mètres y compris six lucarnes et les deux croupes : cette couverture est en bardeau, à l'exception du faîtage et des arêtiers qui sont en terre cuite. Sous la halle et à son extrémité vers le levant, il existe un bâtiment de dix mètres quarante centimètres de longueur sur six mètres de largeur. Ce bâtiment servait autrefois d'audience, il sert aujourd'hui de magasin. La charpente de la halle est très ancienne, elle a déjà été plusieurs fois réparée, elle est même étayée en plusieurs endroits. Cependant elle me paraît devoir subsister encore longtemps si on ordonne les faibles réparations que je vais indiquer. Si ensuite, pour prévenir la ruine de cet édifice on a soin de la réparer chaque fois qu'il s'y manifestera des dégradations quelque peu considérables qu'elles soient, et si enfin on entretient constamment la couverture en bon état... "
Nous n'avons pas trouvé dans les archives de plan complet et détaillé ni de gravure du bâtiment. Néanmoins quelques documents et plans partiels ont permis une reconstitution assez fidèle de celui-ci et la réalisation d'une maquette au 1/30ème.
La partie centrale de l'édifice était constituée de trois rangées de huit poteaux, la distance entre poteaux étant de 6,16 m dans le sens de la largeur du bâtiment et de 3,33 m dans le sens de sa longueur. Les poteaux de 9 m de hauteur étaient reliés en tête par des entraits de 12 m lesquels supportaient poinçons et arbalétriers donnant une pente du toit de 45°. Les longs pans du toit se prolongeaient vers le bas et s'appuyaient sur deux rangées de poteaux de rive de 3 m de hauteur. A chaque extrémité du corps principal il y avait deux croupes dont la pente était de 45° et qui s'appuyaient aussi sur des poteaux de rive de 3 m de hauteur. Les croupes et les longs pans se raccordaient par quatre arêtiers. La hauteur du sol au faîtage était de 16 mètres. Les poteaux reposaient sur des blots en pierre. La charpente était en chêne et la couverture en bardeaux de cœur de chêne de 11 pouces par-6 pouces.
Au 19ème siècle la halle n'était pas close de murs ou barrières. les dimensions de 50 m par 25 m sont celles d'un édifice extrêmement important. La hauteur de 16m est exceptionnelle. La présence d'un nombre pair de travées est inhabituelle, la disposition courante étant une nef centrale et deux bas-côtés. Le poteau central a vraisemblablement été placé pour soutenir l'entrait des fermes qui avait une portée importante (12 m). Enfin les poteaux de rive n'étaient pas reliés aux poteaux principaux par des entraits. Ce mode de liaison n'est pas commun et devait entraîner une moins bonne tenue des poteaux de rive. On peut se demander pourquoi un édifice aussi vaste avait été bâti dans la petite ville de Brou. S'il pouvait être justifié par le marché important (mentionné dès le 12~siècle) il devait sans doute être aussi l'œuvre d'un seigneur puissant. Un texte imprimé en 1754 (Nouvelle description de la France par Piganiol de La Force, tome X) apporte quelques indications sur la fondation de la halle, dans la partie consacrée à Brou : "..,un ancien receveur de la baronnie de Brou disait avoir lu dans de vieux titres, que le fondateur de ce château était Guillaume, fils de Guillaume Gouet et d'Élisabeth de Champagne, et qu'à cause de cela il fut appelé Brou le Château Gouet. Il ajoutait que ce même Guillaume avait mis des chanoines dans la chapelle du château. L'abbaye ayant été détruite, et ses biens dissipés, le seigneur de Brou s'empara de la grange qui servait à serrer les grains de l'abbé; et comme elle était située dans un lieu fort commode pour y tenir le marché, qui était trop resserré dans l'ancienne enceinte, et d'ailleurs de trop difficile accès à cause de la boue, il fit construire en la place de la grange des halles qui ont vingt-cinq toises de longueur sur douze de largeur. Brou s'accrut peu à peu, et fut, enfin augmenté d'une rue, qui n'a pas été entièrement achevée par Florimond Robertet qui chérissait beaucoup le séjour de Brou dont il était Seigneur.
" Un autre texte imprimé, plus récent (La Camusière en Unverre par l'abbé Chapron dans "Archives du diocèse de Chartres", XIII. Châteaux, volume 2) fait mention d'un contrat de 1571 dans lequel il est fait allusion aux halles de Brou :
" ...Contrat par Gilles de Chartin (Gilles de Chartrain, selon la lecture de Merlet), seigneur de la Camusière, décharge sa métairie de la Camusière, de douze livres de rente qu'elle devait à l'abbé de Thiron, et donne en échange aux religieux sept livres treize sols quatre deniers de rente sur la maison où pend pour enseigne le Saint-Esprit, sise à Brou devant les halles... "
On peut en conclure que la halle existait en 1571 et que selon la tradition orale elle aurait pu être l'œuvre de Florimond Robertet au début du seizième siècle.
Comme nous l'avons vu précédemment la halle abritait la salle d'audience où était rendue la justice avant la révolution. La prison était d'ailleurs située à cinq mètres de cette salle, juste de l'autre côté de la ruelle. Lors des procès ou saisies, les affiches étaient appliquées aux quatre poteaux de coin de la halle et à la porte de la salle d'audience. Mais la fonction principale de la halle était de fournir un abri couvert pour une partie du marché et notamment du marché aux grains. Un arrêté du maire de Brou du 10 septembre 1837 indique la nature des commerces qui étaient pratiqués sous le bâtiment : " ,,,
ART, 16 La boucherie, les sabots, les grains de toute espèce, les draperies, étoffes, toiles, lingerie, mercerie, rouannerie, friperie, bonneterie et toutes autres marchandises analogues, aux places indiquées sous la halle, Le marché aux toiles, à l'égard des tisserands qui viennent vendre en pièces les toiles provenant de leur industrie occupera précisément l'emplacement du marché à l'avoine, Il ouvrira absolument à la même heure que le marché des veaux dont la clochette sera pour la toile le signal de l'ouverture et son cours sera de deux heures après lesquelles il fera place au marché à l'avoine, En ce qui concerne les grains de toute espèce ils occuperont un emplacement qui sera limité, fixé et déterminé par des bornes. Le froment sera placé au midi et le méteil à la suite vers le nord. Les autres grains et le son seront convenablement disposés aux lieux qu'ils occupent actuellement et depuis longtemps. En tous temps le marché de l'orge, de la mouture et de l'avoine ouvrira à dix heures très précises, celui du blé méteil et du seigle à onze heures aussi très précisément, Enfin celui du froment à midi également précis. Ces marchés aux grains seront ouverts par un roulement du tambour publicateur de la mairie,,, " .On constate que le marché aux toiles ne dure que très peu de temps. Cela s'explique par le fait que si la fabrication d'étamines, à Brou avait été prospère aux 17ème et 18ème siècles, elle était devenue quasi nulle)au début du 19ème siècle. L'accès sous la halle n'était pas autorisé aux animaux, carrioles ou charrettes. Le déchargement, les manutentions, les rechargements des grains étaient confiés à une dizaine de portefaix dont les tâches et les tarifs étaient réglementés par la municipalité.
La lente agonie de l'édifice.
Pour que la halle puisse continuer à abriter le marché le mercredi, il fallait qu'elle soit maintenue en bon état, et cela exigeait de nombreuses et coûteuses réparations, lesquelles néanmoins ne faisaient que ralentir la dégradation progressive de l'édifice :
Et malgré ces réparations la halle continuait à se dégrader si bien qu'en 1842 la commune fit appel à M, Baron, architecte du département, pour évaluer les réparations à faire.
L'architecte conclut le 28 octobre 1842 qu'il serait préférable de démolir la halle : '" La halle de Brou dont la construction remonte à plusieurs siècles est dans état de détérioration et de vétusté qui doit donner de sérieuses inquiétudes à l'administration.
Ce vieux bâtiment construit entièrement en charpente dans des dimensions colossales est couvert en bardeau, les poteaux posent sur des quartiers de pierre informes, présentant plutôt l'aspect de cales posées que de dés en pierre, sont loin d'offrir la solidité nécessaire au soutien d'une masse de charpente aussi énorme. Les bois sont en grande partie roulés ou creux dans l'intérieur et rongés par les eaux salines qu'on dépose continuellement à leurs pieds, ne posent qu'en quelques parties sur les dés mal dressés placés dessous, une grande quantité d'assemblages de cette charpente est rompue, ou est désassemblée. Par l'effet des vents un peu forts tout le système de cette charpente est mis en branle et oscille et des craquements se font entendre en beaucoup d'endroits. Pour aller au devant d'effets désastreux on a placé sur différents points une grande quantité de fortes pièces de bois pour soutenir, supporter et buter cette charpente, qu'on peut considérer comme étant sur étais, enfin la couverture en bardeau est totalement consommée. Dans cet état de choses, il ne peut plus y avoir aucune sécurité pour la commune de vouloir conserver cette construction sans y toucher, soit d'une manière, soit d'une autre, car l'effet d'une tempête peut renverser tout l'édifice.
D'autre part si par malheur un incendie venait à éclater dans cette forêt de bois, sa siccité produirait un feu qu'il ne serait jamais possible de couper ni d'éteindre et la ville que cette halle couvre en quelque sorte de ses flancs serait avec elle la proie des flammes. D'après ce qui vient d'être dit, il ressort que ce bâtiment est ruiné de fond en comble, que sa restauration qui serait une opération fort coûteuse n'aurait pas pour résultat de lui assurer une durée séculaire, que la partie qui resservirait de cette charpente étant déjà avancée, on léguerait à la génération suivante à pourvoir à son remplacement. En conséquence notre avis serait de démolir ce bâtiment qui ne présente aucune sécurité, dont l'espèce de restauration serait très dispendieuse, et qui est d'un effet fort triste à la vue, mais la commune ayant demandé un avis des réparations de la halle, et pour qu'elle soit à même de pouvoir choisir entre sa démolition et la restauration, nous avons dû obtempérer à sa demande et avons donné le devis suivant... ";
Quel contraste entre ces conclusions et celles de M. Chasles en I804 qui déclarait que la charpente de la halle paraissait devoir subsister encore longtemps si on prenait soin de la réparer et d'entretenir la couverture ! Et pourtant des réparations avaient été faites pendant ces quarante années ! Mais la cause sournoise des détériorations n'a-t-elle pas été le manque d'entretien permanent du bardeau, lequel s'il n'est pas remplacé à temps entraîne des fuites et la pourriture des bois placés en dessous. M. Baron préconisait d'ailleurs de recouvrir la halle en ardoise et la croupe ouest l'avait déjà été.
Toujours est-il que le rapport de l'architecte " signera l'arrêt de mort " de l'édifice. En effet il annonçait un devis de réparation de 40 811 francs, alors que le budget de la ville s'élevait à 13 000 francs en 1845.
Le conseil évita d'abord de se prononcer. Mais une pétition, en date du 3 août 1844, qui regroupait les signatures d'une centaine de personnes influentes de la ville, demandait la démolition de la halle. En plus des arguments indiqués dans le rapport Baron, les signataires faisaient valoir que la halle était un refuge de malfaiteurs et qu'elle favorisait le crime (un passant avait été récemment agressé et de nombreux vols avaient été commis dans les maisons aux alentours), qu'elle permettait la vente des mauvaises marchandises parce que le jour n'y pénétrait pas assez...
Le 5 août, le conseil municipal, dans une réunion qui suivit immédiatement celle de l'assemblée des Notables, examina la pétition mais ne prit aucune décision et préféra faire étudier l'affaire en commission. Le 18 août, le rapport de la commission fut examiné : il proposait la suppression de la halle, sans reconstruction, mais il concluait en disant qu'il était souhaitable qu'une enquête soit faite pour que la population donne son avis. Sur cent dix personnes qui se prononcèrent, trente-sept conseillaient la conservation de l'édifice, dix proposaient sa démolition et soixante-trois demandaient la reconstruction d'une halle après démolition de l'existante. Le conseil se réunit à nouveau le 28 septembre. Les résultats de l'enquête ne le satisfaisaient pas car il ne souhaitait pas reconstruire un bâtiment. Il ne prit pas de décision immédiatement et ce n'est que lors de la séance extraordinaire du 14 décembre 1844 qu'il vota par huit voix contre deux la démolition de la halle, mais à la condition d'en reconstruire une autre.
M. Piebourg, architecte à Chartres, fut contacté pour fournir plans et devis de la future halle. Le maire de Brou fit faire le 26 janvier 1845, par M. Neveu, charpentier à Beaumont les autels, l'estimation des matériaux composant la halle, et le 2 février le conseil l'autorisa à la mettre en vente, mais seulement après adoption définitive des plans et devis de la nouvelle halle. Ces plans furent adoptés le 28 février, et le 25 mars 1845 les matériaux de l'ancienne halle furent mis en vente.
M. Armand Flécher, marchand de bois à Dampierre sous brou, fut l'acquéreur pour la somme de 5 800 francs. La démolition eut lieu entre le 29 janvier et le 15 mars 1846, M. Flécher vendit immédiatement des lots de bois à deux marchands de bois de Brou et les pierres à un maçon, aussi de Brou. Les matériaux de l'ancienne halle furent vraisemblablement réemployés dès la même année dans des constructions édifiées à Brou ou dans les environs proches. Mais aucun matériau de récupération de l'ancienne halle ne fut réutilisé dans la construction, commencée le 15 mars 1846, de la halle actuelle.
extraits de l'étude faite par Yves Bernard sur l'ancienne halle de Brou. Société Archéologique d'Eure et loir
Il y a prés de deux siècles, Mardi Gras était dans la région une fête très populaire. Affublé de haillons, tiraillé à hue et à dia, le mannequin qui le personnifiait était conduit, le lendemain mercredi des Cendres, à son propre bûcher.
On accompagnait en masse Mardi Gras à son autodafé. Ce défilé final était à la fois aimé et redouté, aimé pour son spectacle carnavalesque, mais redouté les licences qu’il permettait.
C’est ainsi qu’en 1853, le maire de Brou, le sieur Baudin, géomètre de son état, fut prévenu que certains éléments de la ville entendaient exploiter cette vieille coutume pour manifester leur hostilité à sa personne autant qu’au régime.
On sait combien l’enthousiasme de 1848 était retombé. Chez les républicains, la rancœur était grande. La politique impériale, par ses tracasseries et ses mouchards étouffait toute liberté et c’est vers les magistrats locaux que l’opposition dirigea ses premières flèches.
Le maire de Brou compris vite l’intention de ses adversaires politiques, il avisa sur le champ le commissaire de police. Ce dernier, en quelques minutes, fit mettre bas les masques, releva les noms des travestis exigea que Mardi Gras fut dépouillé de tout emblème équivoque. On acquiesça sans difficulté et le commissaire, pour une fois bon enfant, conclut assez prématurément que cet incident était réglé.
De fait, vers les cinq heures du soir, le Maire en soulevant les rideaux de sa fenêtre, vit apparaître le fameux cortège. Ce diable de Mardi Gras émergeait bien de la foule, comme il se doit. Il sautait , s’affaissait, se redressait, gesticulait, tournait, disparaissait, puis revenait tout agité de mouvements frénétiques. Toute la foule, à plein gosier faisait chorus :
Mardi Gras t’en va pas t’en va pas
J’ferons des crêpes et t’en auras …
Jusque là rien à dire. Devant lui, l’ordonnateur de la cérémonie ouvrait gravement la marche, mais pourquoi portait-il aussi ostensiblement une pile du « journal de Chartres », l’organe bien pensant du département ? Une garde d’honneur escortait le mannequin : d’un côté des drapeaux tricolores flottaient allègrement, de l’autre un solide gaillard à mine patibulaire brandissait un grand drapeau blanc car il est vrai que ce vieil emblème de la monarchie, tantôt secouer comme un prunier, tantôt tenu haut et ferme, dominait également la situation..
A cette vue, le maire fronça les sourcils et brutalement , devant sa fenêtre, il eut tout à coup vent de son malheur. Mardi Gras était ceint de l’écharpe municipale et sur sa poitrine, enfer et damnation, des jalons d’arpenteur, solidement accrochés, brinqueballaient et cliquetaient comme les sonnailles d’une vieille mule.
Devant cet affront le maire blêmit et son sang ne fit qu’un tour. Il bondit sur le garde champêtre qui boucla son ceinturon et sa caisse sur le dos courut dare-dare place de la République.
« Par ordre de M le Maire, il est fait assavoir que tout rassemblement est interdit »
Mais un concert de vociférations couvrit sa voix. De toutes parts, les cris fusaient :
« A bas les blancs ! A bas la réaction ! Les aristocrates à la lanterne ! »
Puis spontanément des groupes se formèrent, partirent bras-dessus bras-dessous. Ah ! Si on s’était contenté de scander : mardi Gras t’en va pas ! T’en va pas ! j’ferons des crêpes et t’en auras.
Car toute cette foule défila dans les rues, faisant alterner les invectives les plus séditieuses avec le noble chant de la Marseillaise. Devant l’effervescence , le maire s’en fut requérir la gendarmerie.
-Brigadier, l’émeute est à nos portes, l’autorité est bafouée. Je vous ordonne : primo de disperser tout attroupement, secondo que mon effigie ne soit brûlée…
-Mais c’est Mardi Gras qu’on va brûler rétorqua le gendarme.
A ces mots, le maire se mordit les lèvres et le rouge de la honte lui monta au front. Péremptoire, il articula avec force :
-Aujourd’hui, Mardi Gras c’est moi. Il porte l’écharpe municipale d’abord, ensuite on l’ a affublé de jalons de géomètre. Ma personnalité est donc bien visée. Aujourd’hui, Mardi Gras c’est bien moi et ce scandale, brigadier, je ne le tolèrerai pas .
-A vos ordres, opina le commissaire de la gendarmerie gravement. Quiconque ridiculise le pouvoir régulier sape l’autorité de l’Etat Subséquemment, la force publique exigera l’obéissance aux lois. La gendarmerie, Monsieur le Maire, fera toujours l’ordre et la propriété. Sur le champ, le maire, le commissaire et les gendarmes se dirigèrent sur la place. Courageusement, le maire fendit la foule, atteignit les perturbateurs et le pantin qui tout disloqué, continuait à gesticuler.
« Citoyens, cria t-il, tout rassemblement est interdit. Je vous rappelle les sanctions prévues par la loi. Mardi Gras est un fait. Soit. Mais aujourd’hui, Mardi Gras est le prétexte d’une manifestation politique qui tombe sous le domaine de la justice. Mardi Gras est une insulte à ma propre charge. Aucun maire ne saurait tolérer une telle sédition. Enfoncez vous cette idée dans la tête, citoyens de Brou, et dispersez vous ».
Il n’alla pas plus loin. Une clameur couvrit sa voix. On entendit hurler « A bas le maire ! A bas le maire !.
Le premier magistrat de Brou fit un signe à la maréchaussée de procéder aux sommations légales, mais le brigadier se pencha à l’oreille du maire :
« Les sommations doivent être annoncées à son de caisse, Monsieur le Maire. C’est le règlement. »
Satané règlement.
On chercha le tambour de ville. Le brave homme , son annonce faite, avait prudemment quitté les lieux. Décidément , il n’était jamais là quand on avait besoin de lui. Était-il retourné en sa maison voir si sa femme commençait à réchauffer les roussettes ou s’était-il attardé dans un bouchon pour y reprendre des forces ? On vola à sa poursuite.
Pendant ce temps, les manifestants avaient mis le feu, hélas ! à ce sacripant de Mardi gras. A la grande joie populaire les flammes voltigeaient déjà. Enfin, à grandes enjambées, le garde apparu tout essoufflé. Un roulement se fit entendre et l’on procéda aux trois sommations réglementaires.
A la dernière le public s‘était évanoui. Sait on jamais ?
Mais quelques récalcitrants têtus comme des ânes étaient restés. Un certain Jousse, sous prétexte d’éteindre le feu l’attisait et naïvement, en poussait les tisons jusqu’aux pieds du maire. Alors le sieur Brière prit sa voix de fausset et s’écria, au milieu des rires :
« Allons nous en mes bons amis….. L’autorité a fait son devoir, il nous reste à bien faire le nôtre en laissant agir ces braves gens ».
Ah ! si tout s’était terminé ainsi, mais la maréchaussée, rentrant dans ses cantonnements , fut accueillie par une grêle de pierres. Elle en conçut un légitime ressentiment. S’imagine t’on que le maire, de son côté, puisse avaler une telle couleuvre ?
Le lendemain, le sous-préfet, M Tourangin, suivi du procureur impérial, M Bourgeois, fit son entrée à Brou. Un détachement de cavalerie l’escortait. Un tel détachement de force ne pouvait qu’inciter les énergumènes à la réflexion.
L’enquête fut promptement menée. Elle aboutit à l’arrestation d’un ancien huissier, devenu aubergiste, le sieur Brière, d’un nommé Barbier, d’un certain Languet, imprimeur parisien, du sieur Brager, ex facteur rural et, bien entendu du sieur Jousse.
Comme dans tous les régimes autoritaires, on chercha la juridiction capable de servir le mieux le pouvoir.
Le choix se porta sur le tribunal de Châteaudun. Par le canal de Maître Morin, leut défenseur, les prévenus en déclinèrent la compétence. Statuant en premier ressort, les juges de Châteaudun les déboutèrent de cette instance préalable.
Les inculpés en appelèrent alors au tribunal de Chartres qui, lui, déclara les faits justiciables de la cour d’assises. Demande en règlement de juges. Arrêt de la cour de cassation renvoyant l’affaire devant la Chambre des mises en accusation de la Cour d’appel de Paris. Arrêt de cette Chambre ne retenant que le délit contre les attroupements prévu par la loi du 7 juin 1848 et renvoyant en définitive contrevenants et plaignants devant la Cour d’ assises de Chartres.
L’affaire vint à l’audience du 6 août 1853. Les accusés ne nièrent point le délit. Il était patent. Ils ergotèrent sur ses intentions politiques. Il s affirmèrent avec énergie que Mardi Gras, revêtu d’oripeaux démodés, avait toujours été brûlé en grande pompe. Bien sûr, il y avait cette malencontreuse écharpe et ces fameux jalons d’arpenteur mais fallait-il imputer à crime une parodie sans doute stupide, mais au fond bien anodine.
Le défilé des témoins à décharge fut plus long, tous alléguèrent la vieille tradition du Mardi Gras. La foule avait toujours applaudit à son bûcher , jamais la mascarade du mercredi des Cendres n’avait présenté un caractère séditieux et il fallait avoir l’esprit vraiment mal tourné pour y découvrir on ne sait quelle perversion insidieuse et perfide.
Le maire se montra plein de finesse et de philosophie. Sa déposition conçue en termes modérés fut généreuse et digne. Seul le substitut fut virulent :
« Oui ou non, déclara t’il en substance, faut-il un maire pour administrer une commune ?Oui ou non, conclut-il en s’adressant au jury, si le glaive de la justice ne soutient pas ceux qui la représentent, qui donc demain se flattera de maintenir l’ordre public, qui donc osera désormais assumer la protection de nos personnes, qui donc, à la vérité s’avisera d’assurer la défense de la propriété ? »
Le défenseur, Maître Morin, fut moins loquace, mais infiniment plus direct, il ramena sans peine l’affaire à ses véritables dimensions. Il sollicita l’acquittement pur et simple.
Une courte délibération du jury lui donna raison, aucune condamnation ne fut prononcée.
Le maire ainsi désavoué, en apprenant le jugement qui donnait raison à ses adversaires, eut la force d’âme de déclarer : « que l’apaisement était la plus sage des politiques et qu’après tout, la concorde valait bien quelques blessures d’amour propre ».
Extrait de :: "Quand Mardi Gras se lance dans la politique" .Maurice Houdin. République du Centre du 13 février 1964
En 1509, Florimond Robertet reçoit la baronnie de Brou devenant ainsi seigneur de Brou
Successivement secrétaire des rois Charles VIII, Louis XII et trésorier de François 1er, Florimond Robertet semble être le baron qui démarre de grands travaux à Brou. Est-ce une légende? Mais si on en croit la tradition, la mémoire orale ainsi que certains historiens, on lui devrait la création de rues dont celle de la rue des Changes, la construction de la maison de bois, l'ancienne halle(1), la restauration et l'agrandissement de l'église qu'il ne put terminer, décédé avant. On ne trouve à ce jour aucune trace tangible de son passage à Brou, se contentait-il d'encaisser les rentes? Il faut dire que le château de Brou n'avait rien d'attrayant pour ce baron qui avait fait construire l'hôtel d'Alluye à Blois et le château de Bury.
En 1504, il épouse Michelle Gaillard. De cette union naissent cinq enfants dont deux fils. Claude qui deviendra seigneur d'Alluye et François.
Florimond Robertet décède en 1527.
Florimond ROBERTET
Après la mort de son père, François Robertet devient baron de Brou. Filleul de François Ier, il succède à son père dans les charges de secrétaire du roi et bailli du palais. De son mariage avec Jacqueline Hurault naissent deux enfants : Françoise et Florimond. Ce dernier décède sans descendance.
Sa fille Françoise épouse Tristan de Rostaing amenant la baronnie de Brou en dot.
La famille de Rostaing est originaire d'Allemagne et possède encore au XVII siècle le marquisat de Rostaing, prés de Frankfort. Pour certains, la branche française remonte à Ramon de Rostaing qui aurait abandonné la maison familiale pour suivre Charlemagne. Pour d'autres, à Raoul de Rostaing qui servit le roi Charles IV le Bel
La famille se serait installée en Guyenne pendant deux siècles environ avant de s'installer en Forez. C'est à partir de leur implantation dans cette région que l'on peut suivre, avec une quasi certitude, leur filiation.
Le premier à s'illustrer vraiment est Tristan de Rostaing.
Né à Sury sur Comtal, le 15 janvier 1513, il est le quatrième fils de Jean de Rostaing et de Jeanne de Castre. Opportuniste (?), il cherche à gagner la faveur des grands. Il devient Page du duc de Montmorency, connétable de France, puis est attaché à la personne de Charles, duc d'Orléans, troisième fils de François 1er. Il l'accompagne dans la campagne du Luxembourg et devient son maître de garde-robe. Plus tard il obtient la lieutenance du Roi en Bourbonnais, en Haute et Basse-Marche.
