Il n'existe dans les archives de la commune ni chez aucun habitant du pays aucune date de la construction de cette halle, et l'on n'a pas trouvé lors de la démolition trace de sa fondation. En raison du défaut d'informations précises antérieures à la Révolution, cette étude ne concerne que les cinquante dernières années de la présence de la halle, c'est-à-dire la période pour laquelle les documents sont suffisamment précis et nombreux, tant aux archives communales que départementales.
Les propriétaires successifs
Avant 1789, la halle appartenait au seigneur de Brou qui en percevait les droits. Le dernier de ces seigneurs, Albert Léonard Comte de Bavière-Grosberg, émigra à la Révolution et ses biens furent confisqués et déclarés nationaux en 1792.
C'est alors l'administration des domaines qui mit en adjudication les droits de halle, la commune pouvant, si elle le souhaitait, se déclarer adjudicataire. Le bail du 1er nivôse an 10 (22 décembre 180I ) précise le cahier des charges :
" Cahier des charges, clauses et conditions du bail de la halle de Brou, située en la commune de Brou, confisquée sur le ci-devant Comte de Bavière-Grosberg, émigré. Consistance - La halle, telle qu'elle est, se poursuit, comporte avec la chambre servant autrefois d'audience étant sous icelle.
Charges
ARTICLE. 1er.- Les adjudicataires ne pourront faire un lieu d'habitation de la dite chambre et l'entretiendront de réparations locatives et d'usage.
ART. 2. - Ils rempliront les trous des allées de la dite halle, gratteront les dites allées et les tiendront toujours unies.
ART. 3. - Ils ne pourront rétrocéder le droit de bail sans autorisation expresse, à peine de nullité et de tous dépens et dommages et intérêts.
ART. 5. - Ils souffriront les grosses réparations qu'il sera nécessaire de faire faire tant à la halle qu'à la dite chambre, sans pouvoir prétendre aucune indemnités, souffriront aussi pendant quatre décades que les bardeaux servant aux réparations restent déposés dans ladite chambre.
ART. 6. - Ils se conformeront aux lois et règlement de police et sous les peines y portés.
ART. 7. - Le bail sera de trois années consécutives, à commencer du 1er nivôse an dix, et qui le paieront à pareille époque des dites 3 années révolues et accomplies, sans qu'il soit besoins d'avertissement préalable... "
L'adjudication fut emportée par le sieur Canné, vitrier à Brou, pour la somme de 1 750 francs.
Il faut croire que la commune n'était pas intéressée par ce fermage, car elle n'avait mis qu'une seule enchère, celle du départ, à 500 francs.
Lorsque l'Empire fut institué, Napoléon Ier créa en 1800 un sénat de 60 membres à qui il donna le bénéfice des sénatoreries. Chaque sénatorerie était constituée par des biens susceptibles d'être loués et pouvant de ce fait produire des revenus, lesquels constituaient le traitement des sénateurs.
Les bénéfices de la halle de Brou furent attribués à la sénatorerie d'Agen dont le titulaire était le général Jean Fabre Lamartillière. Celui-ci fit bail à loyer pour neuf années consécutives en date du 22 nivôse an 13 (12 janvier 1805) à la commune de Brou des halles et droits en dépendant. Le sénateur garantissait que le marché se tiendrait sous les halles pendant le cours du présent bail comme par le passé. La commune devait faire faire à ses frais les réparations annuelles qui pourraient survenir.
