Brou est une ancienne ville fortifiée. Flanquée jadis d'un château-fort, qui était construit place de la Nation, elle était entourée de fossés et de ponts-levis. Mais si, d'après l'histoire, le château avait été démoli sous Henry IV, les fossés et les ponts existaient encore au moment de la Révolution.

 

Ces fossés encerclaient totalement Brou, à l'Est, au Nord, à l'ouest. La rivière complétait ces fossés au sud. A l'est, ils partaient de la rivière, suivaient l'emplacement des rues du mail, de l'Hôtel de Ville et Aristide Briand. Arrivés place de la Nation, ils tournaient à droite, vers le nord, et suivaient le pourtour de la place, à l'endroit actuellement planté d'arbres puis ils gagnaient la rivière qu'ils devaient rejoindre près du lavoir municipal, à côté de l'école. Pour rentrer ou sortir de BROU, il fallait traverser la rivière ou le fossé. Aussi il existait quatre ponts qui primitivement étaient des ponts-levis
Mais à l'époque qui nous intéresse, les ponts-levis avaient été remplacés par des passages établis après le comblement partiel du fossé. Bien entendu, sur la rivière le pont-levis avait été remplacé par un autre pont inamovible.
Sur le fossé, il y avait le pont-Mousson, rue de Châteaudun au bas de la rue du Mail, le Pont-Vallée, rue de Chartres au carrefour rue du Mail rue de l'Hôtel de Ville, et le Pont-Saint-Jean au haut de la rue des Canettes. Sur la rivière, le Pont-Piau rue Émile Baudin.
Les rues qui, à l'extérieur, prolongeaient les ponts se nommaient faubourgs et portaient le même nom que le pont. A l'intérieur de ces fossés, c'était le bourg. Là s'étaient construites de nombreuses maisons et pour permettre au plus grand nombre d'habitants d'y résider tous les emplacements disponibles avaient été utilisés à la construction.
Aussi les rues étaient étroites et les places rares et de faibles dimensions. La place de l'Hôtel de Ville n'existait pas : rue de la Chevallerie, les maisons se continuaient sens interruption depuis la rue de Chartres jusqu'à la rue de l'Égalité.
Du reste, à quoi aurait servi un passage public entre ces deux points, puisque ce passage se serait terminé en impasse sur le fossé. De son côté, la place des Halles était presque entièrement occupée par des constructions. La halle, qui était plus grande que celle que nous connaissons, s'avançait beaucoup plus vers la place du Dauphin. Entre cette halle et l'Hôtel du Plat d'Étain, c'était la place de la Halle ; entre la halle et les maisons prolongeant la rue de la Chevalerie il y avait deux pâtés de maisons : le premier de forme rectangulaire était limité du côté de la Halle par la rue de la Croix-d'Or (du nom d'une auberge) ; du côté oust par la rue de la Halle, et du côté est par la rue du Griffon également du nom d'une auberge. Ces trois rues étaient étroites et peuvent être comparées à la rue Paul Hacault Le quatrième coté de ce pâté de maisons peut être matérialisé par une ligne droite allant de l'angle rue de la Chevalerie et place des Halles à l'angle de la place d'Armes et la place des Halles.
Le deuxième pâté de maisons beaucoup plus modeste, était construit entre le premier et les maisons prolongeant la rue de la Chevalerie. Également au milieu de la place d'Armes étaient érigées deux maisons et enfin la prison se dressait entre la Halle et le magasin angle place des halles rue de la République.

Place des Halles avant 1820
Au moment de la Révolution, l'Avenue du Général de Gaulle n'était pas encore percée. Son emplacement actuel, entre l'église et le rue des Canettes, était occupé par les cours et dépendances des maisons des rues de la Fresnaye et du Château.
On peut constater que les espaces libres étaient rares et pour ainsi dire inexistants.
Seule, la rue de la Bouverie assez longue, donnait au marché aux bestiaux un espace plus important. La place de la Nation offrait cependant un vaste terrain libre ; mais les restes du château et l'existence d'une butte de terre nécessitaient des travaux importants pour en faire une place publique.
Bien entendu, ce terrain appartenait avant la Révolution au Baron de Brou. Ce dernier n'avait pas vu la nécessité d'entreprendre de tels travaux, sens intérêt pour lui. Il préférait louer les terres qui étaient cultivables pour en tirer un profit.
Voici donc comment se présentait la ville de Brou lorsque la première assemblée révolutionnaire, la Constituante, décréta, en 1790, l'organisation communale en France. Les limites territoriales du nouveau-né "Commune de Brou" avaient été déterminées dans le décret même de la Constituante : en effet, le texte prévoyait que ces limites étaient celles de la paroisse ou des paroisses qui existaient sur la commune à créer.
A Brou, il y avait deux paroisses : la paroisse Saint Lubin au nord, et la paroisse de la Madeleine au sud, la rivière séparait le territoire des deux paroisses. Le cas était prévu et les textes disaient bien que dans les cas comme celui qui nous intéresse, on ne ferait qu'une commune dont les limites seraient celles des deux paroisses réunies.
Les limites de Brou restent aujourd'hui encore celles des deux paroisses telles qu'elles existaient avant la Révolution. Une fois créée, la commune devait s'installer. On dut donc louer une maison pour y abriter les services municipaux, autrement dit la mairie, puis louer une autre maison pour y installer la Justice de Paix cantonale en 1791.
De l'organisation antérieure, la commune hérite l'église, le presbytère rue du Château, l'école de garçons rue de Châteaudun (ancienne école maternelle)(1), et la prison à côté de la halle. Le dernier baron de Brou, M. de Baviere-Grosberg émigra en 1791.
La seconde Assemblée révolutionnaire, la Législative, prit à l'encontre des émigrés un décret les enjoignant de rentrer en France (ou sinon ils seraient passibles de la peine de mort) et met leurs biens sous séquestre. .L'État s'empara donc des biens de M. de Bavière et les conserva, car l'ancien baron de Brou resta hors de France. Parmi les nombreux biens que M. de Bavière possédait à Brou ceux qui pouvaient intéresser la ville étaient : la Halle, l'emplacement de l'ancien château et le fossé qui bordait cette place et enfin le reste du fossé entre la place de la Nation et la rue de Châteaudun par la rue de l'Hôtel de Ville et la rue du Mail.
La halle et l'emplacement de l'ancien château furent achetés par la ville, à l'État, en 1810, les fossés, aux héritières du baron, en 1829.

(1)L'ancienne école a été démolie et transformée en parking