Son protecteur, le duc d'Orléans, lui fait épouser une riche héritière, Françoise Robertet. Par ce mariage Tristan de Rostaing devient baron de Brou.
Jeton Tristan de Rostaing et Françoise Robertet
De cette union naissent trois filles et un fils, Charles Rostaing.
Charles naît le 22 septembre 1573. Son père est au faîte des honneurs et son parrain est le roi de France Charles IX. Il commence par accompagner son père pendant les guerres civiles. Il assiste aux sièges de Melun et de Paris.
Collier de l'ordre du St Esprit et armes de Tristan de Rostaing
Tristan de Rostaing (1513-1591) Baron de Brou et de La Guerche, Seigneur de Vaux-le-Pénil, de Thieux et de Noisy-le-Sec Grand Maître des Eaux et Forêts de France Chevalier du Saint-Esprit (reçu le 31 décembre 1582)
« Haut et puissant seigneur mesre, Tristan, marquis de Rostaing nay en 1513. Seigneur de Surieux le Contal en Forest de Villemomble et Noisy le Sec proche Paris Baron de Brou au Perche Seignr de la Gierche au Maine de Thieux près Damartin de Vaux à Pénil, et de St Liesne lez Melun, lequel au sortir de Page Du Connestable Anne Duc de Montmorency fut Maistre de la Garderobbe de Charles Duc d'Orléans, troisieme fils du Roy Francois I du temps que Messi. Jean de Partenay Seignr de Soubise étoit son Gouverner le quel s'étant retiré le dit sieur de Rostaing fut premier Gentil-homme de la Chambre de ce jeune Prince, et depuis sa mort fut premier Gentil-homme de la chambre des Rois Henry II, Francois II et Charles IX. Gouvernr de la haute et basse marche du pays d'Angoumois, et de celuy de la province de Brie, Gouvernr particulier de la ville et Chasteau de Melun, et de Fontainebleau seul grand Maistre des Eaues et Forests de France Il avoit esté des l'année 1548 fait Chevalier de l'Ordre St Michel, par le dit Roy Henry II, qui étoit le seul Ordre que le Roy les Princes et Seigñ. portoient põ lors en France, et incontinent après la bataille de Dreux, donnée en 1562 il fut gratifié par le Roy Charles 9 de la compagnie des gens-darmes du Seignr de Guiry, de la maison de Saladin d'Anglure qui y fut tué ou led. Seignr de Rostaing seruit si courageusemt aupres de Mons. Le Duc de Guise, que l'on disoit qu'il avoit esté cause en partie de la victoire, fut fait ensuite grand Maresch. d'honneur de la Reine Cathe. de Medicis sa mere, et fut honoré d'un Breuet de Mareschal de France par led. Roy põ marque d' hoñeur d'avoir soustenu põ le service de sa Maté 2 sieges dans la Ville de Melun es années 1858 et 1859 dont il ne pût faire le serment attendu la mort se sa Maté arrivée à St Cloud. Il est decédé en 1591. Son corps gist dañ l'Egl. De StPier. De Vaux à Penil proche le dit Melun. (A Paris chez L Boissevin »
En 1591 Tristan de Rostaing décède, Charles de Rostaing devient baron de Brou .
En 1592, ce dernier conduit lui-même sa compagnie à différents sièges. En 1616, il est nommé député de la noblesse. Charles de Bourbon, comte de Soissons le nomme chef de son conseil. Le 7 janvier 1612, Charles de Rostaing épouse Anne Hurault, fille de Philippe Hurault et de Anne de Thou. Anne est par ailleurs sa cousine car c'est une nièce de Jacqueline Hurault, grand-mère de Charles de Rostaing.
Charles de Rostaing - Anne Hurault
Seigneur très riche, il rachète le château de Bury construit par Florimond Robertet, son arrière grand père, puis celui de Onzain qu'il rattache au comté de Bury pour créer le comté de Rostaing. Il semble que Brou l'intéresse peu. Cependant vers 1646-1648, il est parrain d'une cloche de l'église de Brou qu'il baptise Charlotte (cette cloche, comme les autres, a été détruite lors de l'incendie du clocher de l'église en 1813). Le seul souvenir tangible que Brou a de lui est une épitaphe gravée sur une plaque de marbre placée à l'origine dans la chapelle de l'hospice et toujours visible dans la grande salle de l'office de tourisme.
Plaque posée dans La Chapelle Saint Marc à Brou - dimensions 385 x 480 mm
" Haut et puissant seigneur messire Charles marquis et comte de Rostaing, âgé de 82 ans, baron de Brou et comte de Bury en Blaisois, qu'il fit nommer Rostaing en 1642; a fait poser la présente inscription en cette chapelle de l'hôtel dieu de sa ville du dit Brou l'an 1655; à l'honneur et mémoire perpétuelle de messire Tristan marquis de Rostaing chevalier des deux ordres du roi, décédé le 7 mars 1591, et de madame Françoise Robertet, dame du dit Brou, décédée le 10 novembre 1580; ses père et mère, inhumés en leur église de Vaux à Pénil près Melun, et qui épousa en 1612 madame Anne Hurault, décédée en 1635 et inhumée au dit Vaux, fille de messire Philippe Hurault, comte de Cheverny, chancelier de France, et de madame Anne de Thou, et qui était veuve de messire Gilbert de la Tremoille, marquis de Royan. Lequel dit Charles marquis et comte de Rostaing fit bâtir en 1600 le couvent des Recollets de St Liesne proche de son château du dit Vaux, en l'église duquel Vaux il fonda dès l'année 1601 deux services par chacun an aux intentions de ses dits père et mère : fonda en 1647 quatre messes la semaine aux Carmes du dit Melun qui les doivent dire au dit Vaux, fonda en 1644 du revenu pour un chapelain qui doit tous les jours célébrer la messe dans la chapelle de son dit château de Bury Rostaing, que messire Florimond Robertet son bisaïeul maternel, fit bâtir, fonda en 1646 du revenu pour l'entretien d'un vicaire perpétuel dans son église de Tieux où est son coeur, fonda en 1650 deux services l'année dans cette chapelle de l'hôtel dieu du dit Brou, que l'on dira les jours des décès de ses père et mère, fonda en 1645 une messe tous les jours dans sa chapelle des Feuillans de Paris, où il a établi sa sépulture, fit embellir en l'année 1647 sa chapelle des St Germain l'Auxerrois où sont ses entrailles et fit aussi embellir en 1654 la chapelle de St Martin des Célestins, joignant leur grand autel et proche la chapelle d'Orleans; le tout à perpétuité, et pour faire prier Dieu pour lui et pour tous ses parents trépassés. "
De son mariage naissent plusieurs enfants dont Marie Renée, le 16 janvier 1616.
En 1642, elle se marie avec Henry de Beaumanoir, marquis de Lavardin, maréchal de France, en apportant dans sa dot la baronnie de Brou. De ce mariage naissent 3 enfants dont une fille : Marie Louise Henriette. Elle épouse Jacques Louis de Béringhen qui récupère le titre de baron de Brou venant de la dot de sa femme. Jacques Louis de Béringhen est maréchal des camps et armées du roi, premier écuyer de sa Majesté Louis XIV et gouverneur de la ville de Marseille.
Le couple est-il venu à Brou ? On est en droit d'en douter lorsque l'on lit les actes de baptême suivants, l'un d'une cloche de l'église de Brou en 1713, l'autre d'une fille d'un notable de Brou en 1729.
" Aujourd'hui quatorzième jour du mois de décembre mil sept cent treize, Dupré curé de brou soussigné ay fait la bénédiction de la quatrième cloche de cette paroisse qui a esté nommée louise henriette par mr Charles Martin Bailly de cette ville de Brou au nom et faisant pour nos haut et puissant seigneur messire Jacques louis de béringhen brigadier des armées du roy et baron de ce lieu parain de la ditte cloche et par mlle louise gouin femme de mr nicolas corrigoust officier de son altesse madame la duchese dorléans au nom de nos haute et puissante dame louise henriette de beaumanoir lavardin dame baronne de ce lieu maraine de la ditte cloche, la ditte bénédiction a esté faite avec les cérémonies prescrites accoustumées en présence de mr Pierre dubois nostre vicaire mr claude habitué mr louis piau clerc lesquels ont avec le dit parain et maraine signé le présent acte le jour et an que dessus.
⁂
L'an mil sept cent vingt neuf le vingt quatre de février par nous prêtre vicaire de Brou soussigné on esté administrées les cérémonies du bapteme a une fille née du cinq du meme mois et de la meme année du légitime mariage de Monsieur Pierre Collardeau de Nocé Procureur fiscal de la baronnie de Brou et de Mlle Marie Louise Lochon sa femme dument baptisée par loyse demeurant en cette ville a cause du danger de mort ce qui nous a esté bien certifié par son parrain très haut et puissant Monseigneur Adrien Maurice Duc de Noailles pair de France, Grand d"Espagne, chevallier des ordres du Saint Esprit de la Toison d'Or, premier capitaine des gardes du corps du Roy, lieutenant général de ses armées, cy devant commandant en chef celle de Bretagne, Gouverneur et capitaine général du Roussillon, Conflans et Sardaigne, Gouverneur des citadelle et ville de Perpignan, Gouverneur et capitaine des chasses de St Germain en Laye demeurant a Paris en son hotel rue St Honoré paroisse. Sa marraine haute et puissante Dame Madame Marie Louise Henriette de Beaumanoir Lavardin baronne de Brou veuve de Haut et puissant seigneur Messire Jacques Louis marquis de Béringhen premier écuier du Roy Maréchal de ses camps et armées de sa Majesté gouverneur des forts et citadelle de Marseille demeurante a Paris en son hotel rue des Jeux neufs paroisse St Eustache qui ont donné a la fillette le nom de Marie Adrienne et qui ont esté pour cet effet représentés par dame Louise Dechambon Darbouville épouse de haut et puissant seigneur Messire Denis Sevin aide des camps et armées de sa majesté chevallier seigneur de Dampierre, la Cochardiere, La Perrine de Lancé et autres lieux étant de présente en son chateau de la cochardiere paroisse de Dampierre et Haut et puissant seigneur Louis François De la Fouchaye seigneur de la Faucherie demeurant au Tartre paroisse de Luigny leurs procureurs généraux et spéciaux constitués par une procuration passée par devant les conseillers du Dit Roy notaires au Chatelet de Paris le dix huitieme de février de l'an mil sept cent vingt neuf et signée Le Duc de Noailles,Marie Louise Henriette Beaumanoir Laverdin Beringhen Donné Duvant et scellée le sus dit jour et an et présentée par la sus ditte dame Sevin. Les dits susdits ont signé avec nous.
Louise Chambon Sevin
Louis Francois Defouchais"
C'est avec ces derniers baron et baronne que cesse la lignée des descendantes de Florimond Robertet, seigneurs de Brou. Marie Louise Henriette de Beaumanoir devenue veuve en 1723 vend la baronnie de Brou aux Dames de Courselle Deville en 1744.
(1) - Mais on trouve mention d'une halle à Brou sur un parchemin bien antérieur à sa possession de la baronnie de Brou.
Sources :
BMS de la paroisse St Lubin de Brou
Les barons de Brou de la maison de Rostaing par H de Castel - Société Dunoise d'Archéologie
Notice historique sur la ville et baronnie de Brou par P Chantegrain - Société Archéologique d'Eure et Loir
Archives communales de Brou
http://www.heraldique-europeenne.org/
Collections privées
St-Romain, patron du Prieuré, naquit à Rome. Un certain nombre de martyrs exécutés à Rome, ont pris le nom de Romain quand leur véritable nom n'a pas été connu, St-Romain de Brou est-il du nombre de ces derniers ?
A une époque inconnue mais fort ancienne cependant il était du monde de ceux qui assistèrent au supplice de St Laurent, touché de la constance de ce Saint, il fût converti et baptisé quelque temps après.
IL fit profession publique de la religion catholique et souffrit lui-même le martyr avec plusieurs de ses compagnons. Maintenant comment se fait-il que le chef de ce saint se trouve aujourd'hui à Brou et par quel hasard fut-il apporté de Rome ?
Ruines église de la Madeleine et du prieuré Saint-Romain.
Une charte tirée de l'Aganon Vétis ( manuscrit écrit par Paul, moine vers l'an 1050 ), traduite par le notaire apostolique de St-Père et envoyée à Brou en 1620, à la demande du prieur de Brou, nous éclairera à ce sujet . La copie est précédée de la délibération suivante qui ne manque pas d'intérêt.
" À tous ceux que ces présentes lettres verront, les religieux prieurs de l'abbaye de St-Père en vallée de Chartres, ordre de St-Benoît, Salut ! Scavoir faisons que capitulairement et légitimement assemblé, il nous a esté présente une supplique par Nicolas Langlois, Chevallier, seigneur de la Regarderie, comme fondé de pouvoirs et procuration de vénérable père en Dieu, François de Montmorency, Abbé de Moleame et prieur commanditaire du Prieuré de St-Romain-de-Brou, diocèse de Chartres et de la dépendance de notre abbaye. Par. lequel il nous exhorte à vouloir bien communiquer et souffir que l'on cherche dans les titres, papiers et documents de notre Abbaye s'il n'y est point parlé du chef de st-Romain et de son bienheureux compagnon St-Laurent qui a été autrefois dans la chapelle de ce prieuré, sur l'autel de laquelle il est exposé à la vénération des fidèles et que les habitants de ce lieu ont toujours assuré être le véritable chef de St-Romain, afin que cela bien certifié, les chrétiens puissent avec foy honorer cette sainte relique et mieux en faire la feste ".
Ruines église de la Madeleine et du prieuré Saint-Romain.
Nous, religieux, prieur du couvent ci-dessus, nous conformant aux pieuses instances de ce St-Abbé et désirant comme lui, manifester la gloire de Dieu, dans ses saints, cherchant et parcourant les titres du Trésor de ceste abbaye, nous y avons trouvé certain livre communément dit "Aganon", nom propre, composé de 96 feuillets de velain, entre lesquels se voient plusieurs estampes représentant le sacrifice d'Abraham ; lequel contient les actes des fondations, et dons faicts à cette abbaye et à toutes les Églises en dépendantes, livre recommandable par sa grande antiquité, ainsi qu'en faict le caractère très ancien couvert de lames d'argent, orné de pierreries précieuses du 3ème ou 4 ème feuillet, duquel nous avons extrait et fidèlement fait transcrire la description faicte par le moine Paul, de la manière dont le chef de st-Romain a esté apporté de Rome en ce lieu par un certain pèlerin, Breton de nation :
" Je ne dois pas passer sous silence (c'est le moine Paul qui parle ), la manière dont le Chef du bienheureux martir St-Romain a esté apporté de Rome dans ce prieuré qui en a pris le nom; enfin, comment après estre tombé dans l'oubliance assez longue espace de temps, il a été retrouvé et exposé à la vénération des peuples. "
Ruines église de la Madeleine et du prieuré Saint-Romain.
Comme dans ces derniers temps Labadinus (Landry) étant alors abbé de ceste abbaye sitôt qu'on eut commencé à rétablir les bâtiments de ce lieu qui tombaient en ruines, le peuple y revint prier avec plus de fréquence. Les moines qui habitaient ce Monastère, alors fort restreint et seulement bâti en bois résolurent de le reconstruire en pierres et de lui donner plus d'étendue ; pour cela ils firent creuser la terre pour en sceller les fondements. Mais avant de raconter l'invention du chef de St-Romain (c'est Paul qui parle), il est nécessaire de dire comment et par quelle occasion ce saint, par permission divine, voulut que son corps fut apporté en ce lieu par un Pellerin breton.
Certain riche gentilhomme de la Haute Bretagne, nommé Paulis, touché de la grâce, le cœur pur et autant brillant de la grâce de Dieu, qu'il avait été autrefois attaché et passionné aux biens de ce monde, ardent à les rechercher et souillé de crimes dont il n'avait pas été lavé et purifié par les eaux du baptême, désirant et méditant de sacrifier les mêmes biens à la gloire du très Haut, en les employant à la construction d'un temple où il serait adoré sous l'invocation de quelque martire dont-il pourrait recouvrer les reliques. Pour exécuter ce pieux dessain, sur ce qu'il entendait dire à tous que la ville de Rome possédait par excellence sur toutes les villes du monde, un nombre innombrable de ces saintes Reliques des martires, dépêcha aussitôt et sans aucun retard un de ses plus fidèles domestiques, Morice, homme très chaste et de mœurs simples et religieuses, afin qu'il tachant de quelque manière que ce pust être, de les lui apporter. Ce pieux messager étant arrivé à Rome, y demeura 3 ans sans pouvoir remplir l'effet de son message et du dessein de son maître, et sans oser en découvrir le secret à personne, résolut de m'en retourner sans rien faire i il tomba malade. Son hôte se doutant que son mal ne provenait que d'un chagrin dont-il le voiait affecté, lui demanda la cause qu'iant sceu, il y apporta un prompt remède, en donnant à Morice le sacré chef de St-Romain qu'il avait eu d'un certain Archimandriction. Ce pellerin aiant enveloppé ceste teste sacrée, ornée de ses cheveux, dans un linceul blanc, la mit dans son sac et, après avoir donné et reçu de son hoste le baiser de paix, se hâta de sortir de Rome et de s'en revenir dans son pays. Il fit d'abord son chemin assez heureusement. Mais lorsqu'il fût arrivé à Brou, et qu'il eut passé la rivière d'ôzanne qui arrose la muraille, Dieu permit qu'il tombast derechef malade, qu'il mourut et ainsi qu'il en avait régné, il fût inhumé auprès de l'Église du prieuré, avec le chef qu'il portait, de sorte que ce trésor donné par Dieu à cette province y demeura pendant un très long temps inconnu et caché jusqu'à ce que, comme je l'ai dit plus haut, par permission de la divine providence. Les moines qui occupaient alors le monastère pour le rendre plus célèbre par son accroissement et sa nouvelle construction et satisfaire aux peuples qui y venaient prier et que pour cela contribuèrent charitablement de leurs libéralités, en firent jeter les fondements et trouvèrent ce trésor caché, sans y penser. Voici comment la chose arrivé sitôt que l'on eut commencé à creuser la terre on trouva le corps de Morice et après ce corps le sac dans lequel était le Chef du bienheureux St-Romain. celui qui en fit la découvert n'était pas digne sans doute de toucher une si sainte relique, voulant la lever de terre, se trouve, avant même qu'il l'eust touchée, privé de la lumière du jour et devint aveugle. Ce fait surnaturel et miraculeux aiant attiré quantité de personnes, les religieux qui y vinrent chantant les louanges du seigneur, levèrent le corps et avec luy la saincte relique dont les cheveux qui s'étaient conservés très entiers firent connaistre que c'était celle du Martire St-Romain, et à mesure qu'on la levait, il en exhalait une odeur si douce et si suave qu'il semblait aux assistants qu'elle venait du ciel. Ce faict (ajoute Paul), je ne l'ai pas vu, mais celui qui me l'a raconté, il le tenait de AGOBERT, pour lors archiprêtre et depuis évesque de Chartres qui l'avait vu et y avait assisté. Labadinus ou Landinus dont nous avons parlé, fût le sixième abbé de cette abbaye depuis sa restauration annoncée dans l'Aganon et du temps de Théodore, successeur de Fulbert à Chartres, l'an de grâce l029, reignant alors Henry, premier fils de Robert. Tout ceci est tiré de nos pencartes, en foy de quoy, nous avons en vertu de l'arrêt du Roy, enregistré, en l'une et l'autre cour, donné ces lettres signées : Mre. Banet, notaire apostolique, secrétaire du palais épiscopal et de nostre abbaye.
Donné à Chartres, l'an de grâce 1620, le 29 Mars .
sources : :Paul Chantegrain, Notice historique sur la ville et baronnie de Brou, 1877, Société archéologique
Dimanche 8 juillet 1951 - Inondations dans la région broutaine.
"Dimanche en fin d'après midi, et avec une brutalité que rien ne laissait prévoir, une véritable tornade s'est abattue sur la région de Brou, suivant à peu prés le cours de la rivière l'Ozanne, à l'intérieur d'un secteur délimité approximativement par Luigny, Brou, Chapelle Royale, Authon du Perche, et particulièrement Unverre et ses environs. De très abondantes chutes de pluie transformèrent les vallées en autant de rivières, le niveau de l'eau atteignant par endroits plus d'1m50, causant des dégâts très importants aux récoltes, bâtiments et routes.
À Unverre, dans certaines maisons, le niveau de l'eau dépassait 1m40, de nombreuses volailles ont été emportées par le courant.
À Brou
La ville de brou n'a pas été épargnée et de nombreuses maisons ont été inondées. Les dégâts sont particulièrement graves à la briqueterie de M. Bouvard et à la scierie Kibloff.
Deux Campeurs imprudents, surpris se réfugièrent sur le toit d'une cabine et y passèrent la nuit, en compagnie du maître nageur venu volontairement leur tenir compagnie. Malgré les efforts des pompiers, ils ne purent être libérés avant l'aube, le courant étant trop violent à cet endroit."
extraits de l'Écho Républicain du 9 juillet 1951
Le Bief inondé.
Le bief côté jardins
Rue de la Fontaine
Rue Émile Baudin
Autre vue de la rue Émile Baudin
Autre vue de la rue Émile Baudin
Route de Crochet - Le tas de fumier qui est au milieu de la route a été déplacé par la force du courant dû à l'inondation
Route de Nogent, après le passage à niveau
Les Moulins d'Unverre
Unverre , face à la mairie
La Ville de Brou possédait, depuis le 1 juillet 1889, un bâtiment que l'on appelle "Le Moulin de Brou". Ce bâtiment est situé au bord de la rivière l'Ozanne, au fond de la ruelle du Moulin. La ruelle du Moulin prend rue de Châteaudun à quelques mètres de la place du 4-Septembre. Voici l'histoire (mouvementée) de son achat.
Ancien moulin de Brou
Bien entendu le moulin ne fonctionne plus depuis longtemps la roue et les machines ont été enlevées. Comme tous les moulins, celui de Brou disposait, pour fonctionner, d'un vannage situé tout à côté de lui, mais aussi d'un autre vannage et d'un déversoir situés en amont, sur le bief.
Tant qu'un moulin fonctionne, le meunier est obligé, pour la bonne marche de son exploitation, d'entretenir non seulement son vannage, sa roue et ses machines mais également le déversoir et l'autre vannage, le tout étant du reste sa propriété.Mais si l'exploitation vient à disparaître, le propriétaire ne fait plus aucun frais pour l'entretien d'ouvrages qui ne sont plus d'aucune utilité pour lui
Aussi, assez rapidement, tout s'abîme et la rivière revient à son état naturel, en d'autres termes, les eaux sont, comme on dit, toujours basses.
Légalement rien n'oblige un ancien meunier à entretenir ses ouvrages, il peut toujours remettre le cours de la rivière dans son état naturel.
Bien entendu, s'il est d'intérêt public que ces ouvrages subsistent pour maintenir le plan d'eau à un certain niveau, une commune peut les acheter, soit à l'amiable, soit par vote d'expropriation pour cause d'intérêt public et ensuite les faire manœuvrer et les entretenir à ses frais.
Tannerie
En 1896, il y'avait sur la rivière de nombreux lavoirs ainsi qu'une tannerie qui utilisait la rivière pour faire tremper ses cuirs. Plus que quiconque, M. Baudin, Maire de Brou, mais aussi propriétaire de cette tannerie, avait intérêt que le plan d'eau soit toujours haut.
Or voici que le propriétaire du Moulin Pichot écrit au Maire pour l'informer qu'il allait démolir ses vannes (elles devaient être en mauvais état).
M. Pichot, propriétaire des vannes devait les lever lorsqu'une crue était sur le point de se produire. Cela l'obligeait à une surveillance continuelle, dont il pouvait se dispenser en supprimant le vannage.
M. Baudin, sans en référer à quiconque, alla trouver le propriétaire et lui proposa personnellement d'acheter le moulin, ses dépendances, et ses ouvrages. Le propriétaire accepta et un compromis fut immédiatement signé.
Le 5 juillet 1896, M. Baudin réunit le Conseil et l'informa de ce qu'il avait fait à titre personnel, mais il ajouta qu'il n'avait aucune visée sur le moulin et que si la commune voulait s'en rendre acquéreur, il était tout prêt à ce désister en faveur de la Ville. Après deux jours de réflexion, le Conseil se réunit de nouveau, le 7 juillet, mais donna une réponse négative, le moulin ne pouvait intéresser la commune. Le 28 août 1896, M. Baudin signait à titre personnel, l'acte qui le rendait propriétaire du moulin.
L'année suivante, huit Conseillers municipaux de Brou adressent une pétition au Préfet. Ils se plaignent que M. Baudin a abaissé le niveau de la crête de ses vannes de 15 centimètres : Ils demandent que les vannes soient levées tous les samedis soirs, pour nettoyer la rivière et que cette manœuvre soit confiée à du personnel communal, commandé par la municipalité.
Le Préfet fit étudier l'affaire par les Ponts et Chaussées. Aussi le 28 avril 1898 M. Baudin donna lecture au Conseil de ce que venait de lui transmettre la préfecture :
1°) La pétition des huit Conseillers ;
2°) Le rapport de M. l'ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées qui concluait que le fait de confier à la Municipalité la manœuvre des vannes équivalait, pour le propriétaire à une dépossession, qui ne pouvait avoir lieu sans son consentement express ou après expropriation pour cause d'utilité publique, ce que le Conseil municipal était seul compétent à demander.
Déversoir
Quant à la mise basse des eaux, chaque semaine continuait l'ingénieur, des Ponts, celui ci serait plus nuisible qu'utile, surtout l'été, lorsque le débit de l'Ozanne est faible. Étant donné l'importance du bief, l'eau mettrait longtemps à remonter. Pendant ce temps les riverains seraient privés d'eau et exposés aux émanations pestilentielles provoquées par l'action du soleil sur la vase.
Enfin, M. Baudin lut une longue lettre de lui-même.