En 1807, l'administration du Sénat fit part à la commune de sa décision de vendre les halles. Par délibération du 9 mai 1807 la commune fut d'avis qu'elle devait se porter acquéreur:
"... le maire a exposé qu'hier s'est adressé à lui un envoyé de l'administration du Sénat qui l'a instruit de sa mission pour faire l'estimation de la halle de cette commune afin d'en venir de suite et très prochainement à la vente. Que cette halle est d'un avantage pour le commerce qui se fait à Brou, tel que sa possession en main étrangère deviendrait non seulement préjudiciable au commerce en général établi à Brou, l'anéantirait presque entièrement et causerait la ruine des habitants de la commune, mais encore serait une source de contestations du propriétaire étranger avec la commune, soit que l'adjudicataire soit tenu de la laisser subsister comme objet d'utilité publique à cause des grosses et majeures réparations à la charge du propriétaire qui sont à y faire ou surviendront; soit en cas d'autorisation, ce qu'on ne suppose pas, pour l'abatir, par les contestations relatives au terrain indispensable à la commune sur lequel la halle n'est placée que sur poteaux et qui n'a jamais été considéré que dans la superficie, comme les administrations du district et du département l'ont décidés après connaissance de cause que la commune pour obvier aux inconvénients et aux difficultés et conserver au commerce établi à Brou toute l'étendue dont il est susceptible par sa position et tout autrement, le conseil se convaincra que sous tous les rapports il est du plus grand intérêt de la commune de se procurer par tous les moyens qui sont en son pouvoir la propriété de la halle, que son devoir doit l'y porter pour l'intérêt de ses administrés, assuré d'ailleurs de la protection du 1er magistrat du département... "
La commune fut autorisée à faire l'acquisition des halles par décret impérial du 3 septembre I808 et elle en devint propriétaire pour la somme de 10 200 francs le 18 novembre 1809 suite à l'estimation faite à 8 000 francs le 12 mai I808 par Charles Henry Chasles, entrepreneur des ponts et chaussées demeurant à Chartres. Pour cette acquisition la commune était représentée par son maire Anne-Pierre Fouchais de la Faucherie. Elle restera propriétaire de la halle jusqu'à sa démolition en 1846.
Le bâtiment
Un état des lieux établi le 7 frimaire an 13 (28 novembre1804) sur demande du sénateur La Martillière fournit une description de l'édifice.
" Sénatorerie d'Agen
Département d'Eure-et-Loir
Visite des halles de Brou.
Je soussigné Charles-Henry Chasles, expert nommé par M, le Chancelier du Sénat par sa lettre du 15 brumaire dernier à l'effet d'opérer tant pour lui que pour M. Lamartillière sénateur titulaire de la Sénatorerie d'Agen, me suis transporté en la ville de Brou pour faire la visite de la halle de la dite ville, affectée à cette sénatorerie, constater les réparations grosses et usufruitières à faire en ce moment à la dite halle. Où étant arrivé, j'ai procédé à la dite opération, ainsi qu'il suit.
La halle de Brou est construite en charpente. Sa longueur hors oeuvre est de quarante-neuf mètres soixante-dix centimètres, sa largeur de vingt-cinq mètres, le comble est soutenu par soixante poteaux placés sur cinq rangs et formant quatre allées, la surface totale de la couverture est d'environ deux mille quatre cents mètres y compris six lucarnes et les deux croupes : cette couverture est en bardeau, à l'exception du faîtage et des arêtiers qui sont en terre cuite. Sous la halle et à son extrémité vers le levant, il existe un bâtiment de dix mètres quarante centimètres de longueur sur six mètres de largeur. Ce bâtiment servait autrefois d'audience, il sert aujourd'hui de magasin. La charpente de la halle est très ancienne, elle a déjà été plusieurs fois réparée, elle est même étayée en plusieurs endroits. Cependant elle me paraît devoir subsister encore longtemps si on ordonne les faibles réparations que je vais indiquer. Si ensuite, pour prévenir la ruine de cet édifice on a soin de la réparer chaque fois qu'il s'y manifestera des dégradations quelque peu considérables qu'elles soient, et si enfin on entretient constamment la couverture en bon état... "
Nous n'avons pas trouvé dans les archives de plan complet et détaillé ni de gravure du bâtiment. Néanmoins quelques documents et plans partiels ont permis une reconstitution assez fidèle de celui-ci et la réalisation d'une maquette au 1/30ème.
La partie centrale de l'édifice était constituée de trois rangées de huit poteaux, la distance entre poteaux étant de 6,16 m dans le sens de la largeur du bâtiment et de 3,33 m dans le sens de sa longueur. Les poteaux de 9 m de hauteur étaient reliés en tête par des entraits de 12 m lesquels supportaient poinçons et arbalétriers donnant une pente du toit de 45°. Les longs pans du toit se prolongeaient vers le bas et s'appuyaient sur deux rangées de poteaux de rive de 3 m de hauteur. A chaque extrémité du corps principal il y avait deux croupes dont la pente était de 45° et qui s'appuyaient aussi sur des poteaux de rive de 3 m de hauteur. Les croupes et les longs pans se raccordaient par quatre arêtiers. La hauteur du sol au faîtage était de 16 mètres. Les poteaux reposaient sur des blots en pierre. La charpente était en chêne et la couverture en bardeaux de cœur de chêne de 11 pouces par-6 pouces.