En résumé M. Baudin rappelait que si le moulin n'appartenait pas à la commune, c'était bien de la faute du Conseil qui n'avait pas su profiter de son désintéressement 2 ans plus tôt. Puis il attaqua en disant que la pétition est dirigée contre lui : si l'on vide chaque semaine la rivière, il faudra trois où quatre jours pour la remplir.
Cette privation d'eau entraînera le chômage des lavoirs et de la tannerie particulièrement visée dans la pétition. Si je ferme la tannerie, ajoute-t-il, deux jours par semaine qui emploiera ces chômeurs? Est-ce la Ville? ... Des villes plus manufacturières que Brou : Vendôme, Châteaudun, Saint-Calais, Mondoubleau, Nogent le Rotrou, appellent de tous leurs vœux des établissements, nouveaux, dans cet élan industriel, Brou seul proteste.
Après explication de M.Beljambe, l'un des huit pétitionnaires, où il semble que M. Beljambe, désirant atténuer les effets de la pétition, dit qu'il n'était pas question de vider complètement la rivière chaque semaine, mais seulement un peu de la quantité d'eau récupérable pendant la nuit l'ordre du jour fut adopté : le Conseil en restait aux termes de la délibération des 5 et 7 juillet l896, relative à la cession du moulin à la commune par M. Baudin.
Le 13 septembre, le préfet répondit à la commune, cette lettre fut lue au Conseil le 19 septembre ; Président : M.Beljambe : dix présents, neuf absents dont M. Baudin.
"Je ne doute pas, écrivait le préfet, que vous ne soyez pas d'accord avec moi, comme avec vos collègues, pour mettre un terme aux difficultés et aux malentendus dont ne peut que souffrir l'intérêt public".
Plus loin on lisait : "Le Conseil aura à se prononcer : soit sur l'achat du moulin par la commune, amiablement ou par voie d'expropriation, soit la question de salubrité restant seule en cause, pour le renvoi du rapport du service hydraulique au Conseil d'hygiène de, Châteaudun qui me fera telle proposition qui lui paraîtra convenable.
A la lettre du Préfet était en effet joint un rapport du 14 avril 1898 du Service hydraulique, que la Préfecture avait alerté en son temps.
Par 9 voix contre une, l'achat à l'amiable du moulin fut décidé.
Le 27 novembre 1898, M. Hacault était désigné pour étudier avec M. Baudin la cession du moulin (le Maire était absent).
Le 2 janvier l899 (président, M. Beljambe), l'adjoint informe le Conseil que M. Hacault a vu M. Baudin qui accepte verbalement de céder à la commune le moulin pour son prix de revient acquisition : 6.125,15F, frais divers 1.307,65F, total 7.432,60F.
Le Conseil accepte à l'unanimité ces conditions et prie M. Baudin de signer une promesse écrite. Puis une commission est, désignée pour s'occuper de l'achat et de la revente des bâtiments et dépendances. Seuls les ouvrages sur la rivière intéressent la commune, les bâtiments ne lui paraissaient d'aucune utilité.
Le 21 février 1899; les 13 présents (dont M. Baudin) et 5 absents. M. Beljambe (M. Baudin s'étant retiré pour cette affaire) lit une lettre de M. Baudin adressée aux Conseillers où il proteste contre certains bruits qui circulent tendant à faire croire qu'il veut exiger, dans l'acte de vente, des réserves et des clauses tendant à diminuer la valeur du moulin. Vous avez maintes fois déclaré (et c'est votre pensée) conclut M. Baudin, que vous vouliez en rien nuire au travail des ouvriers tanneurs ; Je n'en demande pas d'avantage.
Après cette lecture le Conseil renouvelle son intention d'acheter le moulin au prix de 7.452,80F quant au mode de paiement, le Conseil se réserve de l'indiquer au vendeur après la signature de la promesse de vente.
En fait cette promesse de vente fût signée le 25 février1899. Il était bien stipulé que M. Baudin acceptait d'être payé du prix de la vente dans un délai qu'il laisserait au Conseil le soin de fixer.
La lecture du procès verbal de la séance du 27 avril 1899 donne quelques précisions sur le moulin. Il avait été loué par M. Baudin 300F par an.
Une fois propriétaire, la ville bénéficiait de cette location. Elle bénéficiait également des locations passées et à passer avec les propriétaires de jardin situé de l'autre côté de la rivière pour le passage sur le pont appartenant au moulin. Le pont en question existe toujours. Il faisait, à l'époque, partie du moulin. Ceux qui devaient traverser la rivière l'empruntaient et, pour cela, le meunier leur réclamer une redevance annuelle, qui faisait l'objet d'un acte en bonne et due forme. La commune, comme avant elle M. Baudin, était en droit de continuer à percevoir ces redevances.
Par la suite le Conseil, considérant que l'état des finances communales ne permettait pas de payer M. Baudin avant plusieurs années décida que le prix serait payé sur les ressources ordinaires de la commune dans un délai n'excédant pas 10 ans. L'intérêt à servir serait de 3,5% net d'impôts à partir de la réalisation de la vente.
L'acte fut signé le 1er juillet 1899 et le 5 juillet, le Conseil décida de confier au garde champêtre la manœuvre des vannes. Ce dernier était déjà chargé de celles du moulin de Mouddeau(1).
Le 18 août, le Maire était autorisé à verser à M. Robert, notaire à Brou, la somme de 703,15F pour les débours et honoraires dans la vente du moulin.
Dix ans plus tard, M. Baudin était mort mais la commune n'avait pas encore réglé sa dette. Aussi, Mme veuve Bodin écrivait une lettre lue le 4 juin 1909, par laquelle elle informait la commune qu'elle accordait le délai dont elle aurait besoin pour le remboursement de la créance exigible le 1er juillet 1909.
Le 9 janvier 1911, on peut encore lire que la commune envisage le principe du règlement immédiat de sa dette envers Mme Baudin à l'occasion d'un emprunt que la commune se proposait de souscrire pour l'achat d'un moteur à gaz d'éclairage pour le service des eaux. Malgré cela, on sais quand la commune s'acquitta de sa dette ; elle n'était pas remboursée en 1920.
Détail du moulin
En vertu de la décision du 27 avril 1899, la commune chercha à faire rentrer dans ses caisses les redevances dues pour le passage du pont du moulin. Un titre global de recettes, au montant de 51,25F fut émis contre les propriétaires des jardins empruntant le pont. Mais six d'entre eux adresse une pétition au Maire pour que la commune rende le passage public.
Le 6 avril 1900, le Conseil votait que tant que la commune serait propriétaire du moulin, il y aurait lieu de laisser la libre circulation sur le pont, mais que si la commune était obligée de supprimer cette tolérance, elle établirait, à l'aval, côté abreuvoir, une passerelle permettant l'accès aux jardins. Le Conseil enfin demanda l'annulation pure et simple du titre de recette.
(1) les vannes du moulin de Mouddeau sont les vannes situées à l'ancien abreuvoir (près du carrefour de la rue de Chateaudun et la rue du Pont Mousson)
Nouveau vannage
Source : Histoire des bâtiments Communaux R.Bredier 1960
En 1947, des jeunes de Brou crée une association dont le but est d'organiser des meetings aériens.
Ils décident aussi de construire un avion : le pou du ciel.
Lucien Deneau : Pilote qui vint à Brou pour une des toutes premières fêtes d'aviation, le 26 novembre 1911. il volait sur un "Mono Blériot" dont le poids était de 200kg et pouvait porter une charge utile de 120kg.
Le "Pou-du-Ciel" est un avion conçut par Henry Mignet vers 1934 (aujourd'hui on dirait un ULM). Il en divulgua les plans ce qui permettait à tous bons bricoleurs ayant des des connaissances en mécanique de le construire.
Voici ci-dessous quelques photos de cet avion.
Pou en construction ailes repliées
Présentation lors d'une foire exposition à Brou (1950). On essaie de récupérer un peu d'argent pour le financement.
Bénédiction du pou par le chanoine Jaguin, curé de Brou
Pou en construction
Présentation le jour du baptêmes avec les officiels devant l'avion.
Le moteur et son l'hélice en bois
La marraine Roselyne Godard devant le Pou.
Écho de Brou du 18 décembre 1951
Réginal LEGER, ancien pilote de bombardier pendant la guerre 1939/1945, était chef pilote d'un aéro-club de la région parisienne; Il est venu à Brou à plusieurs reprises dans le cadre de fêtes de l'aviation. Il s'est tué en avion, au décollage par mauvais temps.
Echo de Brou du 18 décembre 1951 relatant l'inauguration.
Le club invite les jeunes à passer leur brevet de pilote.
Article dans l'Echo de Brou du 25 mars 1952 invitant les jeunes à passer leur brevet de pilote.
Série de photos prises lors d'essais sur l'aérodrome de Chartres.
Cliquez sur la photo pour l'agrandir.
Peinture du Pou du ciel.
Ce tableau n'est pas signé, son propriétaire l'attribue à un peintre américain, joseph C Pollet (1897/1979) qui a vécu en France de 1954 à 1961.
Sa technique et ses autres œuvres correspondent assez bien à la technique utilisée pour peindre le Pou.
Avec l'aimable autorisation de son propriétaire.
La Matrassière était le nom d' une ferme qui se tenait à l' emplacement de la place qui porte ce nom. De cette ferme il ne reste plus que le bâtiment en colombage situé à l'angle de la rue de l'Hôtel de Ville et de cette place. Ferme assez importante pour l'époque comme on peut le voir sur le plan ci-dessous et les quelques photos dont la plus ancienne date des environs de 1890.
Ferme de la Matrassière vers 1890 - Jeune charretier
Ferme de la Matrassière en 1911
Ces personnes sont la dernière famille à avoir exploité la ferme de la Matrassière de 1921 à1934. Sur l'emplacement de ce terrain se situe maintenant l'école maternelle construite en 1955-1956.
Plan de la Matrassière
Les recensements de 1876 et de 1881 donnent comme locataire de la ferme située rue du Nord : Douin-Gasnier Nicolas cultivateur , logent aussi à la ferme 1 charretier et 1 "calvanier".
Ceux de 1886 et 1901 donnent comme locataire : Foussard-Grouin Eugène cultivateur, logent en plus à la ferme 5 domestiques.
En 1901 la rue du Nord change de nom et prend son nom actuel : rue de l'Hôtel de Ville
Ceux de 1906 et 1911 donnent comme locataire : Foussard-Collas Jules, fils du précédent, cultivateur, logent aussi 7 domestiques
Ceux de 1921 et 1926 donnent comme locataire : MME Vve Blot-Thierry Maria cultivatrice , 4 enfants
Celui de 1931 donne comme locataire : Blot-Suffice Marcel, fils de la précédente.
Il est le dernier occupant de la ferme, qu'il exploite jusqu' en 1934, celle ci étant achetée au début de l'année 1935 par la commune.
Le 26 novembre 1911 un fête d'aviation se tient sur les terres de la ferme , une série de cartes postales nous en laisse un souvenir.
Fête de l'aviation sur les terres de la ferme de Matrassière
Fête de l'aviation sur les terres de la ferme de Matrassière
Fête de l'aviation sur les terres de la ferme de Matrassière
Voici ci-dessous le déroulement des opérations concernant la création de ce lotissement, d'après les extraits des principales délibérations du Conseil Municipal de l'époque,
Déjà en 1885 la commune avait, pour construire l'Hôtel de Ville, acheté une parcelle de terrain dépendant de la ferme de la Matrassière, puis une autre en novembre 1925, mais c'est à partir de 1935 que débutent les premiers pourparlers d'achat de ce qui deviendra le quartier de la Matrassière
Extraits des délibérations du conseil municipal
Officiellement le début du projet d'un nouveau quartier à l'emplacement de la ferme de la Matrassière est apparu lors de la séance du 7 janvier 1935
" M. le Maire fait un exposé des différents pourparlers ou propositions relatifs à l'acquisition éventuelle par la ville du corps de ferme de la Matrassière et des terrains y attenant.
Actuellement les propriétaires seraient disposés à vendre en bloc et en demandant un prix sur la base de 4 francs le mètre carré.
Le conseil émet un avis favorable au principe de l'achat et donne pouvoir à M. le Maire de continuer les pourparlers et traiter au mieux des intérêts de la ville. "
Les pourparlers avancent rapidement car dès la séance du 21 janvier 1935 un accord semble trouvé
" M. le Maire expose à nouveau la situation relative à l'acquisition de la Matrassière. Les derniers pourparlers ont abouti à un accord sur le prix définitif de 180.000 francs( les frais en sus) "
Accord concrétisé par une promesse de vente signée le 11 février 1935, et lors de la séance de ce même jour :
" Monsieur le Maire expose que monsieur Martin-Fortis a offert à la ville de Brou, par l'intermédiaire de M Bouvry, notaire à Brou, de lui vendre une propriété dite " la Matrassière " sise dite Ville immédiatement derrière l'Hôtel de Ville.
Le prix de vente serait de 185.000 francs payable après les formalités de purge et de transcription. "
après cet exposé le conseil Municipal :
" Considérant que l'exécution du projet va permettre de donner du travail aux chômeurs, ce qui explique la nécessité de réaliser rapidement l'acquisition projetée.
Autorise M le Maire à acquérir des héritiers de Mme Martin Fortis, moyennant le prix principal de 185.000 francs un immeuble sis à Brou, appelé la Matrassière, cadastré en E N°62-63-64-65-66
Approuve le devis des travaux dressé par M Willehm pour l'aménagement provisoire tout en faisant partie du plan d'ensemble, du terrain acheté au prix sus indiqué, devis s'élevant à 30 000 francs.
Considérant que les frais d'acquisition occasionneront une dépense d'environ 35000 francs ; que par suite la dépense ressortira à 185.000 + 35.000 + 30.000 = 250.000 francs.
Vote un emprunt de 250.000 francs remboursable en 30 ans à partir de 1936, à contracter au moyen d'une émission d'obligations au porteur dans les conditions prévues au cahier des charges et au tableau d'amortissement ci annexés qui sont approuvés. "
Le 3 mars 1935 le Maire annonçait que l'emprunt était couvert et que les titres en cours d'impression seraient distribués avant la fin de la semaine.
Le 1er avril eut lieu l'adjudication de la démolitions des bâtiments.
Le 27 avril une demande de Déclaration d'utilité publique de l'acquisition de la Matrassière . Cette enquête sera présidée par M. Bourgeois, juge de paix à Brou, elle aura lieu du 7 au 26 juillet 1935. La déclaration d'utilité publique permet la récupération des droits d'enregistrement, soit 30 000 francs.
Le 7 juillet, Monsieur le Maire informe en outre l'assemblée qu'il a été procédé au morcellement du terrain de la Matrassière et à la fixation du prix de chacune des parcelles à vendre par une commission spéciale présidée par lui-même et composée de MM Pavaux, ingénieur TPE, Willelm architecte, Chomel et Bouvry notaires et de M Beylot receveur municipal, qui a arrêté de façon définitive ce morcellement et les prix et superficies.
Pendant cette séance il répond à une réclamation de Monsieur Lichet
" Dans une lettre en date du 16 juin dernier, M. Lichet expose à M. le Maire ses inquiétudes que lui causent l'aménagement sur le terrain de la Matrassiére d'une nouvelle place publique destinée à décongestionner le marché. M. Lichet craint que le décongestionnement du marché par le refoulement des véhicules de toutes catégories qui actuellement l'encombre, ait surtout pour conséquence d'augmenter le nombre de marchands forains et des camelots, ce qui, d'après lui, ne peut que nuire au commerce local.
M. le Maire ne veut retenir ce que ces doléances pourraient avoir d'électoral. Il suppose que M. Lichet nouvellement arrivé à Brou, ignore que le Conseil Municipal depuis dix ans n'a jamais voulu relever les taxes locales sur les marchandises et produits agricoles amenés sur le marché afin de ne pas nuire à son importance.
C'est assez dire le souci constant qu'il apporte à la bonne conservation de ce marché qui grâce à toutes les mesures prises, alors que d'autres périclitent, est resté, lui, le plus fréquenté et le plus important de ce département.
La municipalité a décidé en outre l'organisation de la Matrassière en partie pour décongestionner le marché de tous les véhicules, poids lourds et autos qui l'encombrent, qui envahissent les trottoirs, empêchent la circulation des piétons, notamment dans les rues étroites et très fréquentées et cela non pas dans le but de développer les arrivées des marchands forains, qui sont limitées dans la mesure du possible, mais pour assurer au contraire un développement normal du négoce normal.
Lors de la du séance du 29 septembre 1935 le Maire fait approuver le plan
d'alignement des rues et places en voie d'établissement sur le terrain de la Matrassière, il demande de prévoir pour l'hiver suivant " quelques travaux d'aménagements de la voirie dans le terrain de la Matrassière, ce qui permettra au surplus d'occuper quelques chômeurs. Parmi ces travaux il propose comme les plus urgents la construction de la future rue Félix Renard (3) et de la future grande place ".
Il demande que ces travaux de voirie soient confiés à des entreprises qui donneront toutes garanties quant à l'exécution de ces travaux dans les règles de l'art et à la modicité des prix.
Les travaux seront confiés à la société "La Construction de Paris" dont le siège est à Rueil-Malmaison 25 avenue Victor Hugo pour la première tranche et à Monsieur Guineau entrepreneur à Lanneray pour la deuxième tranche de travaux.
Monsieur Pavaux, agent voyer de la commune de Brou surveillera les travaux.
(3) La rue n'a jamais portée ce nom , mais celui de E.J.Valadier
Séance du 8 décembre 1935
Matrassière modification du cahier des charges
Suppression de clauses restrictives pour l'implantation et les clôtures ainsi que la possibilité de réviser le prix des terrains
" Monsieur le Maire propose donc au conseil de prendre la délibération suivante :
Est abrogé le paragraphe second de l'article 3ème du cahier des charges ainsi libellé
" les acquéreurs de terrains en bordure de la place projetée sur l'emplacement des bâtiments et de la cour de l'ancienne ferme de la Matrassière, en ce compris les terrains situés à l'angle sud-ouest de la section Dent à l'angle sud-ouest de la section I devront édifier leurs bâtiments en bordure de la voie publique et sur la façade de leurs terrains respectifs saufs l'emplacement d'une porte cochère ou entrée de voiture close par une porte en alignement des bâtiments "
Dans le paragraphe 3éme du même article ainsi libellé, " les acquéreurs de tous les autres terrains auront la faculté d "édifier leurs bâtiments en bordure de la voie publique ou de se clore sur la façade par une grille ou un mur conformément aux prescriptions ci-après " les mots " tous les autres terrains " sont supprimés
D'autre part afin d'éviter toutes difficultés à ce sujet M. le Maire d'ajouter à l'article 13 du cahier des charges relatif aux prix de vente le paragraphe suivant :
" Les prix de vente adoptés par la délibération du Conseil Municipal du 7 juillet 1935 et portés sur le plan annexé au cahier des charges pourront être modifiés par délibération du Conseil Municipal régulièrement approuvée, sans que les acquéreurs ou leurs ayant droits puissent se prévaloir à aucun moment et à quelque titre que se soit des prix portés au dit plan, ni les opposer soit à la ville de Brou, ni aux autres acquéreurs de terrains ; la publication de ces prix ne constituant pas une offre ferme, mais au contraire perpétuellement révisable. "
Séance du 16 février 1936
Le Maire rend compte de l'avancement des travaux et fait voter une nouvelle tranche de travaux d'aménagement de la viabilité sur le terrain de la Matrassière
Séance du 5 juillet 1936
Modification du cahier des charges
Monsieur le Maire après avoir exposé qu'il a soumis la mise en vente des terrains de la Matrassière à toutes les formalités prescrites par la loi en ce qui concerne les lotissements, propose, afin d'unifier le texte du cahier des charges en ce qui concerne l'accomplissement des formalités de purge des hypothèques légales et la libération de la commune de son prix d'acquisition de l'immeuble de la Matrassière, de prendre la délibération suivante :
Le cahier des charges des ventes des terrains de la Matrassière est modifié comme suit :
Les deux derniers paragraphes de l'établissement de propriété commençant par les mots " Les formalités de purge "et " il en sera rendu compte "sont abrogés et remplacés par le texte suivant :
La ville de Brou a fait accomplir sur son acquisition des consorts Martin-Fortis passée devant Me Bouvry, notaire à Brou, les vint février et trois mars mil neuf cent trente cinq les formalités prescrites par la loi pour la purge des hypothèques légales. A cet effet copie collationnée de cet acte d'acquisition a été déposée le huit avril mil neuf cent trente cinq au greffe du tribunal civil de Châteaudun et de suite un extrait contenant les énonciations voulues par la loi en a été affiché au tableau à ce destiné, placé dans l'auditoire du dit tribunal de l'acte de départ et d'affichage dressé par lui le dit jour.
Notification de ce dépôt a été faite à Monsieur le Procureur de la République près du tribunal civil de Châteaudun suivant exploit de Me Boury, huissier à Brou, en date du 10 mai 1935 contenant la déclaration de tous les anciens propriétaires de l'immeuble acquis. Cette notification a été rendue publique par l'inscription qui en a été faite dans le " Journal de Brou " feuille du mercredi 29 mai 1935 dont un exemplaire revêtu de la signature légalisée par le Maire de Brou porte la mention " enregistré àChâteaudun A.J. le 5 juin 1935 f° 92 case 6- Reçu 11 francs cinquante - signé illisible "
L'extrait placé dans l'auditoire du tribunal y est resté affiché jusqu'au 2 août 1935 jour où il en a été retiré ainsi que le constate un certificat délivré le dit jour par le greffier du dit tribunal.
Et pendant l'accomplissement de ces formalités il n'est survenu contre Madame Le Besque et Madame Lourdeau de Beauregard venderesses et contre Madame Vve Martin-Fortis M. E.M. Martin-Fortis et M. M.L.E. Jolly Nivers précédents propriétaires aucune inscription d'hypothèque légale ainsi que le constate un certificat délivré le 22 août 1935 par Monsieur le Conservateur des Hypothèques de Châteaudun.
La ville de Brou s'est délivrée de son prix d'acquisition entre les mains des vendeurs au terme d'un acte reçu par Me Bouvry sus nommé le 27 septembre mil neuf cent trente cinq, contenant main levée par les dits vendeurs avec désistement de tous droits d'hypothèques, d'action résolutoire, d'action en folle enchère et autres, de l'inscription prise d'office au Bureau des hypothèques de Châteaudun le 16 mars 1935 volume 1157 n° H 03 lors de la transcription du contrat d'acquisition sus relaté pour sûreté du prix.
Cette inscription a été radiée définitivement le 4 octobre mil neuf cent trente cinq ainsi que le constate un certificat délivré le même jour par Monsieur le Conservateur des Hypothèques de Châteaudun.
Le premier paragraphe de l'article premier ( voies projetées) est complété et remplacé par le suivant :
Les terrains mis en vente seront desservis par des places et rues communales conformément au plan d'alignement approuvé par délibération du Conseil Municipal en date 29 septembre 1935 et par arrêté de monsieur le Préfet en date du 23 janvier 1936. Telles au surplus que les dites places et rues figurent sur le plan annexé au cahier des charges.
Le chapitre I (accès et services publics) est complété par l'article suivant :
L'occupation des maisons d'habitations à construire sur l'un des quelconques des terrains au lotissement ne devra pas avoir lieu avant que les travaux publics de voirie et autres prévus pour le service de ce terrain aient été exécutés.
Le dernier paragraphe de l'article 4( Constructions)ainsi libellé :
." Les fosses d'aisance seront fixes, étanches et construites conformément aux règlements " est supprimé et remplacé par le suivant :
Les bâtiments comporteront des fosses d'aisances fixes et conformes aux règlements, qui seront des fosses septiques ou des fosses étanches cimentées. La création de puits perdus est interdite.
Séance du 11 octobre 1936
Monsieur le Maire expose l'état actuel de la Matrassière.
Les bordures de trottoirs sont à peu près terminées, des pierres seront étendues pour combler quelques différences de niveau.
Depuis la dernière réunion plusieurs terrains ont été vendus pour un total de 54.000 francs.
Vue aérienne vers 1936
Lors de la séance du 26 décembre 1936 eut lieu le tirages des 8 premières obligations, remboursables, de l'emprunt de 250.000 francs pour la Matrassière
" Il est procédé au tirage au sort de 8 obligations de l'emprunt municipal du 11 février 1935 remboursable en trente ans conformément à l'article 3 du cahier des charges du dit emprunt.
A cet effet il a été déposé dans une urne 500 bulletins portant chacun un numéro correspondant à chacune des obligations non encore remboursées. Ont été ensuite extrait de l'urne et dans l'ordre suivant 8 bulletins portant les numéros ci-après 173 - 493 - 394 - 109 - 151 - 261 - 41 - 374
En conséquence les obligations portant les numéros ci-dessus seront remboursés à la caisse du Receveur municipal à partir du 1er mars 1937 conformément à l'article 5 du cahier des charges. "
Séance du 22 mars 1937
En ce qui concerne la Matrassière, Monsieur le Maire fait part de son intention de faire mettre en état les voies des sections II et III, de faire poser incessamment les canalisations de gaz par la société concessionnaire selon le processus habituel en la matière : avance des fonds par la commune et services des annuités par la société concessionnaire ; de faire placer sur le terre plein de la grande place un candélabre dont il soumet les croquis et devis.
Séance du 24 octobre 1937
Monsieur le Maire ouvre la séance par un exposé succinct de la situation des ventes de terrains de la Matrassiére qui se résume comme suit :* terrains vendus à ce jour 42 pour 280.000 francs environ. Il déplore en passant le ralentissement des achats consécutifs à la hausse des prix de la construction.
Projet de fête d'inauguration de la Matrassière en 1938
Étant donné qu'aucune fête n'est prévue à Brou pour 1938 M. le Maire propose que soit faite une inauguration officielle de la Matrassière qui servira de prétexte à une fête à laquelle il désire donner un certain relief.
Le Conseil Municipal s'associe tout entier à l'idée de M. le Maire.
Le conseil s'en remet à la commission des fêtes du soin de dresser un projet et charge la commission des travaux de proposer la dénomination pour les rues de ce quartier.
Séance du 25 avril 1938
Aménagement d'un rond-point.
Est ensuite décidé l'aménagement du terre-plein de la grande place de la Matrassière. Un rond-point de verdure entourera le candélabre dans un rayon de 6 mètres. Une bande de macadam d'une largeur de 2, 50 mètres suivra le contour du caniveau. L'espace entre cette bande et le rond-point de verdure sera gravillonné . une petite barrière de fer entourera le rond de verdure.
Fête d'inauguration de la Matrassière
Le Conseil Municipal fixe ensuite au 26 juin la fête d'inauguration de la Matrassière et après avoir entendu l'exposé de Monsieur le Maire sur l'ampleur de la fête et son programme alloue une somme de quatre mille francs pour cette manifestation.
La commission des fêtes est chargée d'établir le détail du programme qui comprendra principalement ; l'inauguration le matin, puis l'après midi fête foraine, Gymkhana automobile, festival de musique et bal. Elle est également chargée de répartir le crédit alloué entre les diverses sociétés participantes.
Séance du 20 mai 1938
Dénomination des rues de la Matrassière
Monsieur le Maire expose au conseil que notamment dans l'intérêt de la facilité des communications et de la remise des correspondances il serait utile que les voies publiques, nouvellement ouvertes dans le quartier de la Matrassière, eussent une dénomination officielle sous réserve de l'approbation préfectorale.
Il met en conséquence, à la disposition de l'assemblée, un plan sur lequel chacune des voies est désignées par un numéro d'ordre et il lui propose de donner à chacune d'elles une dénomination officielle.
Le conseil municipal, ouï l'exposé de Monsieur le Maire, considérant que la mesure proposée présente un intérêt général et qu'il y a lieu d'y donner suite ;
Considérant d'ailleurs que l'attribution aux voies publiques du quartier de la Matrassière d'une dénomination officielle n'entraînera pour la commune que la dépense peu considérable afférente à la fourniture et à la pose des plaques indicatives.
délibère :
Les voies publiques indiquées au plan qui restera annexé à la présente délibération recevront les dénominations officielles suivantes
La voie N°1 du plan dénomination Place de la Matrassière
N°2 Rue E.J.Valadier
N°3 Avenue de Beauce
N°4 Avenue de la Caisse d'Épargne (1)
N°5 Rue du Foyer
N°6 Rue de l'Arsenal (2)
N°7 Rue du Perche
Monsieur le Maire est autorisé à passer un traité de gré à gré s'il y a lieu pour la fourniture et la pose des plaques indicatives.
La dépense en résultant sera prélevée sur le crédit inscrit au budget primitif de 1938 n°64 sous la rubrique " entretien des rues quais et places publiques."
Plan du lotissement de la Matrassière lors de sa création en 1938
(1) L'avenue de Caisse d'Épargne a été débaptisée par décision du conseil municipal du 16 janvier 1948, pour devenir l'avenue du Général Leclerc après le décès de celui-ci en 1947.. Il est à noter aussi, fait rarissime, qu'une rue est nommée du nom du Maire en exercice.
(2) La rue de l'Arsenal a été renommée, lors de la séance du Conseil Municipal du 13 juin 1979, rue Lucien Deneau, nom de l'aviateur qui a participé à la fête de l'aviation en 1911 sur les terres de la Matrassière.
Installation du gaz dans la Matrassière
Monsieur le Maire rappelle à l'assemblée ses précédentes communications au sujet de l'extension de la distribution du gaz au quartier de la Matrassière et il résume ainsi le mécanisme de l'opération ; " Le concessionnaire exécutera les travaux qui lui seront payés par la commune au moyen de fonds provenant d'un emprunt qu'elle doit s'engager aujourd'hui à contracter. "
D'autre part, ainsi qu'il a été déjà procédé pour d'autres extensions, le concessionnaire paiera les annuités du dit emprunt L'opération est donc avantageuse pour la commune puisqu'elle ne nécessite pas la mise en recouvrement de centimes extraordinaires.
Monsieur le Maire soumet alors à l'assemblée le devis des travaux qui s'élève à 53.000 francs ainsi que le projet de convention à intervenir avec le concessionnaire réglant les conditions de l'opération dont il s'agit et lui demande de délibérer.
Inauguration de la Matrassière
Discours de Monsieur Valadier prononcé le 26 juin 1938
Messieurs et chers Amis,
Vous voulez bien assister aujourd'hui, et je vous en remercie, à une fête modeste, qui se déroule dans le cadre de la commune avec simplement quelques personnalités ayant pour la plupart collaborées de très près à nos travaux, qui y sont invités.
Il convient de considérer toutefois qu'en dehors de la réception du bel immeuble de notre Caisse d'Épargne, jolie réalisation due à l'initiative de nos amis Dunois, nous avons à inaugurer :
Tout d'abord une extension du service des eaux, avec agrandissement des bassins, pour qu'ils soient d'une capacité suffisante (près de 500 m3 ) à desservir toute la ville, dont l'extension augmente sur ses extrémités de rues et dans son centre.
Ensuite, une fraction de notre réseau d'égouts, qui deviendra ultérieurement applicable à presque tout l'ensemble de la commune, ce qui représente la partie assainissement de ce programme.
Enfin une série de rues, d'avenues et de places qui devenaient indispensables pour permettre de trouver un refuge central des véhicules automobiles de toutes natures, par suite de l'encombrement inextricable occasionné par l'affluence des jours de marchés ; c'est là alors la partie dite d'urbanisme qui a surtout pour but l'embellissement.
Il faudrait donc que nos concitoyens comprennent bien que les travaux poursuivis récemment sur la Matrassière et l'avenue du Mail, de même que ceux de la place des Halles et rues adjacentes complétés par ceux, antérieurs, de la rue de Châteaudun ou ceux, plus récents du cimetière, de la rue de Mottereau, de la rue de l'Hôtel de ville, forment un ensemble d'améliorations nécessaires, mais surtout s'incorporent dans un programme d'assainissement et de propreté de la ville qui profitera non pas à quelques personnes, mais à l'ensemble de notre population.
Je prétends qu'avant trois ans, nos rues et places seront toutes remises en état parfait, que notre réseau d'égouts sera très suffisamment agrandi pour que la cité soit devenue salubre et qu'ainsi la réputation désagréable, mais justifiée de Brou-la-Boue, qu'avait notre ville, aura disparue et qu'elle pourra revendiquer son titre prestigieux de " Brou-la-Noble" qu'elle porta fièrement près d'un demi-siècle, alors qu'elle vivait libre et indépendante, se dispensant de la suzeraineté de hauts seigneurs, vivant tout de même respectée et ressemblant ainsi aux cités libres qui entouraient la vieille république athénienne.
Nous avons essayé, dans un cadre modeste, de donner un avant-goût de ce que peut procurer l'ordre et la bonne tenue dans une cité à ressources limitées.
C'est là tout le problème ; s'il n'est encore qu'incomplètement réalisé, nous souhaitons de pouvoir très rapidement le terminer et ce sera définitivement notre plus belle récompense.
Inauguration du quartier de la Matrassière
Si les personnages présents sur cette photo participaient à l'inauguration, et que la maison en arrière plan était effectivement construite, par contre la photo est un montage réalisé, à l'époque, par Franck Prudhomme.
Quelques noms des personnes présentent le 26 juin 1938.
1 : Rondeau Théodore Garde champêtre
2 : Franchet Raymond Préposé aux abattoirs
3 : Gallou Joseph (dit Gaston) Conseiller municipal
4 : Valadier E.J. Sénateur, Maire de Brou
5 : Mitton Jules Député d'Eure et Loir
6 : Gaudichau Maurice Docteur vétérinaire
7 : Gougeon Paulin Président des Anciens Combattants
8 : Lantran Clovis Chef des Pompiers
9 : Coquan René Pompier
Séance du 27 août 1939
Installation complémentaire du gaz et de l'électricité dans la Matrassière - Vote d'un emprunt
Monsieur le Maire présente à l'Assemblée les projets qu'il a fait établir par le concessionnaire pour la distribution du gaz et de l'électricité dans les sections de la Matrassière non encore pourvues de ces installations indispensables. Il informe l'Assemblée qu'il fait joindre à ces deux projets celui de l'éclairage public dans ces mêmes sections ainsi que l'installation d'une ligne route de Frazé, cette dernière installation ayant été réclamée par quelques habitants. Il donne lecture du projet de convention avec l'Energie Industrielle pour l'exécution et le paiement de ces travaux en faisant ressortir qu'il ne résulte de l'exécution de ceux ci aucune charge nouvelle pour la commune , le concessionnaire prenant à sa charge les annuités de l'emprunt que réalisera la commune.
Vote la réalisation d'un emprunt global de 22 850 francs remboursable en trente ans , à réaliser auprès de la Caisse de Dépôts et Consignations.
Vote également une imposition extraordinaire de garantie de 9 centimes devant produire une annuité de 5 660,64 fr pendant 30 ans, étant donné que la société l'Energie Industrielle paiera pendant la même période la dite annuité d'intérêts et d'amortissement de l'emprunt dont il s'agit.
Séance du 3 mars 1940
Matrassière - Installation gaz
Monsieur le Maire a également constaté avec plaisir que la tuyauterie nécessaire à l'achèvement de l'installation du gaz dans la Matrassière était à pied d'œuvre . Aussitôt que le terrain sera asséché , les travaux commenceront.
La guerre de 1939/1945 arrêta les constructions déjà ralenties par les fortes augmentations des matériaux. Il a fallu attendre la fin des années 1950 pour que celles-ci reprennent pour se poursuivent jusqu'en 2000, ce qui permet de voir l'évolution de l'architecture entre ces années.
Le quartier de la Matrassière vers 1945 -1950
La Matrassière - Caisse d'Épargne Ave du Gal Leclerc vers 1947
La Matrassière - rue E. J. Valadier vers 1947
La Matrassière - vue aérienne vers 1950
La Matrassière - vue aérienne vers 1950
Séance du19 novembre 1952
Suppression du rond-point
"M. le Maire expose que devant le nombre croissant d'automobiles qui stationnent le mercredi il lui semble que la place de la Matrassière devrait être rendue utilisable en totalité par la suppression du rond-point et il propose que celui-ci soit supprimé.
M. Nouvelot et Mlle Rivière se déclarent contre ce projet qui est finalement adopté".
Malgré cette décision le rond-point resta en service encore de nombreuses années Il fut supprimé en 1989.
(inscrit aux travaux de voirie - vote du budget supplémentaire lors de la séance du 24 octobre 1989)
Vue aérienne du quartier de la Matrassière vers 1985
Vue aérienne de la place en 2003
Etat des lieux administratif
Depuis 1614, cent soixante quinze années se sont écoulées sans qu’il fût procédé à la réunion des Etats-généraux.
En cette fin du XIIIème siècle, un souci de réorganisation de la France existait puisque avec l’Edit de juin 1787 le gouvernement ébauchait une réforme administrative prévoyant la mise en place d’Assemblées Municipales et la généralisation des Assemblées Provinciales, institutions déjà en expérimentation depuis une dizaine d’années en Berry et Haute Guyenne.
Il était prévu également des Assemblées de Département et la création d’Arrondissements.
Plus localement (1) on avait projeté un département Châteaudun-Vendôme avec Châteaudun comme chef lieu principal et siège de l’Assemblée de Département et deux Elections :
L’arrondissement de Brou n’existait pas. Brou aurait alors été du ressort de La Bazoche-Gouët.
L’Assemblée Municipale devait remplacer l’Assemblée Paroissiale avec un nombre de participants réduits et des attributions diminuées. Mais les conditions d’éligibilité étaient telles que 40 à 50% des contribuables se trouvaient éliminés.
Pour résoudre une crise financière à laquelle il se trouve confronté depuis longtemps, le pouvoir décide, à l’initiative de Loménie de Brienne, par l’arrêt du Conseil du roi du 8 août 1788 de convoquer les Etat généraux. Le 25 août Loménie de Brienne démissionne et le 27 Jacques Necker le remplace. C’est donc ce dernier qui devra gérer l’organisation de cette réunion des Etats généraux.
Bien conscient qu’il était de l’étroitesse de la base sociale du nouveau système, le gouvernement décida de reprendre l’ancien système dont la cellule de base est la paroisse avec son assemblée paroissiale et il reprend bien sur le cadre du bailliage royal.
On peut distinguer la paroisse religieuse soumise à l’autorité de l’évêque, et la paroisse fiscale qui est une communauté d’habitants ayant à sa tête un syndic.
L’aspect de l’agglomération, entourée ou pas de fortifications ou de remparts faisait que l’on utilisait ou pas le terme de ville. Le statut des habitants qui bénéficiaient de plus ou moins de privilèges caractérisait aussi les villes
Brou était une ville qui, le 29 novembre 1667, avait obtenu de Colbert un arrest d’homologation des Statuts et règlements pour les manufactures de serges et étamines de la ville et bailliage de Brou au Perche.
Les deux types de paroisses se trouvaient rattachés à des circonscriptions administratives :
Il y avait à Brou un bailli assisté d’un greffier. La baronnie de Brou comme les baronnies du Perche-Gouët dépendait du bailliage de Janville qui était lui-même un bailliage royal secondaire d’Orléans sous l’autorité des Orléans.
Sur le territoire de l’Eure et Loir, on retrouvait 9 bailliages royaux ;
Blois, Chartres, Châteauneuf en Thymerais, Etampes, Montfort l’Amaury, Orléans Bellême, Dreux et Janville.
Carte des baillages avant 1789
Un document donne Montigny le Chartif comme appartenant au baillage de Chartres. (Cahier de Doléances de chez Jeanson Editeur).
Dès l’annonce de la convocation des Etats généraux, le Tiers Etat revendique le doublement du nombre de ses députés et le vote par tête à la future assemblée.
Le 27 décembre 1788, le Conseil d’Etat du Roi accorde le doublement du tiers dont la représentation sera ainsi égale à celle du Clergé et de la Noblesse réunis.
Le règlement du 24 Janvier 1789 précise les modalités à suivre:
Clergé : Vote direct pour les curés et à 2 degrés pour les chapitres et communautés régulières.
Noblesse : Tous ses membres votent directement. Chaque noble a autant de voix que de fiefs dans différents bailliages mais 1 dans chaque assemblée de bailliage.
Les assemblées de ces deux ordres doivent se tenir au chef lieu du baillage principal, c'est-à-dire, pour le Perche-Gouët non pas à Janville mais à Orléans.
Tiers Etat : Pour la zone rurale, le syndic de la paroisse est informé par huissier. Il fait publier les textes officiels par le curé au prône de la messe paroissiale puis il les fait afficher à la porte de l’église.
Peuvent comparaître à l’assemblée présidée par un officier de justice, tous les habitants du Tiers Etat né français ou naturalisé, âgés de 25 ans, domiciliés et compris au rôle des impositions. Les femmes chef de famille avaient le droit de vote.
La désignation se fait à haute voix au nombre de 1 député par tranche de 100 feux ce qui donne, pour Brou, 5 députés pour 420 feux.
Les députés des villes et des campagnes se réunissent pour rédiger le cahier du bailliage secondaire, choisissent le ¼ de ceux d’entre eux qui siègeront au bailliage principal et rédigeront un nouveau cahier de synthèse du Tiers Etat. La réduction au ¼ s’effectue par élection à haute voix.
La procédure étant en place, la convocation des Etats généraux est officialisée.
Convocation des Etats généraux.
Lettre de convocation du Roi Louis XVI.
" Nous avons besoin du concours de nos fidèles sujets pour nous aider à surmonter toutes les difficultés où nous nous trouvons, relativement à l’état de nos finances, et pour établir suivant nos vœux, un ordre constant et invariable dans toutes les parties du gouvernement qui intéressent le bonheur de nos sujets et la prospérité de notre royaume. »
« Ces grands motifs nous ont déterminés à convoquer l’assemblée des états de toutes les provinces de notre obéissance, tant pour nous conseiller et nous assister dans toutes les choses qui seront mises sous nos yeux, que pour nous faire connaître les souhaits et les doléances de nos peuples : de manière que, par une mutuelle confiance et par un amour réciproque entre le souverain et ses sujets, il soit apporté, le plus promptement possible, un remède efficace aux maux de l’état et que les abus de tout genre soient réformés et prévenus par de bons et solides moyens qui assurent la sécurité publique, et qui nous rendent à nous particulièrement le calme et la tranquillité dont nous sommes privés depuis si long-temps… "
"Les députés seront munis d’instructions et pouvoir généraux et suffisans, pour proposer, remonter, aviser et consentir tout ce qui peut concerner les besoins de l’état, la réforme des abus, l’établissement d’un ordre fixe et durable dans toutes les parties de l’administration, la prospérité générale de notre royaume, et le bien de tous, et de chacun de nos sujets, les assurant que de notre part, ils trouveront toute bonne volonté et affection pour maintenir et faire exécuter tout ce qui aura été concerté entre nous et lesdits états, soit relativement aux impôts qu’ils auront consentis, soit par l’établissement d’une règle constante (2) dans toutes les parties de l’administration et de l’ordre public ".
Donné à Versailles le dix neuf février mil sept cent quatre vingt neuf.
Signé : Louis
Dès que le peuple du Royaume fut informé de la perspective de la réunion des Etats généraux, se manifestent des témoignages sincères de la difficulté de vivre dans les campagnes et du caractère abominable de certaines closes des règlements coutumiers, en particulier de ceux du Perche-Gouët qui furent rédigés en 1508.
Voici, ci-dessous, un texte révélateur. Ce texte ne devait pas être bien éloigné du cahier de doléances de Beaumont le Chartif, paroisse de 140 feux qui a tenu son assemblée le 24 février 1789.
Cette lettre, à l’époque, avait été publiée sans nom d’auteur, sous forme d’un opuscule de 16 pages, en réponse à un document de propagande du duc d’Orléans (3) diffusé dans le Soissonais.
Lettre d’Aimable Rousseau, Curé du Perche-Gouët, Beaumont le Chartif (4), exposant à M de Limon contrôleur général des finances du duc d’Orléans les torts dont souffrent ses paroissiens, torts qu’il est possible de réparer avant même la tenue des Etats généraux.
15 mars 1789.
Monsieur,
"Curé d’une paroisse à l’extrémité de l’apanage de Monsieur le Duc d’Orléans, dans laquelle on n’espère pas de vous voir paraître comme son représentant, je n’y aurais eu certainement aucune connaissance de votre lettre du 7 mars, aux curés du soissonnais.
Mais une affaire particulière m’a amené dans cette capitale ; votre Lettre m’est tombée entre les mains, et je me suis dit : Béni soit le jour qui a rendu au peuple un prince si magnanime !
Je ne me suis point livré, avec quelques personnes, à la surprise qu’elles ont éprouvé, en voyant cette Lettre signée par Vous, qui, dit-on, faites partie, avec M d’E… de la société de Mme de Coas…, chez laquelle on a donné la dernière main d’un ex-ministre jaloux, qui respire le machiavélisme à chaque page.
Mon système est qu’il faut profiter du bien qu’on vous fait, de quelque main qu’il nous vienne.
En conséquence, je prends acte de l’assurance que vous nous donnez, d’écouter tout ce qu chacun des habitants des villages voudra bien vous dire, pour mettre S.A.S. à portée de protéger et d’appuyer de tout son crédit les réclamations bien fondées des honnêtes et utiles citoyens des campagnes.
Ce crédit leur est précieux. Ils voudrait ne l’employer, lors de la tenue des Etats généraux, qu’aux objets nécessaires A cet effet, il me paraît, à moi pauvre curé, qu’il serait dans les principes d’un prince qui met sa gloire à être juste et généreux, et de son digne représentant, de jeter les yeux dès à présent, sur ceux qu’il est au pouvoir de S.A.S. de réformer seule.
Or, parmi les doléances des paroisses de mon canton, il en est dont S.A.S ni vous sans doute, Monsieur, n’avez pas connu les objets, et sur lesquelles j’espère que vous voudrez bien écouter ce que j’ai à vous dire.
1° Nos bonnes gens, quand ils se marient, s’en rapportent au tabellion du village, qui écrit ordinairement dans leur contrat que, si la femme renonce à la communauté, elle reprendra ses nippes et ses hardes.
La plupart du temps, c’est l’unique avoir d’une pauvre fille ; et elle n’imagine pas que, pour ne pas sortir toute nue de la maison de son mari, ce contrat l’a obligée à payer la valeur de ses nippes à Monseigneur.
Cependant, parce qu’il est dit-on des règlements qui ordonnent que tous contrats de mariage portant gain de survie seront insinués, voici ce qui arrive dans ce moment même, où votre lettre nous assure de la générosité de Monseigneur.
Un déluge de papiers imprimés vient d’être envoyé dans nos campagnes au nom de S.A.S. Chacun de nos pauvres paysans en a reçu un, portant injonction d’aller payer au bureau une somme de 15 livres pour ce droit d’insinuation.
Contraintes et frais ont suivi de toutes parts ; et nos bonnes gens se demandent comment il est possible qu’un Prince, qu’en effet ils savent juste et généreux, leur fassent payer, indistinctement, un droit aussi considérable, avant même que les maris soient morts, avant qu’on sache si les femmes survivront, et si elles useront du droit de reprise.
Ils se demandent comment il est possible que l’on exige en son nom, soit que le mari et la femme vivent encore, soit que la femme survivante n’ait pas renoncé à la communauté, soit même que le mari ait survécu, et que le droit n’ait jamais été ouvert ; qu’on l’exige enfin de tout habitant quelconque, qui s’est marié avec un contrat.
Les notaires ont grand peur qu’il n’y ait plus de contrat de mariage à l’avenir, et je le crains, parce que je sens l’utilité de ces contrats.
Nos bonnes gens ont consulté. Un avocat leur a donné, gratis, du français qu’ils n’entendent guère et du latin qu’ils n’entendent pas du tout, pour établir que jamais le droit n’était dû en pareil cas, parce que la simple faculté de reprendre, quand il n’y a point de préciput, n’est pas un gain de survie ; qu’en tout cas, il ne pourrait être exigé que dans le cas unique de survie de la femme et de reprise.
Il leur a dit, d’ailleurs, que les lettres patentes de 1769 exemptaient tous dons de survie de l’insinuation, jusqu’à quatre mois après la mort du donateur.
Il a osé observer qu’il y avait de la dureté d’exiger 15 livres de ces pauvres malheureux, dont toute la garde-robe ne vaut souvent pas cette somme.
Mais il a fini, fort prudemment, par leur dire, qu’aucun n’étant en état d’aller plaider pour 15 francs soit à Orléans, soit à Chartres, et de là au Conseil, contre Son Altesse, il serait mieux, peut-être, de payer ce qu’ils ne devaient pas, en marchandant, s’il y avait lieu.
Un gros baron du canton leur à dit aussi qu’ils pouvaient avoir raison, qu’il en parlerait au ministre (que cela ne regarde pas) ; il n’en a rien fait ; et mes pauvres habitants se voient forcés de payer, pour éviter d’être saisis, comme quelques uns l’ont été.
Chacun a porté ce qu’il avait ; l’un 6 francs, l’autre 3 livres, quelques uns 15 livres et puis la plupart est venue, le dimanche, demander au pauvre curé de quoi acheter le pain pour la semaine, parce que les gens de Monseigneur leur avait pris ce qu’ils avait gagné depuis 15 jours. Je vous l’avoue, Monsieur, je me suis trouvé dans le plus grand embarras, avec ma portion congrue !
Tous ces 3 livres et ces 6 francs, qui n’ont été reçu qu’en protestant pour le reste, n’ont point fait une très grosse somme, que le receveur de l’apanage vient d’emporter de nos paroisses dans les coffres de Monseigneur.
Puisque, comme vous nous le dites fort bien, les curés sont destinés à faire la consolation des campagnes, faites à ma prière, Monsieur le contrôleur général, faites que vos receveurs ne demandent plus de pareils droits à mes pauvres habitants, ou qu’au moins ils ne l’exigent que quand les veuves profitent de la clause du contrat.
Je n’irai pas jusqu’à demander si les pauvres maris, qui sont hommes et citoyens, ne pourraient point espérer quelques restitutions à cet égard, d’un prince juste et généreux, instruit par vous d’un tel abus. Mais je vois à regret cet article dans leurs doléances. Et comment voulez-vous qu’ils croient à votre Lettre, quand ils sont persécutés par une taxe qu’ils ne croient pas devoir ?
2° Il est encore un objet qui les chagrine beaucoup. Ce sont les embarras qu’ils trouvent à présent, à chaque porte, pour entrer dans les grandes villes de Monseigneur, surtout à Chartres, quand ils y vont vendre leurs œufs, leurs fromages, etc., et le petit impôt tant répété, de 6 deniers, d’1 sol, plus ou moins, qu’on leur demande, depuis deux ans sur chaque panier, sur chaque voiture, etc.
Nous avions entendu dire que le Roi avait supprimé tous droits de péages dans ses domaines, par je ne sais quelle déclaration assez récente. Mes bonnes gens avaient cru qu’une servitude abolie par le Roi ne serait pas, au contraire renouvelée, après 500 ans, dans les domaines qui viennent de lui, sur la foi de vieilles chartes qu’ils n’entendent pas ; et ces petites taxes vexatoires leur paraissent peu dignes du nom d’un prince juste et généreux.
3° Autre article, Monsieur : pardon si je vous ennuie. Notre province est voisine de la bonne rivière du Loir qui pourrait apporter à bon marché quantité de denrées, dont les pauvres eux-mêmes ont besoin. Ils ont appris à regret qu’on s’opposait depuis longtemps, au nom de Monseigneur, à ce qu’on la rendît navigable, de peur que cela ne nuisît aux droits que son Altesse perçoit sur la navigation de La Loire ; droits que les pauvres paient en détail, à raison de ce qu’ils achètent plus chères ces denrées qu’ils faut titrer d’Orléans.
4° Il est encore une charge qui pèse fort sur nos pauvres gens : c’est ce qu’on appelle droits réservés sur les boissons. La boisson de notre province ne consiste qu’en cidre : le riche le boit pur. Il en fait de commun, ou moitié eau, pour ses domestiques ; ensuite, le journalier relave le marc, pour corriger la mauvaise eau qui l’abreuve.
4 poinçons de fruits valent dans les bonnes années, 4 livres.
Ils fournissent d’abord au maître 1 poinçon de cidre pur, qui paie à la régie 1 livre.
Ensuite, 2 de cidre commun, moitié eau, qui paient encore 20 sols chacun, 2 livres.