Au 19ème siècle la halle n'était pas close de murs ou barrières. les dimensions de 50 m par 25 m sont celles d'un édifice extrêmement important. La hauteur de 16m est exceptionnelle. La présence d'un nombre pair de travées est inhabituelle, la disposition courante étant une nef centrale et deux bas-côtés. Le poteau central a vraisemblablement été placé pour soutenir l'entrait des fermes qui avait une portée importante (12 m). Enfin les poteaux de rive n'étaient pas reliés aux poteaux principaux par des entraits. Ce mode de liaison n'est pas commun et devait entraîner une moins bonne tenue des poteaux de rive. On peut se demander pourquoi un édifice aussi vaste avait été bâti dans la petite ville de Brou. S'il pouvait être justifié par le marché important (mentionné dès le 12~siècle) il devait sans doute être aussi l'œuvre d'un seigneur puissant. Un texte imprimé en 1754 (Nouvelle description de la France par Piganiol de La Force, tome X) apporte quelques indications sur la fondation de la halle, dans la partie consacrée à Brou : "..,un ancien receveur de la baronnie de Brou disait avoir lu dans de vieux titres, que le fondateur de ce château était Guillaume, fils de Guillaume Gouet et d'Élisabeth de Champagne, et qu'à cause de cela il fut appelé Brou le Château Gouet. Il ajoutait que ce même Guillaume avait mis des chanoines dans la chapelle du château. L'abbaye ayant été détruite, et ses biens dissipés, le seigneur de Brou s'empara de la grange qui servait à serrer les grains de l'abbé; et comme elle était située dans un lieu fort commode pour y tenir le marché, qui était trop resserré dans l'ancienne enceinte, et d'ailleurs de trop difficile accès à cause de la boue, il fit construire en la place de la grange des halles qui ont vingt-cinq toises de longueur sur douze de largeur. Brou s'accrut peu à peu, et fut, enfin augmenté d'une rue, qui n'a pas été entièrement achevée par Florimond Robertet qui chérissait beaucoup le séjour de Brou dont il était Seigneur.
" Un autre texte imprimé, plus récent (La Camusière en Unverre par l'abbé Chapron dans "Archives du diocèse de Chartres", XIII. Châteaux, volume 2) fait mention d'un contrat de 1571 dans lequel il est fait allusion aux halles de Brou :
" ...Contrat par Gilles de Chartin (Gilles de Chartrain, selon la lecture de Merlet), seigneur de la Camusière, décharge sa métairie de la Camusière, de douze livres de rente qu'elle devait à l'abbé de Thiron, et donne en échange aux religieux sept livres treize sols quatre deniers de rente sur la maison où pend pour enseigne le Saint-Esprit, sise à Brou devant les halles... "
On peut en conclure que la halle existait en 1571 et que selon la tradition orale elle aurait pu être l'œuvre de Florimond Robertet au début du seizième siècle.
Les fonctions de la halle
Comme nous l'avons vu précédemment la halle abritait la salle d'audience où était rendue la justice avant la révolution. La prison était d'ailleurs située à cinq mètres de cette salle, juste de l'autre côté de la ruelle. Lors des procès ou saisies, les affiches étaient appliquées aux quatre poteaux de coin de la halle et à la porte de la salle d'audience. Mais la fonction principale de la halle était de fournir un abri couvert pour une partie du marché et notamment du marché aux grains. Un arrêté du maire de Brou du 10 septembre 1837 indique la nature des commerces qui étaient pratiqués sous le bâtiment : " ,,,
ART, 16 La boucherie, les sabots, les grains de toute espèce, les draperies, étoffes, toiles, lingerie, mercerie, rouannerie, friperie, bonneterie et toutes autres marchandises analogues, aux places indiquées sous la halle, Le marché aux toiles, à l'égard des tisserands qui viennent vendre en pièces les toiles provenant de leur industrie occupera précisément l'emplacement du marché à l'avoine, Il ouvrira absolument à la même heure que le marché des veaux dont la clochette sera pour la toile le signal de l'ouverture et son cours sera de deux heures après lesquelles il fera place au marché à l'avoine, En ce qui concerne les grains de toute espèce ils occuperont un emplacement qui sera limité, fixé et déterminé par des bornes. Le froment sera placé au midi et le méteil à la suite vers le nord. Les autres grains et le son seront convenablement disposés aux lieux qu'ils occupent actuellement et depuis longtemps. En tous temps le marché de l'orge, de la mouture et de l'avoine ouvrira à dix heures très précises, celui du blé méteil et du seigle à onze heures aussi très précisément, Enfin celui du froment à midi également précis. Ces marchés aux grains seront ouverts par un roulement du tambour publicateur de la mairie,,, " .On constate que le marché aux toiles ne dure que très peu de temps. Cela s'explique par le fait que si la fabrication d'étamines, à Brou avait été prospère aux 17ème et 18ème siècles, elle était devenue quasi nulle)au début du 19ème siècle. L'accès sous la halle n'était pas autorisé aux animaux, carrioles ou charrettes. Le déchargement, les manutentions, les rechargements des grains étaient confiés à une dizaine de portefaix dont les tâches et les tarifs étaient réglementés par la municipalité.