Et enfin 1 poinçon de lavage ; et les commis, qui comprennent le tout également sous le nom de cidre, et au même droit, exigent encore 1 livre.
Cela ne devrait pas être, mais cela est. Total donc 4 livres. Et pour les 8 sols pour livre, 1 livre 12 sols donc au total : 5 livre 12 sols.
C’est ainsi que l’industrieuse régie perçoit sur la chose 1 livre 12 sols de plus que sa valeur intrinsèque. Et nos bonnes gens, qui n’ont point d’autre nourriture que de mauvais pain, trempé dans ce mauvais cidre, sont réduits, par ce doublement de prix, à ne boire que de l’eau.
Ces remarques, qui sont particulières à notre petite province, n’ont sans doute jamais fixé l’attention de S.A.S. ni la vôtre, Monsieur ; mais plus notre pays est misérable, plus il mérite d’intérêt.
Je ne parle pas du centième denier des successions collatérales, qui, jointes aux rachats, francs-fiefs, etc., font qu’une pauvre famille est 3 ans sans profiter d’une succession qui lui advient.
Ah ! Monsieur, vous qui approchez de Monseigneur, si vous vouliez lui parler de ces objets, et de quantité d’autres que je pourrais vous indiquer, il ne serait pas impossible que, même avant la tenue des Etats, sa générosité ne donnât sur cela des ordres qui dépendent de lui personnellement.
Avec quelle confiance alors je lirais votre lettre à mes paroissiens !
Alors nos pauvres habitants espèreraient que le droit de propriété pourrait en effet devenir inviolable, et qu’on leur payerait enfin les terrains qu’on leur a pris pour faire passer une route inutile(5) devant le château d’un intendant(6), plutôt que de réparer les chemins qui conduisent aux forts marchés de la Province(7). Ils espéreraient … Et que n’espéreraient-ils pas, quand le crédit de S.A.S. affranchi des soins de tous ces détails, s’appliquerait librement, lors des Etats, aux grands objets qui intéressent le Royaume en général !
La meilleure manière de concourir au bien publique, c’est de commencer par faire le bien particulier qui dépend de soi.
Que je m’estimerais heureux, Monsieur, si quelques unes de mes observations pouvaient procurer à Monseigneur une occasion de faire signaler sa justice et son affection pour tous les citoyens, sans distinction, qui habitent son apanage, et dont vous nous donnez l’assurance !
J’ai l’honneur d’être avec respect,
Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur
S… Curé de N… au Perche-Gouët.(8)
M Jusselin a publié cette lettre en 1934.
La personnalité de l’auteur a été percée par M Jusselin grâce à l’allusion faite au détournement d’une route devant le Château de Beaumont qui appartenait à l’époque à Gueau de Reverseaux.
Désignation des députés
Le cahier de Doléances de Brou tout comme l’ensemble des cahiers du bailliage secondaire de Janville a disparu dans les flammes de l’incendie des Archives d’Orléans en 1940. Il n’est pas inutile de proposer un modèle du procès verbal de la réunion des citoyens des communes.
Procès-verbal d’assemblée des villes, bourg, villages et communauté, pour la nomination des Députés.
Aujourd’hui 1789, en l’Assemblée convoquée au son de la cloche, en la manière accoutumée, sont comparus en l’auditoire (ou hôtel de ville) de ce lieu, par devant nous(9)......... tous nés Français, ou naturalisés âgés de vingt cinq ans, compris dans les rôles d’imposition, habitans de cette villes, bourg, villages et communauté, composé de(10)....... feux ; lesquels pour obéir aux ordres de Sa Majesté, portés par ses lettres données à Versailles, le 24 janvier 1789, pour la convocation et tenues des Etats Généraux de ce Royaume, et satisfaire aux dispositions du Règlement y annexé, ainsi qu’à l’Ordonnance de M le lieutenant général du bailliage
de , dont ils ont déclaré avoir une parfaite connaissance, tant par la lecture qui vient de leur en être faite, que par la lecture et publication ci-devant faite au prône de la messe de la paroisse par M le curé (ou vicaire) le du présent mois, et par la lecture et publication et affiches pareillement faites, le même jour, à l’issue de la dite messe de paroisse, au-devant de la porte principale de l’église, nous ont déclaré qu’ils allaient d’abord s’occuper de la rédaction de leur cahier de doléances, plaintes et remontrances ; et en effet, y ayant vaqué, ils nous ont représenté ledit cahier, qui a été signé par ceux desdits habitans qui savent signer, et par nous, après l’avoir coté par première et dernière page, et paraphé ne varietur, au bas d’icelle.
Et de suite lesdits habitans, après avoir mûrement délibéré sur le choix des Députés qu’ils sont tenus de nommer, en conformité desdites Lettres du Roi, et Règlement y annexé ; et les voix étant par nous recueillies, en la manière accoutumée, la pluralité des suffrages s’est réunie en faveur
des sieurs(11) qui ont accepté ladite commission, et promis de s’en acquitter fidèlement.
Ladite nomination des Députés ainsi faite, lesdits Habitans ont, en notre présence remis auxdits, sieurs leurs Députés, le cahier, afin de le porter à l’Assemblée qui se tiendra le devant M et leur ont donné tous pouvoirs requis et nécessaires, à l’effet de les présenter en ladite assemblée, pour toutes les opérations prescrites par l’ordonnance susdite
de M. comme aussi donner pouvoirs généraux aux habitans de proposer, remontrer, aviser et consentir tout ce qui peut concerner les besoins de l’Etat, la réforme des abus, l’établissement d’un ordre fixe et durable du Royaume, et le bien de tous et de chacun des Sujets de Sa Majesté.
Et de leur part, lesdits Députés se sont présentement chargés du cahier des doléances de ladite ville ( ou bourg, ou village, ou paroisse ou communauté), et on promis de le porter à ladite assemblée, et de se conformer à tout ce qui est prescrit et ordonné par lesdites Lettres du Roi, Règlement y annexé et ordonnance sus datée. Desquelles nominations de Députés, remise de cahier, pouvoirs et déclarations nous avons à tous les susdits comparans donné acte, et avons signé avec ceux desdits habitans qui savent signer, et avec lesdits Députés, notre présent procès-verbal, ainsi que le duplicata que nous avons présentement remis auxdits Députés, pour constater leur pouvoirs ; et le présent sera déposé aux Archives ou Secrétariat de cette communauté ; les dits jour et an.
A/ Assemblée électorale paroissiale de la communauté de Brou.
Dimanche 1er mars 1789.
Procès-Verbal :
Date : le dimanche 1er mars 1789. On ignore le lieu. (Ce pouvait être dans la salle située sous l’ancienne halle dans l’auditoire de justice). Ce qui est assuré, c’est que le curé avait pour tâche d’informer ses paroissiens au cours d’un office religieux précédent.
Président(12) : Etienne Jolly dit Jolly de la Guinetière. Président au grenier à sel de Brou. Président au grenier à sel de Janville, avocat en parlement, bailli juge ordinaire civil, criminel et de police de la baronnie de Bullou et de la justice de Boèche et annexes, principale justice du bourg et paroisse d’Yèvres, procureur fiscal de la baronnie de Brou y demeurant.
Population 420 feux(13)
Désignation de 5 députés à haute voix :
Le substitut du procureur du Roi du bailliage de Janville menaçait, si le lieutenant général du bailliages de Chartres passait outre à son intervention, d’adresser ses procès-verbaux des lundi 2 et mardi 3 mars aux paroisses revendiquées et de les assigner à comparaître à Janville pour le lundi 9 mars, puis à Orléans pour le lundi 16 mars. Le substitut de Janville ignorait intentionnellement l’acte de notoriété du 22 février 1694, qui déclarait que la paroisse du Gault-en-Beauce relevait du bailliage et de la coutume de Chartres, en dehors de l’enclave des 5 baronnies du Perche Gouët, dont les appels se portaient à Janville.
(A.D. 28-B Supplément, Registre des actes de notoriétés du bailliage de Chartres, fol. 10).
De son côté, Louis Jean Baptiste Asselin, lieutenant général au bailliage de Chartres, reconnut sans difficulté qu’il avait sans doute outrepassé ses droits.
Toujours est-il que les 14 paroisses restèrent dans les assemblées du bailliage de Chartres.
François Forteau, laboureur,
Etienne Jolly,
Pierre Piau, Avocat en parlement
Pierre Rigalleau, marchand ;
Jacques Thirouard, marchand et aubergiste.
La population de Brou en 1791 est de 1850 habitants.
(A.D. 45-B Supplément 139 ; Bloch II, 354.)
Ces cinq représentants se rendirent à Janville le 9 mars 1789.
B/ Assemblée de Bailliage Secondaire de Janville
Le lundi 9 mars 1789.
On peut remarquer que Brou avec 420 feux, La Bazoche-Gouët, 420 feux également devaient se rendre à Janville qui ne comptait que 260 feux, que cette même ville de Janville devait accueillir, en tant que bailliage secondaire, théoriquement environ 200 députés des communes du bailliage. Il est difficile d’imaginer les conditions d’hébergement de toutes ces personnes.
Ce sont finalement 132 députés présents du Tiers Etat du Perche-Gouët et de la ville de Bonneval du ressort du bailliage de Janville qui se trouvent réunis dans la ville de Janville.
Ils apportent les cahiers de doléances des communautés.
Beaucoup de cahiers reprenaient les mêmes demandes qui concernaient l’organisation judiciaire et administrative du pays.
(Brou faisait partie du Diocèse de Chartres, de l’Election de Châteaudun, du Bailliage secondaire de Janville, du Bailliage principal d’Orléans).
Peut-on avoir une idée du contenu du cahier de Doléances de Brou ?
1° Une demande des Communautés du Perche-Gouët.
Cahier de Villevillon 70 feux, 315 habitants en 1788
Assemblée du 1er mars
Article 4 Administration de la Justice.
Nous supplions Sa Majesté de nous permettre de mettre au pieds du trône toute la reconnaissance pour la bonne volonté qu’elle a manifesté de vouloir rapprocher les justiciables de leurs juges et nous chargeons nos députés de représenter que nous sommes éloignés de Janville de dix huit, vingt et vingt deux lieues, que la mauvaise humeur ou mauvaise foi nous traduit de tribunaux en tribunaux, de Charbonnières à Authon, d’Authon à Brou, de Brou à Janville. Nous rendons avec plaisir toute la justice qui est due aux magistrats du bailliage de Janville, à leurs lumières, leur probité, leur exactitude ; mais nos Députés sont autorisés à demander qu’on les fasse ressortir d’un bailliage royal plus à leur portée. Ils pourront proposer Bonneval ou Châteaudun. Le bailliage de cette dernière ville est d’une très grande étendue et a toujours été distingué par la probité, les lumières des magistrats et autres officiers chargés de rendre la justice.
Remarque de même ordre dans le cahier de Doléances du Tiers Etat du Bailliage du Perche réuni à Bellême.
Article 13 (sur 85)
Que tout le Royaume soit érigé en un pays d’Etat et particulièrement la province du Perche, à laquelle seront unis le Thimerais, le Perche-Gouët et les paroisses qui faisaient partie de l’ancienne Election de Longny, qui sont régies par la coutume du Perche, dont le siège sera en la ville de Bellême, afin que chaque Etat Provincial puisse répartir comme bon lui semblera les impôts consentis par la nation, sans que l’impôt, quoique accordés par les Etats Généraux, puisse jamais être perçu que par les préposés desdits Etats.
Demande trouvée dans le cahier de Saint Germain les Alluyes.
50 feux
Assemblée du 6 mars.
Par des motifs que nous ignorons absolument, il a plu à l’un de nos Roix d’attribuer le ressort de Justice au bailliage de Janville, privativement au bailliage royal de Chartres à qui il appartient de toute ancienneté : 1° comme plus voisin ; 2° comme plus conforme à l’ordre de nos fiefs ( les cinq Baronnies du Perche-Gouët se reportent à Pont Gouin) ; 3° comme étant notre province et ce bailliage régis par une même coutume, sauf quelques exceptions locales aux baronnies, et privativement encore au bailliage d’Orléans, dont à la vérité de tout temps la réclamation du ressort sur nous n’a jamais eu une ombre de raison. Par une suite de cette attribution il s’est opéré un démembrement de justice extrêmement préjudiciable à nos cantons qui à ce moyen, se trouvent éloignés de leur tribunal supérieur de 10 à 15 lieues, qu’on ne peut franchir que par des routes de traverses impraticables.
Remarque de même ordre dans le cahier des Pouvoirs et instructions du Député de l’Ordre de la Noblesse du Bailliage de Chartres.
Le 21 mars 1789
Remis à M le Baron de Montboissier élu Député aux prochains Etats-Généraux.
Demande positive d’états particuliers pour le bailliage de Chartres avec la circonscription ci-après de la partie de la généralité d’Alençon qui n’est pas comprise dans la Normandie proprement dite, de l’Election de Chartres, celle de Châteaudun, Dourdan et Dreux. La réunion au bailliage de Chartres de tout le Perche-Gouët.
2° Le cas de Bonneval.
Le cas de Bonneval est un peut similaire mais il a donné lieu à des démarches beaucoup plus vives entre Janville et Chartres.
Louis Thomas Amy, lieutenant général du bailliage royal de la ville de Janville et des anciens ressorts des baronnies du Perche-Gouët et ville de Bonneval fit porter à Jacques Necker un Mémoire pour les justiciables du bailliage de Janville, afin d’obtenir la députation directe, arguant que les paroisses du Perche-Gouët relevant de son ressort, suivaient leur coutume et non celle d’Orléans. Il se flattait d’obtenir l’appui du duc d’Orléans, qui ne l’accorda pas.
Les justiciables de ce baillage durent, en dernier ressort, se rendre à Orléans et le lieutenant général suivit la procédure prévue par les articles 33 à 38 du règlement du 24 janvier 1789.
Cependant, les formalités de la convocation s’accomplirent avec quelques difficultés. Les 3 paroisses de Bonneval ainsi que celles de Bourneville, Bullou, Le Coudray, Courbehaye, Le Gault en Beauce, Gouillons, Lisle en Vendômais, Moriers, Pré Saint Martin, Saint Maur sur le Loir, font défaut à Janville et se sont reportées sur le bailliage de Chartres. Ce qui a donné lieu, à une intervention, à Chartres même, du lieutenant général du bailliage royal de Janville, Louis Thomas Amy.
Le matin du lundi 2 mars 1789, avant l’ouverture de l’assemblée du Tiers Etat du bailliages de Chartres, le substitut du procureur du Roi au bailliage de Janville, par l’intermédiaire de Rousseau, huissier royal au bailliage de Chartres, fit remettre une protestation aux officiers du bailliage de Chartres, parce que des paroisses qu’il affirmait relever du bailliage de Janville, aurait été convoquées à Chartres. Le mardi 3 mars, il fit renouveler sa protestation en ces termes :
" Proteste contre les appels qui ont été faits le jour d’hier en l’assemblée préliminaire dud. Bailliage de Chartres, au préjudice de ses oppositions et protestations signifiées au greffe dud. Bailliage de Chartres par mon huissier soussigné avant la tenue de lad. assemblée, des députés de la ville et justice temporelle des 3 paroisses de Notre Dame, Saint Sauveur et Saint Michel de Bonneval de la paroisse de Saint-Maur sur le Loir, ressort de lad. justice de Bonneval, des paroisses de Bazoches-les-Hautes, Bagneaux, Gouillons, Levéville-la-Chenard, Bagnolet, Courbehaye, toutes paroisses du ressort dud. bailliage d’Yenville (Janville), tant en Ière Instance que par appel, des paroisses de Moriers, du Gault en Beauce, Près Saint-Martin, dépendantes du ressort de la Baronnies d’Alluyes, l’une des 5 baronnies du Perche Gouët, de la paroisse du Coudray, dépendant de la baronnie de Montmirail, et encore de la paroisse de Rouvray Saint-Florentin et de toutes les autres paroisses comme celles cy-dessus dénommées, du ressort dud. bailliage d’Yenville ; et contre les défauts prononcés par mond. sieur le lieutenant général du bailliage de Chartres le jour d’hier contre celles desd. paroisses sus-désignées qui n’ont pas comparu ; contre les réceptions par luy faittes des pouvoirs des députés et cahiers des plaintes et doléances des paroisses de Gouillons, Courbehaye, le Gault en Beauce, Moriers, Pré Saint-Martin, Coudray, Saint Maur sur le Loir et les trois paroisses de la ville de Bonneval qui ont comparu et prestation de leur serment reçu par mond. Sieur le lieutenant général du bailliage de Chartres."
(A.D. 28-B Supplément, Greffe du Bailliage de Chartres, 2-3 mars 1789).
Le substitut du procureur du Roi du bailliage de Janville menaçait, si le lieutenant général du bailliages de Chartres passait outre à son intervention, d’adresser ses procès-verbaux des lundi 2 et mardi 3 mars aux paroisses revendiquées et de les assigner à comparaître à Janville pour le lundi 9 mars, puis à Orléans pour le lundi 16 mars. Le substitut de Janville ignorait intentionnellement l’acte de notoriété du 22 février 1694, qui déclarait que la paroisse du Gault-en-Beauce relevait du bailliage et de la coutume de Chartres, en dehors de l’enclave des 5 baronnies du Perche Gouët, dont les appels se portaient à Janville.
(A.D. 28-B Supplément, Registre des actes de notoriétés du bailliage de Chartres, fol. 10).
De son côté, Louis Jean Baptiste Asselin, lieutenant général au bailliage de Chartres, reconnut sans difficulté qu’il avait sans doute outrepassé ses droits.
Toujours est-il que les 14 paroisses restèrent dans les assemblées du bailliage de Chartres.
Assemblée préliminaire du Tiers Etat du Bailliage secondaire de Janville14
Procès verbal
Date : lundi 9 mars 1789. 8 heures du matin dans l’auditoire du bailliage.
Président : Louis Thomas Amy, lieutenant général du bailliage royal de la ville de Janville et des anciens ressorts des 5 baronnies du Perche-Gouët et ville de Bonneval, assisté de Rousseau Restault, huissiers au bailliage et accompagné de Charles François Brice Champignon, substitut du procureur du Roi au bailliage royal de Janville, l’office de procureur étant vacant, et de Pierre François Hector de Rochefontaine, sous greffier ordinaire.
Lieu : Auditoire du bailliage.
Comparants : Tous les députés des communautés et paroisses du bailliage.
Pour Brou : les 5 députés : François Forteau, laboureur, Etienne Jolly, dit Jolly de la Guinetière. Président au grenier à sel de Brou. Président au grenier à sel de Janville, avocat en parlement bailli juge ordinaire civil, criminel et de police de la baronnie de Bullou et de la justice de Boèche et annexes, principale justice du bourg et paroisse d’Yèvres, procureur fiscal de la baronnie de Brou y demeurant, Pierre Piau, avocat en parlement ; Pierre François Rigalleau, marchand ; Jacques Thirouard, marchand et aubergiste.
Les députés se réunissent ; 14 paroisses font défaut. Le décompte des députés potentiels en fait apparaître 107 pour les 5 baronnies du Perche et la ville de Bonneval, qui comparaît à Chartres, et 97 pour les paroisses de la Beauce.
L’assemblée décide que la réduction au ¼ donne 27 députés du Perche et 22 à la Beauce. Sur ces 49 députés, 39 appartiennent à des paroisses du département d’Eure et Loir.
Parmi les 49 députés15, on retrouve 4 députés sur 5 de Brou : François Forteau et Etienne Jolly Pierre Piau, Pierre François Rigalleau.
Jacques Thirouard n’a pas été élu parmi le ¼ des députés devant approuver le cahier commun du bailliage secondaire. L’absence des députés de Bonneval a du permettre à Brou de conserver autant de députés.
11 commissaires (6 pour le Perche et 5 pour la Beauce16) sont élus pour rédiger un condensé des différents cahiers de doléances.
Assemblée électorale du 9 mars.
Réduction au ¼
les députés sont répartis en 2 bureaux différents:
Le cahier des plaintes et doléances de tous les justiciables du baillage de Janville composant le Tiers Etat sera porté par les députés dudit bailliage à l’assemblée des 3 Etats qui aura lieu en la ville d’Orléans le 16 mars jour indiqué par l’ordonnance du bailliage d’Orléans, Rédigé par les 11 commissaires élus, il est soussigné en l’hôtel de Monsieur le Lieutenant Général de Janville le jeudi 12 mars 1789.
Ce cahier, conservé jusqu’en 1940 aux archives départementale du Loiret, fut détruit dans un incendie.
Il avait été heureusement reproduit par Camille Bloch (Cahiers de doléances du Bailliage d’Orléans pour les Etats Généraux de 1789 (1906 1907), puis dans l’annuaire du département d’Eure et Loir pour 1908.
Il est d’autant plus intéressant qu’en dehors des cahiers très particuliers de Saint Germain les Alluyes et de Villevillon, nous ne possédons plus aucun des cahiers des paroissiens de ce bailliage.
C’est le texte de treize chapitres qui suit.
Cahier des plaintes et doléances de tous les justiciables du bailliage de Janville composant le Tiers Etat dud. bailliage, pour être présenté aux Etats généraux et porté par les députés dud. bailliage à l’assemblée des 3 Etats qui aura lieu en la ville d’Orléans le 16 mars, présent mois, jour indiqué par l’ordonnance du bailliage d’Orléans.
Chapitre premier.
Députation directe aux Etat Généraux. Le baillage de Janville formant le 1/3 de la population totale rassemblée à Orléans, les députés demanderont préalablement d’avoir le 1/3 des députés accordés par le règlement du Roi ; savoir : un dans l’ordre de la Noblesse, un dans l’ordre du Clergé et 2 dans celui du Tiers Etat, pris parmi les propriétaires du ressort de Janville ; ils feront à cet égard une motion expresse en assemblée des Etats à Orléans.
Etats généraux. La France est soumise à un gouvernement monarchique, c'est-à-dire qu’un seul y gouverne, suivant les lois fondamentales.
Les rois ont été créés pour les peuples et non pas les peuples pour eux ; ceux-ci ne doivent donc pas être soumis servilement à leur volonté. C’est à l’oubli de ces maximes salutaires et constitutionnelles qu’il faut attribuer les désordres dans lesquelles nous avons été plongés, et qui ont déchiré notre sein à différentes époques.
Le 1er objet de nos doléances, celui qui sera infailliblement accueilli de sa Majesté parce qu’il rentre si noblement exprimé par Elle, au moment où Elle est montée sur le Trône, doit être de la supplier de proscrire à jamais et sans retour cette maxime erronée dont ses ministres ont si cruellement abusé : Si veut le Roi, si veut la loi ; principe dangereux, contraire aux intentions bienfaisantes d’un roi juste, autant que funeste et terrible dans ses conséquences ; principe qui met la volonté du monarque à la place des lois fondamentales et livre celles-ci à l’arbitraire et aux caprices ; principe, enfin, qu’il faut reléguer dans le code d’un despote et qui ne convient point à nos mœurs.
Aucune loi, si elle n’est consentie par les Etats généraux.
Les Etats généraux représentent la nation entière. La nation a le pouvoir législatif, puisque la nation a existé avant le monarque, puisque c’est elle qui s’est donnée à un monarque pour la gouverner suivant les lois établies avant lui.
Ne traiter que les objets de délibération qui leur seront présentés au nom du Roi, ce serait donc, de la part de nos représentants, ne pas user de nos droits ; ce serait priver les peuples de l’avantage qu’ils doivent retirer d’une si noble et si importante assemblée.
Elle doit embrasser tout ce qui peut concourir à notre bonheur, c’est là ce qui la distingue essentiellement d’une simple assemblée de notables invités par Sa Majesté à se rendre auprès de sa personne ; celle-ci n’a de voix que pour les invitations et les conseils ; celle-là, de concert avec le monarque, arrête et conclut les lois, l’autorité et puissance royales les promulgue et veille à leur exécution.
Il est bien intéressant pour nous, pauvre peuple, que nos députés aux Etats se pénètrent de cette vérité et qu’ils ressaisissent ce droit législatif de la nation, imprescriptible par lui-même et qu’aucune traite de temps n’a pu lui faire perdre.
Un des plus grands malheurs qui aient affligé nos pères, c’est le peu de stabilité qu’ont eu les décisions des précédents Etats, vaines cérémonies, pour la plupart, dont tout l’éclat s’est répandu au dehors, sans produire presque aucune des heureuses réformes dont ils donnaient l’espoir ; ils rappellent, hélas ! toutes les calamités qui ont donné lieu à leur convocation et n’offrent plus de trace des remèdes qui avaient été proposés pour les réparer.
Conclusions :
Retour périodique des Etats généraux.
Avant de s’occuper des projets qui leur seront remis sous les yeux pour réformer les points les plus importants et les plus susceptibles d’abus dans l’administration et dans la législation, avant d’accorder aucune espèce d’impôt, les Etats prendront toutes les précautions convenables pour que tout ce qui aura été résolu en cette Assemblée nationale demeure pour loi stable et inviolable, sans qu’il soit loisible, par interprétation, modification, extension, ampliation, directement ni indirectement, y déroger ou altérer, avec défense aux Cours de parlement, Chambre des comptes, Cour des aides, présidiaux, baillis, sénéchaux, leurs lieutenants, officiers et autres d’avoir aucun égard à quelconques lettres, mandements jussions ou expéditions faites ou obtenues au préjudice et contre la teneur d’iceux, quelque chose, dérogation, qui y soient contenues.
E,t pour obvier aux inconvénients qui ont résulté jusqu’ici des coups d’autorité par lesquels on a forcé des enregistrements, pour obvier à l’abus non moins grand qu’a produit la trop grande facilité des Cours à enregistrer des impôts multipliés qui ne doivent être perçus qu’après avoir été consentis par la Nation, les députés, avant de se séparer, arrêteront par une loi formelle et précise, le retour périodique des Etats généraux ; ils en fixeront l’époque et prendront toutes les mesures convenables pour que, sans autre convocation, la tenue desd.Etats ait lieu à lad.époque.