La lente agonie de l'édifice.
Pour que la halle puisse continuer à abriter le marché le mercredi, il fallait qu'elle soit maintenue en bon état, et cela exigeait de nombreuses et coûteuses réparations, lesquelles néanmoins ne faisaient que ralentir la dégradation progressive de l'édifice :
I80I : devis de 811 francs pour réparations diverses de la toiture,
I804 : devis de 672 francs pour consolider des poteaux, remplacer des tuiles sur les arêtiers, mettre en place des étriers en fer pour réparer des liens et refaire les arêtiers.
I8I4 : devis de 352 francs pour réparer en urgence la pointe ouest côté nord suite à la rupture de l'arêtier de la couverture qui a entraîné la séparation de 2 pans. Le poteau d'encognure est rentré de 2 mètres car il gêne le passage des charrettes qui empruntent la rue de la Croix d'or, très étroite.
I8I9 : devis de 257 francs pour supprimer un poteau sud-ouest de l'édifice qui est rentré de 3 mètres pour les mêmes raisons que précédemment.
1828: devis de 846 francs pour réparer la toiture fortement endommagée par une tempête. La croupe ouest est recouverte en ardoise.
1838: la commune passe un "abonnement" de 3, 6, 9 ans pour l'entretien annuel de la halle moyennant le somme de I50 francs.
Et malgré ces réparations la halle continuait à se dégrader si bien qu'en 1842 la commune fit appel à M, Baron, architecte du département, pour évaluer les réparations à faire.
L'architecte conclut le 28 octobre 1842 qu'il serait préférable de démolir la halle : '" La halle de Brou dont la construction remonte à plusieurs siècles est dans état de détérioration et de vétusté qui doit donner de sérieuses inquiétudes à l'administration.
Ce vieux bâtiment construit entièrement en charpente dans des dimensions colossales est couvert en bardeau, les poteaux posent sur des quartiers de pierre informes, présentant plutôt l'aspect de cales posées que de dés en pierre, sont loin d'offrir la solidité nécessaire au soutien d'une masse de charpente aussi énorme. Les bois sont en grande partie roulés ou creux dans l'intérieur et rongés par les eaux salines qu'on dépose continuellement à leurs pieds, ne posent qu'en quelques parties sur les dés mal dressés placés dessous, une grande quantité d'assemblages de cette charpente est rompue, ou est désassemblée. Par l'effet des vents un peu forts tout le système de cette charpente est mis en branle et oscille et des craquements se font entendre en beaucoup d'endroits. Pour aller au devant d'effets désastreux on a placé sur différents points une grande quantité de fortes pièces de bois pour soutenir, supporter et buter cette charpente, qu'on peut considérer comme étant sur étais, enfin la couverture en bardeau est totalement consommée. Dans cet état de choses, il ne peut plus y avoir aucune sécurité pour la commune de vouloir conserver cette construction sans y toucher, soit d'une manière, soit d'une autre, car l'effet d'une tempête peut renverser tout l'édifice.