Si intermédiairement et dans l’intervalle, Sa Majesté croyait convenable de faire une loi et crût nécessaire et urgent de recourir à de nouveaux subsides, Sa Majesté avancera le terme de ladite tenue, interdisant aux Cours et parlement et autres toutes connaissance et vérifications, même provisoires, en matière d’impôts et de législation, la Nation seule ayant le droit de statuer sur ce double sujet.
Chapitre 2 :
Lettres de cachet.
Restreindre l’usage des lettres de cachet aux seuls cas urgents, mais sans dénoncer dans lesd.lettres de cachet l’ordre formel de remettre le prisonnier dans les 24 heures de sa détention entre les mains de ses juges naturels ; et, dans le cas où les détenus seraient jugés innocents, les délateurs seront nommés pour être poursuivis par les voies de droit et dans les tribunaux ordinaires.
Chapitre 3 :
Finances.
Examen du déficit.
Nos représentants aux Etats généraux supplieront Sa Majesté de leur faire remettre les états de recette et de dépense et l’état de situation de la dette publique, pour proportionner la fixation des impôts avec ses besoins.
Pensions.
Ils se feront également représenter la liste des pensionnaires de l’Etat et demanderont la suppression des pensions non méritées ou exorbitantes.
Réformes dans les maisons royales.
Ils insisteront sur la continuation des réformes heureusement commencées dans la maison royale et celles des princes et princesses, sans nuire cependant à l’éclat du trône et à la garde de la personne sacrée de Sa Majesté.
Gabelles et Aides.
Ils s’occuperont de l’examen de tous les impôts qui subsistent et se perçoivent dans toute l’étendue du Royaume ; demanderont la suppression des gabelles, déjà jugée par Sa Majesté et par l’assemblée des notables ; celle des aides et des autres droits soumis à la même régie.
Impôt territorial.
Ils s’occuperont de l’impôt territorial, représentatif des taille, capitation, vingtièmes et accessoire, en arrêteront la répartition à raison des propriétés sans distinction d’Ordre ni de privilèges quelconques.
Corvées.
A l’égard des corvées, ils demanderont qu’elles soient converties en un impôt qui sera supporté partie par les propriétaires, partie par les cultivateurs ou locataires et partie par le commerce et l’industrie.
Chapitre 4 :
Francs-fiefs.
Toute distinction pécuniaire étant abolie entre les 3 Ordres de l’Etat, les Francs-fiefs seront à l’avenir supprimés.
Chapitre 5 :
Contrôle, insinuation et centième denier.
Droits de contrôle.
Le contrôle n’ayant été établi que pour constater la dates des actes, les droits seront modérés et fixés par un tarif, de manière à bannir l’arbitraire.
Insinuation.
Les députés demanderont également une modération dans les droits de l’insinuation.
Centième denier
Tout citoyen devant avoir la faculté de disposer librement de ses biens, les succession en ligne collatérale étant de droit naturel, le centième denier sera supprimé dans tous les cas où il y a lieu.
Chapitre 6 :
Administration de la justice.
Réforme des codes civil et criminel.
Pour la réformation d’un code civil et criminel, les députés aux Etats nommeront une commission composée de membre de la Noblesse, du Clergé et du Tiers Etats, dans la proportion adoptée pour les Etats généraux. Chaque loi sera rapportée aux Etats et vérifiée par eux, et Sa Majesté sera suppliée de la promulguer dans une forme impérative qui exigera un prompt enregistrement dans les Cours, sans qu’elles puissent faire aucunes représentations ni remontrances.
Abolition et réformation des coutumes.
La diversité des coutumes donnant naissance à une infinité de procès, il leur sera substitué une loi générale ; et, dans le cas où la réformation ne pourrait être faite en entier, les députés demanderont la réformation des articles des coutumes pour les successions directes et collatérales dans les biens féodaux.
Egalité des peines.
Pour détruire le préjugé funeste par lequel une famille de roturiers se trouve flétrie lorsqu’elle a eut le malheur de voir frapper un de ses membres du glaive de la loi, tandis que le supplice d’un criminel de haute naissance qui à la tête tranchée sur un échafaud ne déshonore point sa famille, toute distinction sera abolie.
Procédure publique contre l’accusé.
Une procédure publique sera substituée à la procédure secrète qui a lieu jusqu’ici.
Conseils aux accusés.
Les députés proposeront aux Etats de discuter s’il est utile de donner un conseil aux accusés, après toutefois le premier interrogatoire subi.
Composition des Cours.
Ils proposeront la rédaction d’une loi nationale pour pourvoir à ce que les Cours souveraines soient toujours composées pour la moitié de membres du Tiers Etat.
Noblesse par charge de judicature supprimée.
Les offices de judicature n’aboliront dans aucun tribunal que ce soit, et tout autres charges donnant la noblesse seront supprimées.
Conditions pour posséder les charges de justice.
Prescrire l’âge et le temps nécessaire pour posséder les offices des Cours souveraines.
Nuls juges supérieurs qui n’aient préalablement rempli des sièges inférieurs.
Il sera ordonné qu’aucun sujet ne pourra être élevé à la dignité de juge sans avoir pendant un certain temps suivi le barreau, et que les offices de magistrature dans les Cours ne pourront être remplis que par ceux qui auront siégé un temps convenable dans les sièges inférieurs du ressort de la Cour dont on voudra devenir membre, ou ceux qui auront été inscrit sur le tableau des avocats de lad .Cour pendant 4 année consécutives.
Dispenses d’âge et d’études supprimées.
Il ne sera plus accordé de dispense d’âge et de temps d’études pour quelque cas que ce soit.
Erection de tribunaux.
L’intention de Sa Majesté pour le bien des justiciable étant qu’ils soient près de leurs juges, les députés demanderont l’établissement de bailliage royaux de 10 lieues en 10 lieues, lequel bailliage, pour les 5 baronnies du Perche-Gouët, sera placé à Brou. Ces bailliages royaux seront composés de 3 juges, d’un avocat et d’un procureur du Roi, et ces juges pourront juger en dernier ressort jusqu’à la somme de 500 livres.
Compétences et pouvoirs des tribunaux. La compétence des présidiaux sera étendue à la somme de 6000 livres.
La loi de l’inamovibilité des offices sera renouvelée.
Suppression des droits royaux et des épices.
Rendre justice étant la dette du Roi, les procès ne doivent pas devenir une branche de revenus pour le Souverain ; les députés aux 2tat demanderont donc le suppression de tous les droits bursaux comme contrôle de dépens, 8s. pour livre et autres, ou au moins la réduction de tous ces droits en un seul dont le produit sera appliqué au paiement des honoraires des juges en raison de leur travail, outre l’intérêt des finances de leur charge ; au moyen de quoi les épices et vacations des juges seront supprimés.
Chapitre 7 :
Féodalité.
Conversion de champarts.
Le champart tel qu’il est perçu étant nuisible à l’agriculture en ce qu’il prive le cultivateur des empaillements et des terres des engrais nécessaires, les députés demanderont la conversion du droit de champart en une redevance en grains ou en argent, au choix du redevable, et remboursable au denier légal.
Conversion des dîmes inféodées.
La même conversion et la même faculté de rachat sera demandée pour les dîmes inféodées, avenages et autres redevances foncières et féodales, de quelque espèce qu’elles soient.
Conversion du droit de rachat.
Demander l’abonnement du droit de rachat dû dans le Perche-Gouët et à toute mort et mutation, conformément à l’estimation faite lors de la rédaction de la coutume de 1508, en ayant égard à la différence actuelle de la valeur du numéraire.
Suppression des banalités.
Les banalité des fours, moulins et pressoirs tendant à gêner la liberté des citoyens, en demander l’extinction, et particulièrement pour la province du Perche-Gouët, dont la coutume ne l’établit pas.
Extension du droit de chasse.
Pour le bien de l’agriculture et empêcher la dévastation causée par la trop grande quantité de gibier, les députés demanderont que le droit de chasse soit accordé à tout propriétaire ayant 50 arpents dans le même territoire.
Suppression des colombiers.
Les mêmes motifs feront demander la suppression des volières ou colombiers et la permission de tirer sur les pigeons bisets comme gibier.
Chapitre 8 :
Droits ecclésiastiques.
Suppression de tout droit en Cour de Rome.
Les droits de la Cour de Rome étant onéreux au Royaume, les députés demanderont que toutes les dispenses soient données à l’avenir par les ordinaires et gratuitement, et que, dans aucun cas le pape ne puissent percevoir des droits pécuniaires dans le Royaume.
Réunion des couvents.Dotation des curés et vicaires et construction de presbytères.
Demander la réunion des moines de chaque ordre au nombre de 20 dans chaque communauté, et que les biens des maisons qui se trouveront vacantes successivement soient employés à la dotation des curés et vicaires, eu égard à la population et à l’étendue des paroisses, de manière qu’aucun curé n’ai plus de 3000 livres et moins de 1200 livres, et les vicaires moins de 800 livre. Les constructions et réparations des presbytères seront prises sur les mêmes fonds.
Suppression de tous bénéfices simples.
Les titres des abbayes, prieurés et autre bénéfices simples non sujet à résidence seront supprimés et leur biens appliqués à l’établissement d’hôpitaux, d’écoles publiques et de travaux de charité dans les villes de bailliages royaux et pour toutes les paroisses de leur ressort.
Suppression des dîmes
Au moyen des pensions données aux curés et vicaires, les député demanderont la suppression de toutes les dîmes et du casuel perçus jusqu’à présent pour les fonctions ce leur ministère, qui seront gratuites.
Vente des droits honorifiques du Clergé.
Pour l’extinction des dettes du Clergé, demander que tous les ordres religieux, les chapitre et l’ordre ecclésiastique en général soient obligés de vendre tous les droits honorifiques et féodaux attachés à leurs propriétés pour le produit des ventes être appliqué à leur libération.
Remboursement des rentes foncières dues aux gens de mainmorte.
Faculté de rembourser toutes rentes foncières dues aux gens de mainmorte.
Chapitre 9 :
Commerce et agriculture.
Que le commerce ne déroge plus.
Révoquer la loi qui porte dérogation de la Noblesse contre tout noble faisant le commerce, loi humiliante pour le commerce et nuisible à la Noblesse.
Toutes barrières aux frontières.
Abroger tous droits de barrière dans l’intérieur du Royaume et les reculer aux frontières.
Toute liberté au commerce.
Assurer et étendre la liberté du commerce et abolir tout privilège exclusif.
Point de fermiers au-dessus de 100 arpents par saisons.
Pour favoriser la population, multiplier l’établissement des laboureurs, et pour l’amélioration de la culture des terres, les députés solliciteront une loi qui portera qu’aucune ferme ne pourra être composée de plus de 100 arpents par saison, et que tous baux faits par les bénéficiers auront leur exécution nonobstant le décès du titulaire.
Chapitre 10 :
Etats Provinciaux.
Etats provinciaux à chaque province.
Sa Majesté sera suppliée d’accorder à chaque province des Etats, et les Etats généraux indiqueront la forme la plus convenable pour lier l’administration particulière de chaque province à l’administration générale du Royaume et leur donner une consistance durable. Orléans sera le lieu où se tiendront les Etats pour la Beauce, et Chartres pour les 5 baronnies du Perche-Gouët
Matières attributives aux Etats Provinciaux. Savoir :
1° répartition d’impôts ;
2° disposition des corvées ;
3° formation de milice ;
4° la haute police.
Il sera attribué aux Etats Provinciaux :
1° la répartition des impôts par les Etats généraux.
2° l’emploi de l’impôt représentatif des corvées, dont partie sera laissée aux municipalités de chaque paroisse pour l’entretien ou la confection de ses chemins particuliers.
3° la formation des milices, dont la prestation pourra se faire par chaque district, soit en homme, soit en argent.
4° Les Etats provinciaux auront la haute police dans leur arrondissement, particulièrement pour le commerce des grains, dont l’importation ou l’exportation sera réglée par eux relativement à l’intérêt et aux besoins de chaque province.
Comptabilité
Chaque district qui sera formé dans les provinces aura un receveur qu’il nommera lui-même et de la solvabilité duquel il répondra. Les collecteurs de chaque paroisse verseront dans celle du trésorier général de la province, dans les termes fixés par les Etats généraux.
A la fin de chaque année, les comptes seront rendus à l’assemblée de district, comme le trésorier des Etats Provinciaux rendra le sien à l’assemblée desd. Etats, et le trésorier général de la province versera directement dans la caisse du Trésor royal.
Dans le cas de contestations sur la répartition et la levée de toutes espèces d’impôts, elles seront portées devant les juges royaux de chaque district.
Suppression des tribunaux d’exception.
Les Election et autre tribunaux d’exception seront supprimés, ainsi que les receveurs généraux des finances, des tailles et autres.
Chapitre 11 :
Municipalités.
Municipalités et leurs droits.
Dans chaque paroisse où il n’y aura point de juge ou de procureur fiscal résidant, la police locale sera donnée à la municipalité.
Toutes contestations sommaires sur les points de fait seront portées devant les municipalités pour avoir préalablement leur avis.
Chapitre 12 :
Maréchaussée
Augmentation des maréchaussées.
Pour la sûreté de l’intérieur du Royaume, les maréchaussées seront augmentées, de manière que tous les chefs-lieux ayant marché soient pourvu d’une brigade, et les dépenses de leur entretien seront prise sur les fonds du département de la guerre.
Chapitre 13 :
Poids et Mesures
Egalité de poids et mesures. La diversité des poids et mesures multipliant les entraves du commerce et donnant lieu à une multitude d’abus, les députés solliciteront une loi qui établira des mesures et des poids communs pour tout le Royaume.
Fait et rédigé par nous, commissaires élus par le procès-verbal du 9 de ce mois, et arrêté par nous, députés soussignés, en l’hôtel de M. le lieutenant général de Janville, le jeudi 12 mars 1789.
Suivent les 49 signatures.
C/ Assemblée Générale des 3 Ordres du Baillage d’Orléans
Le bailliage d’Orléans était d’autant plus important qu’il avait dans sa mouvance six bailliages secondaires dont celui de Janville. Aussi la machine fut lourde à mettre en marche.
Les assemblées de paroisse du bailliage semblent s’être tenues entre le 27 février et le 5 mars.
L’assemblée préliminaire du Tiers Etat du bailliage d’Orléans réunit le 7 mars soit 431 députés qui nommèrent vingt commissaires pour la rédaction du cahier commun.
Le lendemain, on devait procéder à la réduction au quart. Le lieutenant général, Pierre Augustin Curault de la Touche, annonça d’abord que « cette réduction était inconstitutionnelle et contraire aux intérêts du Tiers », puis que les élections étaient annulées et l’assemblée ajournée au 16 mars.
L’Ordonnance du Lieutenant général fut cassée le 12 mars par un arrêt du Conseil. Et le Tiers du bailliage d’Orléans se réunit à nouveau le 16 et se partagea en treize districts pour procéder à la réduction au quart.
Selon A. Brette « toutes les difficultés pour la réduction au quart étaient provoquées par les 36 Députés de la ville d’Orléans qui ne voulaient pas être compris dans la réduction ». A Chartres les Députés de la ville avaient obtenu en douceur un tour de faveur puisque tous les dix avaient été maintenus parmi les 200 députés conservés. Mais il était plus facile de se maintenir à 10 sur 200 qu’à 36 sur 109, nombre auquel fut réduite la délégation du bailliage principal d’Orléans. C Bloch ne donne pas les noms des députés qui furent conservés.
Le 16 mars 1789
Assemblée générale des trois ordres du bailliage principal et des bailliages secondaires dans l'église des Jacobins sous la présidence du grand bailli d’épée Claude Antoine de Beziade marquis d’Avaray.
C’est donc 938 députés du Tiers Etat, du Clergé et de la Noblesse qui se retrouvent à Orléans :
Après la réduction au ¼ des députés là où elle devait se faire, les trois ordres tiennent des assemblées qui, tantôt leur sont communes, tantôt sont particulières.
C’est seulement le 21 mars que purent se réunir les députations réduites au quart, du bailliage principal et des bailliages secondaires.
Le 24 mars, le cahier commun fut approuvé. Il suivait de près le cahier du bailliage principal lui même fort inspiré du cahier de la ville d’Orléans. Honoré Denis Billault député d’Unverre fit partie des commissions de rédaction du cahier.
Après la rédaction du cahier commun faite à Janville puis la rédaction du cahier commun à Orléans, le cahier du Tiers Etats du bailliage principal d’Orléans n’avait sans doute plus grande ressemblance avec le cahier de doléances parti de Brou .
Le 25 mars, le Tiers Etat procéda à l’élection des six députés et de quatre suppléants.
D/ Résultats des élections des députés aux Etats généraux17 de Versailles
Les Elus.
Clergé élection les 28 et 30 mars. Trois titulaires :
1° Liphard Daniel Blandin Curé de Saint Pierre le Puellier d’Orléans
2° Marc Antoine Moutier Chanoine de l’église d’Orléans.
3° Sicaire de Chapt de Rastignac Abbé commendataire de Saint-Mesmin.
Noblesse élection le 1, 2 et 3 avril. Trois titulaires :
1° Claude Antoine de Beziade
2° Jacques Isaac Seurrat de la Boulaye
3° François Louis de Barville
Tiers Etat élection le 25 mars. Six titulaires :
1° Guillaume Anne Salomon de la Saugerie avocat Docteur-régent en l’Université.
2° Louis jean Pellerin de la Buxière ancien médecin du Roi.
3° Liphard Julien Leffort-Greffier, négociant à Orléans.
4° Jean Pierre Guillaume Delahaye, bourgeois à Montmirail baronnie du Perche-Gouët bailliage de Janville.
5° Jean Louis Henry de Longueve, avocat du roi au bailliage et présidial.
6° François Simon Defay-Boutheroue négociants Orléans.
Suppléants :
1° Auxy Miron lieutenant de police.
2° Marie Joseph de Meulle maître des Eaux et Forêts Beaugency.
3° Etienne Jolly dit Jolly de la Guinetière. Président au grenier à sel de Brou. Président au grenier à sel de Janville, avocat en parlement bailli juge ordinaire civil, criminel et de police de la baronnie de Bullou et de la justice de Boèche et annexes, principale justice du bourg et paroisse d’Yèvres, procureur fiscal de la baronnie de Brou y demeurant.
4° Denis Robert de Massy avocat Docteur-régent en l’Université.
Brou pouvait donc éventuellement être présent aux Etats généraux de Versailles par deux personnes :
Etienne Jolly dit Jolly de la Guinetière, d’une part, en tant que suppléant pour le Tiers Etat au baillage d’Orléans.
D’autre part, et de façon détournée, (mais cela ne devait pas effleurer sa pensée) par
Charles Philippe Simon de Montboissier-Beaufort Canillac,18 comte de Montboissier les Alluyes, Baron de Brou, Seigneur de Gault en Beauce de Luplanté, de Saint Martin du Péan, de Saumeray, seigneur du fief d’Ymonville paroisse d’Allones de Launay, de Pierre Coupe et autres lieux, paroisse de Neuvy en Dunois demeurant rue de Richelieu, à Paris, maréchal de camp, ancien mestre de camp, lieutenant commandant du régiment d’Orléans-dragons, membre et ancien vénérable de la loge de l’amitié à l’épreuve, à l’Orient du régiment d’Orléans-dragons à Châteaudun Marquis de Dangeau, chevalier de Saint Louis,
Elu au 3ème tour le mardi 24 mars 1789 par 97 voix sur 179 suffrages. Né en 1750 décédé en l’an X.
Le Baron de Montboissier démissionna en décembre 1789.
Charles Philippe Simon de Montboissier-Beaufort Canillac est ici présenté comme Baron de Brou.
Or le comte de Grosberg-Bavière avait acheté la Baronnie de Brou le 28 avril 1784 à Monsieur de Montboissier. Le comte de Montboissier pouvait-il donc encore se prévaloir du titre de Baron de Brou.
Ce dossier a été rédigé par F.G avec son aimable autorisation.
Annotations :
1 : Les cahiers de doléances Eure et Loir, Denis Jeanson éditeur
2 : Le roi admet la nécessité d'établir une règle constante, en terme juridique, cela signifie : doter le pays d'une constitution.
3 : Duc d'Orléans futur Phlippe Egalité père de Louis Philippe.
4 : Beaumont les Autels.
5 : la N155 devenue D 955.
6 : Jacques Philippe Isaac Guèau de Gravelles,, marquis de Reverseaux, Seigneur d'Allones, propriétaire du château de Beaumont le Chartif. Maître des requêtes, intendant à Moulins, puis à la Rorchelle. Hostiler à Jacques Neker. Arrété à Chartres, chez lui rue de Beauvais, le 9 août 1793, transféré à Paris, défendu par Chauveau-Lagarde, avocat à Chartres, condamné à mort et exécuté le 12 février 1794.
7 : Même remarque dans le cahier de doléances des Autels Villevillon à propos de l'entretien des chemins menant à Brou et à Authon.
8 : Rousseau Aimable aurait eu l'honneur de prêcher un Avent à la Cour.Curé de Gas en 1767, il résigne en 1769.Curé d'Aunneau en 1781, résigne en 1784 pour devenir, la même année, curé de Beaumont les Autels. Prête le serment constitutionnel en 1791. Curé de Marboué en 1803, il y décède en 1832 à l'âge de 81 ans.
9 : Mettre ici le nom de l'officier publique (sic) qui tiendra l'assemblée, et ensuite les noms de tous les habitants comparans.
10 : Placer ici le nombre de feux.
11 : Placer ici le nom des députés et observer qu'ils n'exède pas le nombre prescrit par l'article XXXI du Règlement, savoir : de quatre pour la ville et de deux, à raison de deux cents feux et au-dessous ; de trois, au-dessus de trois cents feux . de quatre, au-dessus de quatre cents feux, et aisi de suite pour les bourgs, villages et communautés de campagne.
12 : Le même président était à Bullou le lundi 23 février, à Yèvres le jeudi 26 février...
13 : A cette même date, il y avait également 420 feux, (1817 habitants) à Yèvres et 480 feux(2400 habitants) à la Bazoche Gouët. (Cahier de doléances Eure et Loir) Ed Jeanson.
14 : Les cahiers de doléances Eure et Loir, Denis Jeanson éditeur.
15 : Dans Les Cahiers de doléances Eure et Loir Ed Jeanson, la liste des députés ne correspond pas au nombre donné de 49.
16 Camille Boch négligea de noter leur nom et le document original brûla en 1940.
17 : Voir les Représentants d'Eure et Loir au corps législatif de 1789 à 1799 par Maurice Jusselin Ed. Lester
18 : Les cahiers de doléances Eure et Loir, Denis Jeanson éditeur.
On connaît plusieurs variantes de ce conte, qui aurait, soit-disant, pour origine un fait réel qui se serait passé à Brou, au cours du 16 ou 17ème siècle.
On trouvera dans ce récit quelques méconnaissances de la région, comme le fait de placer Brou dans la Beauce et Unverre sur la route de Brou à Paris.
En aucune manière, ce conte n'a de rapport avec le marché aux veaux, très important, qui se tenait Place des halles à Brou, au début du 20ème siècle.
On lira, ci-après, cette variante qui est parue, en 1895, dans un almanach du Maine et du Perche.
Trois jeunes gens, l'un poète, l'autre musicien et le dernier acteur, cheminaient vers Paris, cet asile des arts. Là chacun pensait trouver et la fortune et la renommée. Mais en attendant la réalisation de ces rêves d'orgueil, ils en étaient réduits à un état voisin de la gène : n'ayant ni chevaux ni équipage à leur service. Ils avaient dû partir à pied au hasard du chemin. D'une telle misère nos amis se souciaient peu. D'ailleurs le temps était superbe (on était au plus beaux jours), et toutes ces diverses campagnes qui défilaient sous leurs yeux offraient un charme irrésistible à leur brillante imagination. Tantôt c'était de riches coteaux chargés de vignes puis des blés aux épis d'or. Chaque matin s'offrait une nouvelle surprise.
Tant que durèrent leurs faibles ressources tout alla ainsi pour le mieux : ils étaient certains de trouver chaque soir gîte et dîner. Mais lorsque leur dernier liard se fût éclipsé sans même leur dire adieu, il fallut s'ingénier pour y suppléer. Une telle question en eût peut-être embarrassé d'autres ; mais, eux, artistes et surtout enfants de la Gascogne (ce qui est à considérer), ne devaient s'arrêter à ce piètre détail. Le musicien ne savait-il plus pincer de la guitare et jouer de la flûte, et l'acteur ne pouvait-il plus provoquer le fou rire par ses boniments imperturbables ? Il n'était jusqu'au poète qui ne sut faire pleuvoir quelques écus en récitant une pièce de vers en l'honneur d'un riche châtelain ami des lettres. Souvent même ils s'érigeaient en véritable troupe et donnaient dans les villes importantes de petites pièces de leur façon.
C'est en procédant de la sorte qu'ils avaient enfin atteint la Beauce : Paris approchait. aussi nos trois Gascons s'en réjouissaient-ils vivement. Quand ils auraient encore fait les bouffons pendant une huitaine de jours , ils auraient atteint le but de leur voyage. En revanche, ils se montraient plus exigeants envers le public : Ils entendaient ne pas être confondus avec de vulgaires bateleurs.
Arrivés de nuit à Brou, ils s'enquièrent du meilleur hôtel, et se donnant pour des acteurs de Paris, ils s'y firent servir un copieux repas et dresser de bons lits.
Le lendemain, après s'être assurés d'une grange spacieuse, les trois amis parcoururent les rues de la ville en révolutionnant les habitants par leurs bruyantes symphonies, suivies d'une explication pompeuse annonçant que ce soir-là il leur serait donné de voir ce qu'ils n'avaient jamais vu : une pièce de théâtre, occasion qui ne retrouveraient sans doute jamais.
Effectivement, jamais les gens de Brou n'avaient été à même d'assister au moindre spectacle, et c'est au point que la plupart ignoraient ce que pouvait bien être. Il est bon de dire que l'histoire se passait il y a trois cents ans : ce qui explique l'affluence qui ne tarda pas à se montrer aux abords de la grange. Mais de tout temps le Beauceron fut méfiant : aussi peu se risquèrent à prendre place à l'intérieur du théâtre improvisé pensant que cela ne valait peut-être pas l'argent. Il ne fallait pas débourser moins de cinq sous et on y regardait alors. Le musicien avait beau moduler les plus beaux morceaux sur sa flûte, l'acteur faire les plus drolatiques contorsions que comporte la pantomime, tandis que le poète s'égosillait en vain pour annoncer le prix, en montrant ses cinq doigts pour ceux qui avaient l'oreille dure : personne ne faisait mine d'entendre ou de voir.
-- Ah çà ! dit tout à coup l'acteur, on dirait qu'ils se fichent de nous ! Cependant notre talent vaut bien leur curiosité je suppose !
-- Peut-être trouvent-ils cela trop cher pour leur moyen, reprit le musicien en suspendant sa symphonie.
--Abaissons le prix, afin de le faire voir que nous n'en voulons pas à leur bourse. Si vous m'en croyez nous ne prendrons que deux sous . le théâtre est grand, nous retrouverons en quantité ce que nous perdons en qualité.
-- Entendu reprirent les autres d'un commun accord.
Assuré dès lors du succès, le cicérone impose le silence à la foule et s'écrie d'une voix de stentor :
« Oui, braves gens, si vous nous avez pris pour des escrocs, vous vous êtes bel et bien trompés, et, afin de vous prouver que nous tenons à votre remerciement qu'à votre argent, nous venons d'abaisser nos prix, afin que chacun puisse profiter de notre étonnant spectacle. Ce ne sera pas vingt sous , comme nous avons pris dans toutes les grandes villes où nous avons passé, ni même cinq sous comme toute à l'heure, mais deux sous seulement. Et à seule fin d'être en rapport avec le goût de nos spectateurs, nous allons jouer un mystère inédit : « La fuite des enfants sans argent ».
L'argument fût décisif : la glace était rompue, chacun se précipite à la caisse et va prendre sa place à l'intérieur. Le pitre faisant mine de pousser la foule à mesure qu'elle entrait, était d'un comique achevé, tandis que le musicien s'évertuait sur sa flûte. Bref, tous étaient contents, les uns heureux d'une bonne aubaine, tandis que les autres se réjouissaient d'entrer à peu de frais.
Pendant plus d'une demi-heure le public ne cessa d'affluer. Bientôt il fallut faire serrer les rangs, afin de pouvoir loger tout le monde. Les poutres de la grange même furent occupées. De sorte que Brou devint presque désert : il eût fallu être impotent pour ne pas profiter d'une telle occasion. Enfin un dernier retardataire versa ses deux sous à la caisse.
Déjà les sectateurs témoignaient leur impatience par des trépignements et des huées. On demandait la levée du rideau.
-- Il faut y aller dit l'acteur.
-- Plus souvent, repris le musicien: se figurent-ils que pour deux sous misérables nous allons nous égosiller dans cette grange ? D'ailleurs, puisque j'ai annoncé « La fuite des enfants sans argent » jouons-leur cette comédie.
-- Compris, ajouta le poète en clignant significativement de l'œil, et repoussant brusquement la porte, qu'il ferma à double tour: puis , ayant glissé la clé dans sa ceinture, il s'esquiva à toutes jambes. Ses compagnons suivirent son exemple, sans toutefois oublier la caisse, dont chacun pu égaliser la charge dans son aumônière, et voilà nos drôles sur la route de Paris, sans se soucier le moins du monde de ce qui se passait dans la grange.
Après une course d'une bonne heure, ils s'arrêtèrent pour souffler et compter la recette. Ils avaient en caisse une quarantaine de livres ; avec cela ils pourraient aisément atteindre Paris. Heureux de leur succès, ils s'arrêtèrent bientôt à Unverre, ils résolurent de passer la nuit.
Un autre voyageur se trouvait à la table de l'auberge où ils descendirent. Vite la conversation de s'engager et bientôt on eût fait connaissance. C'était un Percheron qui regagnait ses pénates , après un long séjour dans la capitale où nos amis braient d'arriver. D'après son dire, cette ville tant vantée était véritablement l'Eldorado des artistes. La conversation devint même si familière que l' on vint à parier qui payerait le repas commun. Il fût convenu que celui des quatres qui ferait le souhait le plus mirobolant dînerait aux frais des trois autres. Comme on peut s'en douter, ce fut le Percheron qui proposa la chose, certain sans doute de dîner pour rien. Quoi qu'il en soit, les trois Gascons acceptèrent avec empressement.
--Je voudrais, dit le musicien, posséder toutes les pièces d'or et d'argent qui se frappent dans les divers royaumes de la terre.
-- Moi, dit le poète, je voudrais que tous les grains de sable qui bordent la mer soient autant de ducats en ma possession.
Ce deuxième souhait surpassait le premier : il fallait donc trouver mieux encore.
alors l'acteur, après avoir réfléchi un instant, reprit :
--Eh bien ! moi, je voudrais que la mer fût un encrier et que je possédasse toutes les sommes due j'écrirais avec cette encre jusqu'à ce qu'elle fût à sec.
Les deux premiers étaient donc de beaucoup en arrière sur ce dernier vœu aussi il était fort douteux qu'il pût être dépassé.
Néanmoins le Percheron ne se déconcerta pas :
--Messieurs, dit-il, après les brillants souhaits que vous venez d'émettre, il m'est impossible de trouver mieux. C'est pourquoi je ne désirerais qu'une chose, c'est que vous fussiez tous trois au paradis m'ayant toutefois auparavant légué chacun votre fortune.
C'était lui qui avait gagné le pari, aussi, comme il était convenu, fût-il régalé aux des trois autres. La soirée fut des plus animée et l'on ne sépara qu'après s'être assuré de réciproques sentiments.
Tout en devisant, l'acteur venait de retrouver la clé de la grange parmi son paquet d'effets. Pensant alors au désespoir des malheureux spectateurs, il chercha le moyen de les délivrer sans y retourner. Aussitôt une pensée de vengeance s'offrit à lui . ce Percheron, qu'ils venaient de régler aussi naïvement, allait les tirer d'embarras, quitte à en subir les conséquences.
--Vous passez par Brou, nous avez-vous dit ?
Certainement,et si je puis vous être utile en quelque chose, je me fais fort d'être à votre service.
-- C'est que, continua l'acteur en montrant sa clé, nous avons emporté par mégarde la clé d'une grange où sont enfermés des veaux . Ne pourriez-vous leur ouvrir?
--Avec plaisir ! Entre amis on ne peut rien se refuser. De me que puisque vous allez à Paris d'où j'arrive, je puis vous laisser l'adresse de l'hôtel où je restais : en vous donnant comme mes frères, vous serrez traités à merveille.
Les trois Gascons acceptèrent avec empressement cette dernière proposition et ils inscrivirent l'adresse que leur donnait le Percheron. Enfin on allait se coucher et chacun dormit du sommeil du juste.
Le lendemain, les trois artistes reprenaient leur marche vers Paris, tandis que le Percheron, muni de la fameuse clé, partait pour Brou.
Ce dernier ne tarda pas à arriver auprès de la grange , qu'il reconnut aisément au brouhaha qui régnait à l'intérieur.
--Minute, les amis, se dit-il : ce ne sont pas là des veaux à quatre pattes : passons notre chemin. Les gaillards tiennent à me faire payer leur repas : mais ils ne connaissent guère le vieux renard qui loge dans ma peau. Je me doutais de la farce. Comme si c'était ordinaire que des drôles de leur trempe soient en possession de troupeaux dont ils confient la clé au premier venu! Mais je les attend à Paris, dans mon hôtel.
Chemin faisant, le voyageur avait dépassé Brou. Un gros fermier s'y rendait : le Percheron s'approche de lui et, tendant humblement la main, implore son assistance, se disant à bout de ressources: mais le Beauceron, loin de s'apitoyer , le reçut brutalement, disant qu'il n'avait pas coutume de donner aux fainéants qui courent les routes;
-- Ne vous emportez pas pour cela. On donne ou on ne donne pas : voilà tout. Mais, puisqu'il vous en coûte tant de sortir quelques sous de votre bourse, ne pourriez-vous me rendre un autre service moins onéreux ? Voici une clé que j'ai emportée par mégarde d'une grange où j'ai couché à Brou : ne pourriez-vous donner la liberté aux veaux qu'elle renferme.
-- Donnez- la moi, votre clé, je la reporterai où vous l'avez prise, pour obliger celui à qui elle appartient : mais ça va m'apprendre une fois de plus qu'il ne fait pas bon loger de pareils drôles.
Le Beauceron, ayant pris la clé que lui tendait le voyageur, partit d'un air bourru vers la ville. Arrivé auprès de la susdite grange, il s'empresse d'ouvrir : mais au même instant il est jeté à terre par la poussée violente qu'exercent les prisonniers et il est foulé aux pieds par ces forcenés, qui le prennent pour un complice des acteurs ; les femmes, les enfants s'acharnent sur sa personne et bientôt il est en lambeaux : son sang s'échappe par vingt blessures. Il eût certes péri victime de son imprudence si plusieurs assistants qui le connaissaient ne se fussent interposés. Bientôt tout s'explique ; on reconnaît qu'assaillants et assailli avaient tous été victimes de drôles éhontés.
L'histoire se répandit bientôt dans la province , et c'est depuis ce temps que, pour désigner un individu qui s'est laissé flagorner par un autre, on dit : « pauvre gars, il ressemble aux veaux de Brou ».
Quant aux trois compères, ils ne tardèrent pas à gagner Paris et n'eurent rien de plus pressé que de se présenter à l'adresse indiquée par le malicieux Percheron. Or, c'était là qu'il les attendait. En se donnant comme frères du dernier occupant, ils pensaient être reçus à bras ouverts ; mais ils eurent tout lieu de s'en mordre les ongles. Le Percheron s'était enfui criblé de dettes, disant que sa famille viendrait régler les comptes. C'est pourquoi, en dédit de tout ce qu'ils purent opposer à leur première déclaration, ils furent sommés d'acquitter les dettes de leur soi-disant frère, chose qui leur fut de toute impossibilité, n'ayant plus le moindre ducaton dans le gousset.
--Ah! Mes drôles, dit l'hôtelier en saisissant un manche à balai qui se trouvait à sa portée, vous pensez vous rire aussi de moi ! Attendez un peu, nous allons voir si vos épaules sont de bon aloi.
Aussitôt il appelle ses valets, qui accourent munis également de solides gourdins. Les trois amis veulent s'enfuir ; mais les issues sont fermées, il leur faut recevoir la plus belle raclée qu'il soit possible de rêver . Ce ne fut qu'à moitié disloqués qu'il leur fut permis de s'enfuir.
Comme on peut le croire, ils ne se firent pas prier pour allonger les jambes et déguerpir au plus vite. Mais pour comble d'infortune, le guet, attirés par tout ce vacarme, accourt et prenant nos drôles pour des voleurs, ils sont arrêtés, en dépit de toutes leurs protestations d'honnêteté. Conduit devant l'échevin du quartier, ils avouèrent leur mésaventure : comme quoi voulant prendre ils avaient été pris. L'histoire ayant paru singulière à ce magistrat, il fut le premier à en rire et puisqu'en somme il n'avait pas affaire à des malfaiteurs, il les fit relâcher séance tenante. Nos amis ne le firent pas dire deux fois. A leurs avis, ils l'échappaient belle car en ce temps la justice était d'ordinaire aussi expéditive.
Cette leçon leur fut salutaire : amplement corrigés, dans la suite ils ne tentèrent plus de duper personne, sachant ce qu'il en coûte.
Ce conte écrit par A. Filleul est extrait du « Conteur de la veillée » - Almanach du Maine et du Perche – année 1895
Arrêté du Maire, sur la police du marché. Arrêté du dix-sept novembre 1837
Arrêté du Maire, sur la police du marché. Arrêté du dix-sept novembre 1837.
Nous Maire de Brou,
Vu le titre onze de la loi des 18-24 août 1790, contenant le nomenclature des objets de police, confiés à la vigilance et à l'autorité des Maires ;
Vu l'article 471, n° 4 du code pénal qui défend l'encombrement des places publiques;
Vu l'article onze de la loi du 18 juillet 1837 portant que le Maire prend des arrêtés à l'effet d'ordonner des mesures locales sur les objets confiés, par les lois, à sa vigilance et à son autorité. Considérant qu'il est d'utilité notoire, que les marchandises et les denrées de consommation transportées dans les foires et les marchés et dans les halles, pour être livrées au commerce, soient exposées et vendues dans les halles, marchés, rues et places qui, par mesure de police municipale, seront expressément assignés à chaque genre de commerce et d'industrie, de manière à ne point obstruer la voie publique et que fréquemment, les jours de marchés, il y a obstruction et encombrement de cette voie publique, résultant d'un défaut d'ordre qu'il est important de faire cesser.
Avons Arrêté
Nul n'exposera en vente, ne vendra, sur la voie publique, des objets, marchandises, denrées de consommation, d'industrie et de commerce quelconques, transportés pour les foires et marchés dans cette commune de Brou, ailleurs que dans les lieux ci-après indiqués; Néanmoins les propriétaires, marchands et cultivateurs domiciliés ou non dans la commune, conservent le droit d'exposer vendre ou faire vendre leurs denrées ou marchandises dans tous magasins, greniers ou boutiques,ou de les conduire ou faire conduire à leur destination pour la revente ou la consommation.
2
Tout genre de commerce ou d'industrie et exerçant sur les foires et marchés, tout débit de denrées exposées en vente sur le champ de foire et sur le marché, aura lieu depuis le lever jusqu'au coucher du soleil à l'exception, toutefois, de ceux pour lesquels des heures spéciales seront déterminées ainsi qu'il sera indiqué au cours du présent.
3
Le fil et la filasse dans le carrefour de l'église, faisant suite au marché à la volaille.
4
La volaille en troupeau qui se vend aux gens de la Beauce de la fin juillet à la fin septembre, sur la place de la Basse-cour.
5
La volaille grasse destinée pour la consommation, soit en troupeaux, soit en paniers, soit en mannequins et le gibier, sur la place de la volaille. Depuis Pasques jusqu'à la Toussaint, le marché des objets compris en cet article 5,ouvrira à 10 heures du matin et depuis la Toussaint jusqu'à Pasques à onze heures, l'ouverture est annoncée au public par un roulement de tambour publicateur de la mairie.
6
Les moutons dans la rue de la Chevallerie.
7
Les veaux sur la place du Griffon. L'ouverture du marché des veaux est annoncée, par le son d'une clochette affectée à ce service.
8
Les vaches sur la place d'Armes, en ne dépassant pas la ligne de l'angle des trois maries à l'angle de la maison à MR Richard, ce qui détermine le bord de la route de Chartres.
9
Tous les gros animaux, tels que les boeufs, vaches grasses, gros porcs et chevaux, dans l'espace depuis l'auberge des trois maries ceux qui exposentjusqu'à la rue de la Bouverie.
10
Les cochons de lait sur la place du Dauphin, depuis la ruelle du boeuf, jusqu'en face la maison de la dame Toisnier inclusivement, en laissant vis à vis chaque porte, un espace qui sera déterminé par des bornes, ainsi que l'avancement sur la rue.
11
Le jardinage en légumes verts et secs, le marayage et poisson aux places qu'ils occupent tant au midi de la halle, sur la place autour du puits de la dite halle que devant la chapelle de l'hospice de manière, bien entendu, que leurs marchandises devant le chapeau rouge, ne doivent aucunement gêner la circulation de la porte cochère de cette auberge et en plaçant, convenablement les bornes qui détermineront parfaitement les limites de ce marché n° 11.
12
Les laines et les peaux de toute espèce dans le bout nord est de la halle, en face la maison de Mr Louis Jolly.
13
Les poteries, faïences et vanneries à l'est de la rue de la halle.
14
Les jouers d'instruments, baladins, saltimbanques, ceux qui montrent des animaux, les sauteurs,jongleurs, équilibristes et autres gens de professions analogues. Les jeux de bagues, tous ceux qui exposent en vente dans des voitures des marchandises, produits industriels de consommation ou de commerce légumes verts ou secs, fruits cuits ou crus généralement quelconques, au midi de la place du Griffon en laissant libre (bien entendu) les entrées des maisons et écuries.
15
Le Beurre, fromage et les oeufs, dans la rue grande depuis la rue de la rose jusqu'à l'angle nord-ouest de la maison numéro 203 à Mr Brédif, pour le côté midi ; et pour le côté nord depuis l'angle sud-ouest de la maison numéro 189 à Madme Ruzé, jusques et y compris la largeur du pignon mur de la maison numéro 181 à Mr Caumont, suivant les lignes de démarcation déterminées de chaque côté de la rue, par des chaînettes supportées au moyen de barres de fer fixées sur des poteaux plantés dans le sol, conformément, au surplus, à l'arrêté municipal du 22 avril 1835, de telle sorte, toutefois, que le milieu de la rue, d'une ligne de chaînettes à l'autre reste constamment libre pour la circulation publique de même que l'entrée de toutes les maisons et boutiques, aux termes du même article. Depuis Pasques, jusqu'à la Toussaint, le marché du beurre, du fromage et des oeufs ouvrira à 10 heures précises du matin et depuis la Toussaint jusqu'à Pasques à onze heures très précises, l'ouverture à ces heures est annoncée par un roulement du tambour publicateur de la mairie.
16
La boucherie, les sabots, les grains de toute espèce, les draperies,et toutes autres marchandises analogues, aux places indiquées sous la halle. Le marché aux toiles, à l'égard des tisserands qui viennent vendre en pièces, les toiles venant de leur industrie occupera précisément l'emplacement du marché à l'avoine. Il ouvrira absolument à la même heure que le marché des veaux dont la clochette sera pour la toile le signal de l'ouverture et son cours sera de deux heures après lesquelles il fera place au marché à l'avoine. En ce qui concerne les grains de toute espèce ils occupent un emplacement qui sera limité, fixé et déterminé par des bornes. L'emplacement sera placé au midi et le mèteil à la suite, vers le nord. Les autres grains et le son seront convenablement disposés aux lieux qu'ils occupent actuellement et depuis long temps. En tous temps le marché de l'orge de la mouture et de l'avoine ouvrira à dix heures très précises. Celui du blé méteil et du seigle à onze heures aussi très précises. Enfin celui du froment à midi également précis. Ces marchés aux grains seront ouverts par un roulement du tambour publicateur de la mairie.
17
La charcuterie en face l'auberge de Saint Lubin et les environs du même côté.
18
Les quatre foires annuelles de chacune un jour de durée établie en cette ville de Brou, en vertu du décret du 11 thermidor de l'an 12 (trente juillet 1804) Le quinze mars, dite de Saint Lubin; Le vingt cinq juin, dite de Saint Jean; Le seize septembre, dite encore de Saint Lubin; Et le vingt six novembre, dite de Sainte Catherine; tiendront expressément sur la place publique Basse-cour et non ailleurs entièrement et de rigoureuse exécution ; en conséquence, les marchandises, denrées et bétail de toute sorte qui seront exposés en vente, dans la commune de Brou, pour et à l'occasion de ces quatre foires le seront expressément sur la dite place Basse-cour dans l'ordre et dans les emplacements qui seront donnés par le maire et sa police municipale, à fur et à mesure des besoins.
19
Nul marchand ni débitant de quelque nature que ce puisse être ne pourra circuler dans les halles, rues et places, les jours de marchés et les jours de foires, avec des marchandises exposées en vente à bras, en paniers, sur des charrettes, brouettes, claies, planches ni d'aucune autre manière, toute circulation étant formellement interdite, parce que ces marchands ambulants encombrent et obstruent la voie publique et occasionnent de graves accidents tandis qu'au contraire la commerce étant fixé et sédentaire dans les emplacements désignés par la police municipale, il en résulte un ordre parfait à la satisfaction générale.
20
Nous Maire, notre adjoint, le commissaire de police et la gendarmerie constateront par des procès verbaux en forme les contraventions au présent arrêté pour faire condamner les délinquans par le tribunal de simple police de Brou conformément aux articles 471 numéro 4 et 15, 474 et 483 du code pénal révisé.
21
Le présent sera publié et affiché autant que de besoin et sera transmis à Mr le sous Préfet de Châteaudun conformément aux dispositions de l'article onze de la loi de l'administration municipale du 18 juillet 1837.
Le maire . signé Jolly
La rue de la Filanderie rapelle que Brou possédait jadis une industrie textile, de nombreux TIXIERS ou TISSIERSet FILEURS y étaient établis. Les tixiers de SERGE ou SERGOTIERS, comme on les appelait autrefois, formaient au XVIIéme siècle une corporation avec jurandes(1) et maîtrises(2) , et ayant des règlements particuliers, ces règlements ou statuts furent rédigés spécialement pour la ville de Brou en 1667 .
Voici un document qui les fournit dans toute leur étendue.
" Arrest d'homologation des statuts et règlements pour les manufactures de Serges et Estamines de la ville et bailliage(3) de Brou-au-Perche . "
Extrait des Registres du Conseil d'Etat :
le Roy s'étant faict représenter en son Conseil royal de Commerce les statuts et règlements des manufactures de serges et estamines établis dans la ville et ressort du dict bailliage de Brou-au-Perche contenant trente cinq articles faicts et arrêtez sous le bon plaisir de sa majesté par GUY POQUELIN et FRANCOIS de la CROIX, marchands drapiers de la ville de Paris , députez au corps des marchands drapiers de la ville . Et PIERRE LANGE , maistre serge de la dite ville de Brou , suivant l'acte passé par-devant FRANCOIS et THOHAS , notaires au Châtelet de Paris , le 20 jour de Novembre 1667 ; approuvez et ratifiez par les maistres sergers de la dite ville de Brou en l'assemblée tenue en icelle , par-devant le Bailly et juge ordinaire de la police de la dite ville et baronnie de Brou , suivant le Procés verbal du 20° du dit moys de Novembre au dit an . Et sa Majesté considérant que l'observation des dits statuts et Réglemens peut être fort utile aux habitants de la dite ville et bailliage de Brou, et advantageux au Commerce à quoi voulant pourvoir ; ouy le rapport du sieur COLBERT , conseiller du Roy en ses conseils , Commandeur et grand trésorier de ses ordres , Controlleur général des Finances et Sur Intendant des Bâtiments de sa Maiesté et Manufactures de France : Le Roy , estant dans son conseil Royal de Commerce a approuvé et confirmé les dits statuts et règlemens des manufactures de Serges et estamines de la ville de Brou contenant trente cinq articles mentionnez au Procés-Verbal d'assemblée des maistres sergers de la dite ville de Brou , tenue par-devant le Bailly et Juge de Police de la dite ville le 29 novembre 1667 , qui sont attachez au présent arrest. Ce faisant, ordonne Sa Maiesté que les dits statuts et Règlements seront exécutez en vertu du présent arrest nobostant oppositions ou appellations quelconques sans préjudice d'icelle , dont si aucuns interviennent , sa Maiesté s'est réservée à soy et à son conseil d'Etat du Roy, sa Maiesté y estant , tenu à Paris , le sixième jour de décembre mil six cens soixante sept Signé :
De GUENEGAUD
Statuts et Réglemens a observer par les manufacturiers et sergetiers de la ville de Brou-au-Perche et dans le ressort du Bailliage de la dite ville.
ARTICLE I
" Il est défendu à tous manufacturiers de Brou de Serges , Estamines , Droguets et baracans qui se feront dans la ville de Brou et dans l'étendue du bailliage de la dite ville , de travailler ou faire travailler à la dite manufacture , sous quelque prétexte que ce soit les jours de Dimanches et des Festes commandées par l'Église à peine de dix livres d'amende. "
ARTICLE II
" Défences sont faictes à tous maistres , ouvriers , marchands de ceste ville de Brou et dépendances , et aux marchands forains d'exposer en vente et d'acheter aucune pièce de marchandises aux jours de festes ci-dessus , à peine de confiscation et de Cent livres d'amende. "
ARTICLE III
"Tous les maistres du dit mestier travaillans ou faisant travailler se trouveront en l'Église de St LUBIN de Brou , la veille de St BLAISE , leur patron , aux premiers vespres , le lendemain , à la grande messe et le jour suivant , ou le plus commode d'après, ils assisteront tous au service qui se fera pour tous les déffuncts Maistres en la dite Église , à peine de cinq sols d'amende . Ils seront pareillement tenus d'assister aux convoys et enterremens des Maistres jurez et autres Maistres du dict mestier et de leurs femmes , sous la même peine. "
ARITICLE IV
"Le corps du mestier de sergerie sera composé tous les Maistres qui ont travaillez et font à présent travaillez aux dites manufactures et qui en ont faict apprentissage en la dite ville de Brou et de tous les environs d'iceluy à sçavoir : Yèvre , Châtillon , Arrou , Courtalain , Gohory , Beaumont , la Basoche ,Charbonnières , Unverre , Moulehard , Chapelle.Royalle, Miermaigne , Lugny ,Dampierre et austres lieux du ressort et bailliage de Brou . Tous lesquels Maistres bailleront leurs noms , surnoms , et demeures par escript et se feront inscrire sur les Registres du Greffe de Police du dict bailliage et de la commumauté du corps des Maistres du dict mestier par les Maistres jurez en charge pour y estre incorporez à quoy ils satisferont un moys après la publication des présents statuts et Règlements . En conséquence de quoy ils signeront sur les dits registres leur opinion et soumission d'y satisfaire sur les peines y contenues, dont leur sera délivré un acte par le Greffier du dict bailliage en payant chacun 10 sols pour tous droits et le dit moys passé , ceux qui seront enregistrez et incorporez au dit mestier ne pourront travailler ny faire travailler qu'ils n'ayent au préalable faict apprentissage l'espace de deux ans entiers. Tout ce que dessus sera aussy observé par tous les maistres qui doivent composer le dit corps , et aucun à l'advenir ne pourra estre reçu maistre qu'il n'aye faict deux ans d'apprentissage bien prouvé et qu'il n'aye presté le serment en la manière accoustumée. "
ARTICLE V
" Tous les ouvriers forains et estrangers seront reçus dans le dit corps de mestier en justifiant leurs maitrises aux lieux qu'ils ont quitté , ou après deux années d'apprentissage à leur choix , après quoy ils seront reçus dans le dit corps de mestier , en payant les droits ordinaires et portez sur ces présents règlemens , sans frais et festin et en conséquence de leur réception , sous le bon plaisir du Roy , les dits étrangers seront déclarez naturels et regnicoles et dispensez du droit d'aubaine , sans avoir besoin d'autres lettres de nationalité ny de payer aucune finance ; et ils jouiront eux , leurs successeurs ou ayons cause des biens et acquisitions faits et à faire dans le Royaume comme les autres subjets de sa Maiesté. Et néanmoins , aucun ne pourra estre à l'avenir maistre du dict mestier s'il ne fait profession de la Religion Catholique , apostolique et Romaine. "
ARTICLE VI
"Les fils de Maistres qui auront servi chez leur père seront jugez capables d'exercer le dit mestier ayant atteint l'âge de quinze ans , seront dispensez de passer aucun brevest d'apprentissage en prestant le serment autant que d'estre reçus maistres de fidèllement garder les présents statuts par-devant le Bailly de la dite ville de Brou. "
ARTICLE VII
"Les veufves jouiront des mesures privilèges de leurs maris et leurs enfants seront obligés de passer deux ans consécutifs chez elles si elles font travailler ,autrement ils serviront deux années entières chez d'autres Maistres et ils seront reçus Maistres à l'âge de quinze ans étant présentez par celuy qu'ils auront servy et presteront le serment en la manière accustumée. "
ARTICLE VIII
"Il sera permis aux Maistres du dit mestier de prendre un apprentif seulement par chacun an , qu'ils obligeront au moins deux ans consécutifs à les servir et seront tenus les dits Maistres d'apporter le brevet d'apprentissage au Maistre juré du mestier afin d'écrire sur les Registres qu'ils tiendront à cet effet le nom du Maistre de l'apprentif et la datte du dit brevet à peine de soixante sols d'amende. "
ARTICLE IX
"Celuy qu'aura faict son temps d'apprentissage vérifié sur le Registre du dit corps de mestier , où seront inscrits tous les apprentifs et aspirans à la maitrise, Apportera quittance de son maistre au dos de son brevet et attestation comme il l'a bien servy pendant le temps . Les Maistres jurez en charge lui donneront le chef-d'oeuvre qu'ils visiteront et y appelleront six des anciens qui auront passé par la charge , lequel chef d'œuvre ayant esté trouvé bien fait , l'aspiran payera les droits , sera inscrit et prestera le serment à l'ordinaire."