D'autre part si par malheur un incendie venait à éclater dans cette forêt de bois, sa siccité produirait un feu qu'il ne serait jamais possible de couper ni d'éteindre et la ville que cette halle couvre en quelque sorte de ses flancs serait avec elle la proie des flammes. D'après ce qui vient d'être dit, il ressort que ce bâtiment est ruiné de fond en comble, que sa restauration qui serait une opération fort coûteuse n'aurait pas pour résultat de lui assurer une durée séculaire, que la partie qui resservirait de cette charpente étant déjà avancée, on léguerait à la génération suivante à pourvoir à son remplacement. En conséquence notre avis serait de démolir ce bâtiment qui ne présente aucune sécurité, dont l'espèce de restauration serait très dispendieuse, et qui est d'un effet fort triste à la vue, mais la commune ayant demandé un avis des réparations de la halle, et pour qu'elle soit à même de pouvoir choisir entre sa démolition et la restauration, nous avons dû obtempérer à sa demande et avons donné le devis suivant... ";
Quel contraste entre ces conclusions et celles de M. Chasles en I804 qui déclarait que la charpente de la halle paraissait devoir subsister encore longtemps si on prenait soin de la réparer et d'entretenir la couverture ! Et pourtant des réparations avaient été faites pendant ces quarante années ! Mais la cause sournoise des détériorations n'a-t-elle pas été le manque d'entretien permanent du bardeau, lequel s'il n'est pas remplacé à temps entraîne des fuites et la pourriture des bois placés en dessous. M. Baron préconisait d'ailleurs de recouvrir la halle en ardoise et la croupe ouest l'avait déjà été.
Toujours est-il que le rapport de l'architecte " signera l'arrêt de mort " de l'édifice. En effet il annonçait un devis de réparation de 40 811 francs, alors que le budget de la ville s'élevait à 13 000 francs en 1845.
La démolition
Le conseil évita d'abord de se prononcer. Mais une pétition, en date du 3 août 1844, qui regroupait les signatures d'une centaine de personnes influentes de la ville, demandait la démolition de la halle. En plus des arguments indiqués dans le rapport Baron, les signataires faisaient valoir que la halle était un refuge de malfaiteurs et qu'elle favorisait le crime (un passant avait été récemment agressé et de nombreux vols avaient été commis dans les maisons aux alentours), qu'elle permettait la vente des mauvaises marchandises parce que le jour n'y pénétrait pas assez...
Le 5 août, le conseil municipal, dans une réunion qui suivit immédiatement celle de l'assemblée des Notables, examina la pétition mais ne prit aucune décision et préféra faire étudier l'affaire en commission. Le 18 août, le rapport de la commission fut examiné : il proposait la suppression de la halle, sans reconstruction, mais il concluait en disant qu'il était souhaitable qu'une enquête soit faite pour que la population donne son avis. Sur cent dix personnes qui se prononcèrent, trente-sept conseillaient la conservation de l'édifice, dix proposaient sa démolition et soixante-trois demandaient la reconstruction d'une halle après démolition de l'existante. Le conseil se réunit à nouveau le 28 septembre. Les résultats de l'enquête ne le satisfaisaient pas car il ne souhaitait pas reconstruire un bâtiment. Il ne prit pas de décision immédiatement et ce n'est que lors de la séance extraordinaire du 14 décembre 1844 qu'il vota par huit voix contre deux la démolition de la halle, mais à la condition d'en reconstruire une autre.
M. Piebourg, architecte à Chartres, fut contacté pour fournir plans et devis de la future halle. Le maire de Brou fit faire le 26 janvier 1845, par M. Neveu, charpentier à Beaumont les autels, l'estimation des matériaux composant la halle, et le 2 février le conseil l'autorisa à la mettre en vente, mais seulement après adoption définitive des plans et devis de la nouvelle halle. Ces plans furent adoptés le 28 février, et le 25 mars 1845 les matériaux de l'ancienne halle furent mis en vente.
M. Armand Flécher, marchand de bois à Dampierre sous brou, fut l'acquéreur pour la somme de 5 800 francs. La démolition eut lieu entre le 29 janvier et le 15 mars 1846, M. Flécher vendit immédiatement des lots de bois à deux marchands de bois de Brou et les pierres à un maçon, aussi de Brou. Les matériaux de l'ancienne halle furent vraisemblablement réemployés dès la même année dans des constructions édifiées à Brou ou dans les environs proches. Mais aucun matériau de récupération de l'ancienne halle ne fut réutilisé dans la construction, commencée le 15 mars 1846, de la halle actuelle.
extraits de l'étude faite par Yves Bernard sur l'ancienne halle de Brou. Société Archéologique d'Eure et loir