ARTICLE X
" La veufve du Maistre pourra faire achever le temps d'apprentissage si mieux n'aime remettre l'apprentif entre les mains des jurez en charge qui seront obligés de les pourvoir d'un autre Maistre pour achever son temps et les Maistres qui les auront seront tenus de déclarer aux Maistres jurez en charge depuis quels temps ils les ont afin que les deux ans puissent estre entièrement accomplis à peine de dix livres d'amende . "
ARITICLE XI
"L'apprentif ou aspirant à la maîtrise le chef d'œuvre duquel auroit esté trouvé bon, payera à chaque Maistre Juré en charge avant que d'estre inscript, la somme de vingt sols et aux six anciens qui auront été en charge , qui assisteront chacun dix sols pour la visite et pour la Chapelle et confrairie de St Blaize patron des sergers en l'église de St Lubin de Brou , deux livres de cire et la somme de dix livres tournois pour contribuer aux affaires du corps du dict mestier , sans qu'aucun du dit corps puisse prétendre aucune autre chose à peine de quarante huit livres d'amende et d'effences sur mesmes peines de faire aucun festin en donner n'y recevoir . "
ARTICLE XII
"Seront esleus par une assemblée générale du dict corps de Mestier en un lieu commode de la dite ville qui sera designé par les Maistres jurez en charge ou , ,en l'hostel du juge de police , à la pluralité des voix , la veille de St Blaise immédiatement après vespres , trois d'entre eux pour estre jurez , desquels le plus jeune sortira au bout de la première année et en sera esleu un autre à sa place , qui demeurera en charge trois années avec le plus ancien de la première eslection qui sortira aussy de charges ses trois années expirées en sorte que tous les ans il en sortira un des troys et en sera esleu un autre à sa place et ne pourront ètre continuez les dites trois années expirées et presteront le serment de bien et devüement vacquer à leur charge devant le dit Juge. "
ARTICLE XIII
" Lorsque que les dits feront leurs visites dans la dite ville de Brou , chez les Maistres , pour voir en visiter leurs marchandises en escreües sur les mestiers iceux seront tenus d'ouvrir leurs maisons boutiques armoires et autres lieux de manufactures où il travaillera et aura de la marchandise faicte ou laine pour y employer. En cas qu'il s'en- trouve de défectueux et contraire aux présents status et règlemens pourront les maistres Jurez les faire saisir et en lever pour en faire le rapport devant le dit bailly qui y appellera personnellement personnes habiles et désintéressez pour mieux asseoir son jugement pour estre condamné en telle amende que le cas requerra et se feront assister d'un ou plusieurs officiers de la Justice pour avoir main forte si besoin est afin qu'ils ne soient empêchez en les dites visites et enlèvement des dites mauvaises marchandises. À cet effet prendront commission du dict bailly pour visites de la ville de Brou. ou des environs d'iceluy. "
ARTICLE XIV
"Les Maistres jurez en charge front six visites générales pendant l'année chez tous les Maistres du dict Brou et des environs scavoir Yévres etc et les lieux en dépendant pour visiter les serges et autres manufactures qui s'y fabriqueront sur les mestiers et sera payé par chacun des dicts Maistres des bourgs et villages cy devant specifiez pour droict de visite la somme de cinq sols chacun. Et à l'égard des visites qui se feront en la dite ville de Brou elles seront faictes une fois la semaine et en cas qu'il se trouve des pièces défectueuses et qu'elles n'ayent la largeur et la longueur prescrites elles seront saisies et enlevées et les Maistres chez lesquels il se trouveront seront condamnez en telle amende que le bailly jugera à propos sur le rapport des dits jurez soins que pour les dites visites générales ils pussent rien prétendre au pardessus de cinq sols, ny aussy prétendre aucune chose pour les visites particulières ce que leur deffendons à peine d'amende et d'interdiction de leurs charges. "
ARTICLE XV
"Ne pourront aucuns Maistres du. dit Mestier tant du dict Brou, Yèvre et és environ bourgs et villages ci-dessus spécifiez vendre ni débiter aucune pièce ny morceaux de serge qu'elle n'est été marquée par les dits jurez à peine de confiscation et de trente livres d'amende et en cas de continuation de soixante livres d'amende et dégradé du corps du dict mestier faisant différences à toutes personnes de quelque qualité et condition qu'ils soient de donner retraite prester leurs noms ou adresses pour favoriser dans le dit Brou, Yèvre et es environs d'icebuy aucune pièce de serge défectueuse et au préjudice des présents statuts contre lesquels il sera procédé extraordinairement, selon la qualité de la contravention. "
ARTICLE XVI
"Toutes serges se fabriqueront aux lieux cy-dessus auront quatorze cens soixante et deux fils et quarante trois portées à trente et quatre fils chaque portée et auront en escrüe sur le mestier demye aune entière de Paris et de longueur foulée, vingt aunes entières aussy de Paris".
ARTICLE XVII
"Toutes estamines auront douze cens quatre vingts fils quarante portées à trente 2 fils chacune, elles auront demye aune sur le mestier et onze à douze aunes de longueur".
ARTICLE XVIII
"Les serges qu'ils feront de peignons, bouchons et austres menues laines auront demye aune de long estant prestes et seront distinguées d'avec celles de pure laine par de petites lisières jaunes, lesquelles serges auront sept cens soixante et huit fils vingt quatre portées à trente deux fils chaque portée et sur le mestier, elles auront deux tiers de large pour venir à demye aune de Paris et vingt aunes de longueur. "
ARTICLE XIX
" Tous tixiers et maistres qui feront des serges mettront au chef du premier bout de chaque pièce de serge qu'ils feront , la première lettre du nom et surnom de celuy à qui appartiendra la dite serge , les dites faictes sur les mestiers et non à l'aiguille , et auparavant que les dites pièces soient portées au foulon . Nul ne pourra vendre aucune pièce de serge et étamine en escrüe ou foulée qu'elle n'aye été visitée et marquée par les jurez à peine de confiscation et trente livres d'amende et en cas de rescidive dégradé du corps de mestier. "
ARTICLE XX
"Tous droguets seront bien et dûment faicts et auront la mesme largeur et longueur que les estamines."
ARTICLE XXI
"Les tixiers qui font des fautes, duittes , râteaux et avallées et qui ne feront pas le tissu de l'estoffe légal payeront par chaque faute deux sols d'amende."
ARTICLE XXII
" Les tixiers et autres ouvriers ne pourront quitter leurs maistres que la pièce qui sera commencée sur le métier ne soit achevée et pour cet effet seront tenus d'avertir leur Maistre , en montant la dite pièce et si l'ouvrier doit quelque chose à son maistre celuy chez lequel il ira travailler sera tenu de le payer et mesme ce qu'il devra pour les fautes qu'il aura commises à sa besogne . Le Maistre aussy ne pourra congédier qu'il ne l'aye adverty vingt-quatre heures auparavant."
ARTICLE XXIII
"Ceux qui quitteront leur travail pour aller en débauche payeront dix sols d'amende et déffences à tous cabaretiers de leur donner è boire et à manger pendant le jour de leur travail à peine de dix livres d'amendes et de tenir prison pendant 3 jours."
ARTICLE XXIV
" Tous les Maistres sergers pourront se servir et faire travailler sous eux telles personnes qu'ils aviseront bon estre ; déffences de les empescher ny troubler les ouvriers à leur travail à peine de 10 livres d'amende et d'interdiction pour six mois à ceux qui les empeschront et causeront les dits troubles."
ARTICLE XXV
" Il sera tenu un bureau dans la ville de Brou où seront apportées les pièces de serges et autres marchandises tant en escrüe que foullé pour estres visitées par les jurez aux jours et heures qui seront réglez par les dits jurez ,pour la plus grande commodité publique ; celles qui se trouveront de la qualité requise seront marquées du sceau royal où seront empeints les armes de Sa Majesté et autour d'iceluy seront gravez ces mots :" Louis XIV restaurateur des arts et manufactures " et de l'autre côté les armes de la ville ; le dit sceau royal sera mis es mains des dits maistres jurez de la dite ville. "
ARTICLE XXVI
"Les Maistres Jurez ne pourront entreprendre aucun procès ou affaire extraordinaire concernant le corps du mestier sans en communiquer à six anciens du dit corps qui seront jugez les plus capables suivant l'avis par escript du dit juge de Police à peine de supporter par les dits juges en leurs propres et privez noms les frais des dits procès et vingt livres d'amendes."
ARTICLE XXVII
" Les dits jurez s'assembleront avec les anciens du dict corps deux fois par an, scavoir, la surveille de la St Blaize leur patron et la surveille de la feste du St Sacrement pour examiner leurs affaires en voir et attester les comptes en presence du dict Juge."
ARTICLE XXVIII
"Il est déffendu à toutes personnes qui ne seront pas Maistres sergers tant de la ville que des lieux circonvoisins d'achepter aucune laine pour revendre et dèffences pareilles sont faites à tous autres d'en achepter les jours de marché qu'auparavant les Maistres sergers n'en ayant achepté pour leur besoin depuis le matin jusques à l'heure de dix heures passées à peine de deux cens livres d'amende et de confiscation des laines."
ARTICLE XXIX
"Il est déffendu à toutes personnes d'autre condition que les Maistres de faire fabriquer aucune pièce de serge ou autre estoffe en la dite ville de Brou , lieux circonvoisins et autres sus dénommez si ce n'est pour leur usage particulier à peine de cent livres d'amende."
ARTICLE XXX
" Les Maistres qui travailleront pour les autres Maistres , les compagnons ouvriers tixiers , cardeurs et autres manufacturiers de sergeterie et dépendances d'icelles ne pourront vendre ou gager ni retenir la marchandise ustancilles laines ou autres choses qui leur seront confiées pour travailler et préparer à peine d'ètre punis corporellement comme voleurs domestiques et subiront les dits maistres travailleurs à façon les mesmes loix que les compagnons et ne pourront les dites étoffes laines ustancilles outils et autres choses servant aux dites manufactures , mises entre les mains des dicts ouvriers étre saisis pour leurs debtes particulières amende et autre chose semblable et sera permis aux dits Maistres qui feront travailler et rèclamer suivre et mène enlever les dites marchandises ustancilles et autres choses à eux appartenant nobostant toute saisie et ce en vertu de l'extrait du présent article."
ARTICLE XXXI
" Sous le bon plaisir du Roy , les outils et ustancilles servant aux dites manufactures ne pourront être saisy ni enlevez pour quelque debte que ce soit des propriétaires , si ce n'est pour les loïers de maisons qu'ils occupent et mesme en conséquence du Règlement du conseil de Sa Majesté du 4 juillet 1664 , Registre en la cour des Aydes de Rouen et de l'arrest du Conseil d'Etat du 20 novembre 1665 , donné en faveur des manufactures de la ville d'Aumalles et des lieux es environs portant dèffences à tous collecteurs de tailles et du sel et à tous autres pour quelque cause que ce soit de saisir, vendre ny enlever les dites matières métiers et ustancilles servant aux dites manufactures dans la ville de Brou, lieux circonvoisins cy-devant nommez, pourvu qu'ils travaillent actuellement aux dites fabriques et deffences à tous huissiers ou Sergens de faire les dites saisies à peine d'interdiction, cinq cens livres d'amende et tous dépens dommages et intérets et qu'à cet effet les présens statuts et Règlemens et les arrest et lettres patentes qu'il plaira au Roy d'accorder pour l'omologation, seront enregistrez au Greffe du bailliage de Police de la dite ville pour être leus publiez et affichez partout ou besoin en sera et en cas de contravention ou opposition les parties se pourvoiront par-devant le juge de Police du dit Brou auquel il plaira à Sa Majesté par le dit arret d'omologation d'en attribuer la juridiction."
ARTICLE XXXII
"Seront les présens statuts et Règlements observez de point en point pour toutes les manufactures cy-dessus déclarez qui seron faictes en la dite ville et faubourgs de Brou et aux lieux ci-dessus spécifiez et circonvoisins pourquoy les Jurez seront tenus d'y faire leurs visites générales et les particulières feront en la dite Ville et les Maistres des dits circonvoisins tenus et obligez de faire apporter et envoyer leurs marchandises en escrües ou aprestées pour estre visitées et scellées du sceau Royal au bureau estably pour cet effet en la dite ville de Brou et pour rendre les présens statuts et Règlemens notoires, ils seront imprimez, leus publiez affichez et distribuez à tous les Maistres et ouvriers du dict mestier dont il sera faict une liste par les Jurez."
ARTICLE XXXIII
"Si les maistres du dit corps, ouvriers, apprentifs ou autres dépendans et employez dans le dit corps ont quelque différent entr'eux pour raison des dictes manufactures ils se pourvoiront par-devant les Maistres Jurez en charge et feront assigner ceux contre lesquels ils auront contestation à comparoir au bureau aux jours d'Assemblée pour estre réglez sur leurs differets et celui qui ne voudra tenir le Règlement faict par les dits Jurez n'en pourra demander la Cassassion par-devant le dit bailly de Brou qu'il n'ait auparavant payé vingt livres au profict du corps et pour les affaires d'iceluy et sera délivré par les dits Maistres Jurez leurs advis et Jugemens pour servir et valoir ainsi que de raison, gratuitement et sans frais."
ARTICLE XXXIV
"Les amendes seront applicables scavoir : le quart à la confrairie de St Blaize, le quart à la réparation de l'église de Brou St Lubin, l'autre quart à la confrairie de la Charité et l'autre quart pour le dénonciateur."
ARTICLE XXXV
"Tous les deux mois il sera tenu conseil de Police, en présence du Procureur fiscal où se trouveront les jurez en charge avec six des plus anciens du dict mestier et quelques marchands de la dite ville à laquelle assemblée les dits Jurez en charge feront rapport des désordres qu'ils auront trouvez dans leurs visites et rendront compte de leur gestion afin qu'il soit advisé par la, dite assemblée des remèdes aux contraventions pour parvenir à perfectionner la dite menufacture empescher les abus qui s'y commettront et du tout en informer Monseigneur de Colbert conseiller ordinaire du Roy en son conseil et de tous ses autres conseils Commandeur et Grand Trésorier de ses ordres controlleur ordinaire des Finances et sur intendant des bâtiments de Sa Majesté, arts et manufactures de France".
(1) Jurande : Dans les anciennes corporations de métiers, Charge conférée à un ou plusieurs membres de la corporation (juré) choisis pour la représenter,défendre ses intérêts et veiller à l'application du réglement intérieur. Par extenxion :L'assemblée, le corps des jurés.
(2) Maîtrise : Qualité de maître dans une corprration. Par extension : Ensemble des maitres d'une corporation.
(3) Bailliage : Circonscription, juridiction
sources : :Paul Chantegrain, Notice historique sur la ville et baronnie de Brou, 1877, Société archéologique
Cette photo prise au Carrefour des Américains, retrouvée en 2000, m'intrigue par la présence d'une borne de la Voie de la Liberté.
Elle semble être scellée par Monsieur Georges Bredier, maire de Brou de cette époque, en présence de son conseil municipal. Renseignements pris auprès d'anciens broutains : aucun ne se souvient de cette borne.
La présence du conseil municipal m'incite à faire des recherches dans les délibérations du Conseil municipal et dans les journaux. C'est ainsi que je trouve la délibération suivante :
"Conseil Municipal de Brou – Séance du 6 décembre 1948
Acquisition d'une Borne
de la voie de la liberté
Sur la proposition de Monsieur le Maire, le Conseil Municipal décide de faire don d'une Borne de la voie de la liberté au « Train de la reconnaissance Française ».
Monsieur le Maire expose son intention de porter deux inscriptions commémoratives sur cette borne rappelant la libération de la ville par les Américains, d'enfermer dans cette borne une poignée de terre de Brou et de joindre à l'envoi une lettre destinée au maire de la commune américaine à qui sera remis notre don. Le Conseil Municipal approuve ces dispositions."
Et dans l'Écho de Brou du 14 décembre 1948, on trouve l'article suivant :
Echo de Brou- départ de la borne
Cet article nous fait le constat suivant : La borne est restée peu de temps à Brou, juste le temps de la photo.
"Le Train de la Reconnaissance Française" ? Nouvelles recherches
En 1947, La France souffre encore des suites de la guerre qui a ravager l'Europe et subit toujours les restrictions alimentaires et vestimentaires. A partir de ce constat les Américains lancent une grande collecte appelée "Friendship Train" (Train de l'Amitié). Ce train parti de Los Angeles le 7 novembre 1947 avec quelques wagons ,en compte plus de 700 à son arrivée à New York. De ce port un bateau charge les 16000 tonnes de la collecte et les achemine jusqu'au Havre. De là, la SNCF assure le transport et la répartition des wagons à travers la France ainsi qu'en Italie.
Symbole du train
En 1948, La Fédérations Nationale des Anciens combattants des chemins de fer de France veut prouver la gratitude du peuple français au peuple américain en créant le "Train de la reconnaissance Française", "Gratitude Train" en américain.
Le but est de réunir des dons typiques des régions ou départements français et de faire parvenir 49 wagons de cadeaux exclusivement français (objets historiques, artistiques, folkloriques, régionaux...), un dans chaque État et un pour Hawaï.
Les wagons, décorés avec des écussons des provinces françaises, sont centralisés à Paris. Le train quitte la gare des Batignolles pour le Havre le 10 janvier 1949.
Le train est chargé à bord du Magellan qui lève l'ancre le 14 janvier 1949 , les flans ornés de grandes inscriptions "MERCI AMERICA".
Départ du Havre du Magellan
Il arrive, avec quelques jours d'avance sur le programme, à New York le 2 février où il est accueilli par plus de 200 000 personnes dans une liesse extraordinaire. Cette avance sur le programme a pour effet de priver de réception les personnalités françaises qui devaient arriver 3 jours plus tard sur le De Grasse.
Arrivée du Magellan à New York
Par la suite chaque wagon rejoint l'État qui lui est attribué.
C'est dans celui destiné à la Floride que la Borne de la Liberté offerte par la ville de Brou a voyagé comme nous le dit l'article suivant, daté du 8 novembre 1949.
Nouvelles de la borne.
La Borne est restée dans cette rotonde jusqu'en 1973, date à laquelle le Capitole, remplacé par un nouveau bâtiment plus moderne, est transformé en musée. Pendant un certain temps, elle est remisée dans le sous-sol de la Chambre du Sénat, puis en 1998 elle est installée devant le "Lake Ella" dans le parc "Fred Drake" à Tallahassee.
La borne dans le Ella Park à Thalahassie
Détails de la borne.
On remarquera l'erreur de la date de la libération de Brou gravée sur la borne. Brou a été libéré le 14 août, non le 15.
Si quelques-uns ont disparu, les wagons du "Train de la Reconnaissance française" sont aujourd'hui encore exposés dans des musées, des parcs et des squares dans toute l'Amérique.
Le wagon toujours présent en Floride
Brou fut bombardé à 2 reprises par des avions ennemis le samedi 15 juin 1940 entre 7h30 et 8 heures du matin.
Les avions arrivèrent vers le Nord-est au nombre de 8 ou 10 et lâchèrent leurs bombes, sans tourner ni ralentir, au-dessus la rue Émile Baudin. Ils revinrent du Sud à peine dix minutes plus tard et bombardèrent à nouveau le même quartier et la ligne du chemin de fer entre le pont de Crochet et celui de la route des Moulins.
Cette seconde attaque parut durer plus longtemps que la première.
Environ 40 bombes ont été lancées. Elle ont occasionné des dégâts à de nombreuses maisons surtout rue Émile Baudin, 2 ou 3 immeubles on été presque complètement détruits ; beaucoup de toitures ont souffert, des façades ont été abîmées et un nombre considérable de vitres brisées, des lavoir sur la rivière, des jardins et la chaussée elle-même ont été atteints.
Maison touchée par le bombardement
Le pont du chemin de fer qui franchit l'Ozanne a été touché et la locomotive de tête d'un train qui partait vers Arrou a déraillé et est tombée le long du remblai, l'avant dans la rivière.
Cette locomotive n'a pu être relevée que plusieurs mois après avec de grandes difficultés.
On ignorera toujours le nombre exact des victimes de ces bombardements.
Locomotive déraillée suite au bombadement.
Relevage de la locomotive - étape 1.
Relevage de la locomotive - étape 2.
À partir du début de 1944, il ne se passa guère de jours sans que les escadrilles américaines survolent la région pour aller lancer leurs bombes sur les objectifs environnants. Parfois on entendait des explosions et on apercevait des lueurs et des colonnes de fumée dans la direction de Chartres ou de Châteaudun, d'autres fois on assistait à un combat aérien et à l'écrasement au sol d'un appareil ennemi ou ami.
Mais personne n'était inquiet, tout le monde sortait dans les rues pour regarder les oiseaux passer, discuter sur leur nationalité, sur le nombre ou leur objectif probable. Brou ne présentait, croyait-on, aucun intérêt militaire, il n'y existait pas d'usine importante, nos routes ne servaient guère aux transports de troupe et le trafic de la ligne de chemin de fer était en général très faible.
À partir du jour du débarquement, cependant, l'activité des aviations alliées fut encore plus grande, on sut que des bombes étaient tombées sur la voie assez près de Brou et dans les champs peu éloignés, la radio anglaise conseillait à tous de prendre des précautions, aussi certaines personnes commencèrent à s'inquiéter. Elles visitèrent leurs caves et creusèrent des tranchées dans leurs jardins.
Un service de défense passive avait été organisé avec chefs d'îlots, brancardiers et cyclistes, la ville était divisée en cinq secteurs.
Vers le 10 juin, la voie ferrée fut bombardée successivement au nord et au sud de Brou, 2 maisonnettes furent atteintes à 1500 m de l'église et leurs occupants obligés de déménager.Le nombre de tranchées se multiplia et moins nombreux furent ceux qui regardaient passer les avions sans appréhension.
On commençait à deviner les intentions des pilotes d'après les évolutions des appareils, on craignait surtout de les voir tourner et descendre en piqué tout en pensant que Brou n'avait toujours aucun motif de servir de cible à nos amis.
Le 17 juin à 9h15 du soir nous fûmes détrompés. Une douzaine de bombardiers survolèrent la ville, firent d'abord deux vastes circuits au-dessus de nous puis descendirent en piqué les uns après les autres et lâchèrent leurs bombes qui tombèrent et éclatèrent près des abattoirs, entre la rue Triaureau et la rue de Chartres et près de la gare.
Personne ou presque n'avait eu le temps d'aller aux caves ou dans les tranchées; on releva trois morts : Mmes Schuster et Deroit dans une maison près des abattoirs et M Bezault qui s'était mis à l'abri contre un mur de la rue du Mail. Le nombre des blessés était plus élevé encore ; ils furent transportés à l'hôpital et soignés avec promptitude et dévouement par tous les médecins, religieuses et infirmières disponibles. Le service prévu de défense passive avait bien fonctionné et les volontaires pour combattre les incendies et fouiller les décombres furent nombreux et zélés.
Maison Lecourbe rue du mail détruite lors du bombardement du 17 juin 1944. C'est ici que Monsieur Bezault trouva tragiquement la mort.
Les dégâts matériels étaient très graves. Cinq ou six maisons importantes complètement détruites, une dizaine rendues inhabitables, des bâtiments commerciaux et industriels anéantis, des murs lézardés, des toitures soufflées, des cloisons effondrées des vitres brisées dans toute la ville. La voie ferrée fut atteinte et coupée en plusieurs endroits, la gare et les silos voisins furent endommagés et plus de 250 personnes, propriétaires ou occupants vinrent déclarer des dégâts grands ou petits à leurs meubles ou immeubles.
Après ce bombardement, et jusqu'au mois d'août d'autres bombes tombèrent encore à plusieurs reprises sur le territoire de la commune mais en dehors de l'agglomération sans faire de nouvelles victimes et sans causer de dégâts très importants aux propriétés privées.
Nombreux dégâts occasionnés par le bombardement.
Il arrivait quelques fois qu'un avion lançait ce genre de tract peu de temps avant qu'un bombardement ait lieu.
D'après Brou Pendant la guerre de Georges Bredier.
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